Le 4 février 2023, la zone A a inauguré les vacances d’hiver. Comme chaque année, des milliers de personnes vont dévaler les pentes enneigées des Alpes ou des Pyrénées. Une activité de niche. Et de riches, ou du moins d’aisés. À peine 10% des Français pratiquent le ski alpin une fois par an. Une activité coûteuse : de 126€ à 378 € de forfait hebdomadaire. Ce loisir d’une minorité est ainsi de plus en plus contesté. Alors que les modèles climatiques prévoient une réduction de l’enneigement à basse et moyenne altitude entre 10% et 40% en 2050, beaucoup de stations continuent leur politique du tout ski et usent de canons à neige. Des équipements, symboles de cette fuite en avant, ont été pris pour cibles ces dernières semaines. Plusieurs d’entre eux ont été sabotés aux Gets et à La Clusaz, en Haute-Savoie. La Suisse est également touchée dans les Diablerets, ainsi qu’à Verbier, dans le Valais. Ces actes ont été revendiqués : « Pendant que la confédération [le gouvernement suisse] nous dit d’arrêter de préchauffer nos fours, la bourgeoisie crache au visage des 99% restants et proclame ses divertissements écocidaires hivernaux comme étant un droit ».
Accueil > Ecologie > Transition
Transition
-
Le ski, le ras-le-bol des écologistes
12 avril, par JMT -
Jean-Marc Jancovici tient un discours qui l’arrange
14 février, par JMTIngénieur, consultant, enseignant, vulgarisateur, militant, Jean-Marc Jancovici, 61 ans cette année, est devenu en France une figure incontournable dans les discussions sur la transition énergétique et une voix influente. Après un premier livre sur l’effet de serre coécrit en 2001 avec le climatologue Hervé Le Treut, il a publié ou contribué à une dizaine d’ouvrages sur le climat et l’énergie. Le dernier, « Le plan de transformation de l’économie française pour sortir le plus rapidement possible de l’impasse des énergies fossiles », a été présenté début 2022, en amont des élections, par The Shift Project, association qu’il a créée et qu’il préside. Mais c’est surtout la bande dessinée « Le monde sans fin », parue à l’automne 2021, déjà vendue à 630 000 exemplaires fin novembre 2022, qui a propulsé sa notoriété à des sommets. Plus que jamais, avec son style tranchant et son aura d’expert (il est polytechnicien, a contribué à la méthode permettant de déterminer le bilan carbone des acteurs économiques, a cofondé le cabinet de conseil Carbone 4, est membre du Haut Conseil pour le Climat) il enchaîne interviews, conférences, plateaux télé et apparitions sur les réseaux sociaux.
-
Sobriété : pas besoin de devenir amish
12 janvier, par JMT« Je suis pour une société écologique, mais je ne suis pas pour une société amish », avait lancé Emmanuel Macron en novembre 2016. Bis repetita en septembre 2020, à propos des critiques de la 5G : « Je ne crois pas que le modèle amish permette de régler les défis de l’écologie contemporaine ». Le modèle amish ne faisant pas vraiment partie des options sérieusement discutées, la phrase relevait plutôt du procédé rhétorique consistant à caricaturer pour discréditer. Ce qu’on appelle en rhétorique l’argumentation périphérique. Corollaire : les réponses techniques permettront de régler les défis de l’écologie. Rapidement après sa réélection, devant l’enchaînement de crises majeures, le président annonçait « la fin de l’abondance » et de « l’insouciance ». Puis un « plan de sobriété » pour faire face à l’explosion des prix de l’énergie. Le président donnait cette définition de ce qui était jusqu’ici un mot tabou : « Cela ne veut pas dire produire moins ou aller vers une économie de la décroissance. Pas du tout, la sobriété, ça veut juste dire gagner en efficacité », faire « tout ce qu’on peut faire pour produire encore davantage, mais en dépensant moins ».
-
Décroissance choisie ou sobriété subie ?
10 décembre 2022, par JMTDepuis quelques semaines, dans les médias dominants, on ne parle que de sobriété.
De même, il ne se passe plus une journée (voire une heure) sans que l’on ne rejette la décroissance... sans jamais :
* ni la définir (et encore moins s’y être intéressé, la comprendre)
* ni inviter une ou un de ses promoteurs
* tout en appelant à la sobriété et à la réduction de nos consommations énergétiques...Par exemple, fin août, la Première Ministre lors de son discours face au Medef, discours bourré d’incantations contradictoires : « Contrairement à l’affirmation de certains, la décroissance n’est pas la solution. La décroissance attaquerait notre niveau de vie. Elle mettrait en péril le financement de notre modèle social. Elle braquerait nos concitoyens et nous empêcherait d’avancer ».
