Le 4 juin, à deux jours du début des élections européennes qui se sont tenues du 6 au 9 juin, des groupes d’agriculteurs parmi les plus radicaux ont convergé dans la capitale européenne. Ils ont en ligne de mire les « contraintes environnementales imposées » depuis Bruxelles, dont il s’agit de se débarrasser. La marche est organisée par la « Force de défense des agriculteurs », un mouvement néerlandais considéré comme proche de l’extrême-droite. Le média d’enquêtes De Smog a récemment révélé les connexions entre les organisateurs de cette manifestation et un obscur think tank, MCC, lié à l’Etat hongrois. Le but de l’opération : accentuer la polarisation, appuyer sur les divisions et semer le chaos. Car l’agriculture, plus que jamais, est l’objet de clivages qui font battre le cœur de la campagne électorale, surtout depuis les mouvements d’agriculteurs début 2024. « En 2019, l’environnement était au centre des programmes des partis politiques européens, analyse Brooke Moore, du think tank European Policy Centre. Aujourd’hui, c’est l’agriculture qui occupe une place prépondérante dans tous les manifestes politiques. Chaque parti veut montrer son soutien aux agriculteurs ».
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Agriculture-Alimentation-OGM
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Et maintenant, une PAC encore moins verte
21 juin, par JMT -
Le nouveau plan Ecophyto
29 mai, par JMTLa France arrivera-t-elle à réduire son usage des pesticides ? Le gouvernement vient de dévoiler son nouveau plan Ecophyto 2030 mis en pause depuis la crise agricole. La FNSEA, principal syndicat agricole, s’en réjouit, mais ce nouvel indicateur, calqué sur celui de l’Union européenne, est fustigé par les associations environnementales, faisant croire à une réduction de cet usage. C’est un plan destiné à réduire l’usage des pesticides qui était attendu depuis des mois. Mis en pause en raison de la crise agricole, le ministère de l’Agriculture l’a repoussé de quatre mois. Quatre mois pendant lesquels l’Elysée a tenté d’apaiser les tensions en recevant notamment jeudi 2 mai les représentants du monde agricole. A première vue, l’objectif reste le même. « La France poursuit son objectif d’une réduction de 50% de l’utilisation et des risques globaux des produits phytosanitaires, tout en se plaçant dans le respect d’un principe : pas d’interdiction sans solution », rapporte le gouvernement dans un communiqué. Mais pour les ONG, le diable se cache dans les détails. En l’occurrence, le diable se nomme HRI1 (indice de risque harmonisé). Cet indicateur européen, censé prendre en compte les quantités et la dangerosité des pesticides, vient remplacer le Nodu pour « nombre de doses unité » qui primait jusqu’ici et qui était dénoncé par la FNSEA.
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La loi d’orientation agricole, pour défaire les droits environnementaux
24 avril, par JMTAprès des mois de réunions, la porte-parole de la Confédération paysanne Véronique Marchesseau ne cache pas sa déception. « Lorsque nous avons entendu parler de la loi d’orientation, nous pensions qu’elle tenterait de remettre l’agriculture sur la bonne direction, en freinant la diminution du nombre d’agriculteurs et la destruction de notre environnement. Mais le texte est pire que le statu quo ». « Si l’