-
Poussés par les étudiants, les professeurs bifurquent eux aussi
3 novembre 2022, par JMTConscients de l’urgence environnementale et sociale, certains professeurs de l’enseignement supérieur répondent aux appels des étudiants en actualisant leurs cours avec des connaissances désormais incontournables sur le changement climatique et les responsabilités qui incombent à tous. Comptabilité, finance, ingénierie... L’ensemble des disciplines entame une transformation profonde. Les profs aussi font leur bifurcation. Des étudiants ont mis la pression pour obtenir des formations à la hauteur des enjeux de la transition écologique. Cependant, la création d’options ou de cursus spécialisés ne suffit pas, il faut aller plus loin et « préparer tous les citoyens à la Transition écologique » selon le rapport Jean Jouzel publié en février 2022.
-
Le mode de vie des influenceurs est incompatible avec le changement climatique
18 octobre 2022, par JMTJeux concours, voyages en jet, fast-fashion, voitures de sport... Les influenceurs sont de plus en plus critiqués pour leur mode de vie incompatible avec les enjeux climatiques. Dans un contexte de crise énergétique où chacun est appelé à faire des efforts, le quotidien de ces promoteurs d’un mode de vie ultra-luxueux ne passe pas. La prise de conscience dans ce secteur encore peu encadré émerge, mais doit s’accélérer. « Tu veux prendre le mien ou le tien ? », écrit Kylie Jenner, la dernière sœur du clan Kardashian-Jenner en commentaire d’une photo montrant deux jets privés. Sur Instagram, ce post a généré plus de 8 millions de ’j’aime’ et près de 50000 commentaires.
-
La « radicalité » écologique d’Elisabeth Borne sans décroissance
20 septembre 2022, par JMTDans son discours de politique générale, début juillet, la Première Ministre, Élisabeth Borne, a engagé la bataille des mots pour le climat. Elle a revendiqué une radicalité écologique, terme jusqu’ici utilisé dans les cercles engagés, tout en refusant la décroissance. Très peu d’éléments concrets sur sa vision de la planification écologique, à une exception près, la renationalisation d’EDF pour porter le programme nucléaire français présenté comme une solution décarbonée. Le ton était musclé dans ce discours d’une heure au cœur duquel la Première Ministre a placé la valeur travail comme priorité cardinale. Elle veut la transition écologique, dont elle est la planificatrice en chef, radicale. Elle a repris à son compte ce terme engagé pour signifier qu’elle entend bâtir des réponses radicales à l’urgence climatique et engager des transformations radicales dans nos manières de nous loger et de nous transporter.
-
La consommation responsable est un alibi du système hyper-consumériste
11 août 2022, par JMTLa consommation responsable, c’est pouvoir concilier les enjeux sociaux et environnementaux avec nos envies de confort. Ce qui signifie qu’on veut continuer à consommer dans notre vie quotidienne mais en choisissant des produits ou des marques qui vont valoriser des valeurs progressistes en cohérence avec la transition environnementale. Mais les marques et les consommateurs de ces produits ne valorisent pas le consommer moins. Ils valorisent le consommer mieux, le consommer différemment. C’est une manière de moderniser l’hyper-consommation, c’est un paravent. Les consommateurs responsables sont des enfants gâtés : les croyants du capitalisme responsable. Ils ont envie de se dire que la transition environnementale est possible et qu’elle passe par la consommation. Ils souhaitent une transition au prix du moindre effort, qui va être le fait de changer certaines pratiques quotidiennes.
-
Quand les futures élites claquent la porte...
23 juin 2022, par JMTAprès la vidéo des « ingénieurs qui bifurquent » d’AgroParisTech appelant leurs camarades à « déserter », c’est le tour des Écoles Normales Supérieures de se mobiliser pour que la pratique scientifique s’aligne sur les enjeux de ce siècle, à savoir l’urgence écologique et sociale. Cette lame de fond déferle sur la plupart des grandes écoles. Les futures élites intellectuelles disent stop. « Que restera-t-il du vivant à étudier si nous n’avons rien fait pour l’empêcher de s’effondrer ? Pourra-t-on encore monter de grands projets scientifiques internationaux dans un monde où les conflits climatiques et technologiques proliféreront ? » Ces questions, ce sont les étudiants des Écoles Normales Supérieures qui se les posent dans une tribune publiée dans Le Monde le 11 mai dernier.
-
La sobriété est crédible dans la lutte contre le changement climatique
21 juin 2022, par JMTLa sobriété est partout. Depuis un an, que ce soit l’AIE, Agence internationale de l’énergie, RTE, le gestionnaire du réseau d’électricité, l’ADEME, agence de la Transition écologique, ou plus récemment le GIEC, le Groupe intergouvernemental d’experts sur le climat, tous ont consacré un scénario ou un chapitre à ce sujet. Et tous tombent d’accord sur le fait que, pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, la sobriété est un levier d’action important, au même titre que les énergies décarbonées ou que l’efficacité énergétique.Le GIEC estime que la sobriété peut réduire les émissions mondiales de GES de 40 à 70 % d’ici 2050 tandis que le scénario sobriété de RTE chiffre le gain à 90 TWh/an à cet horizon (30 fois la consommation électrique réunionnaise).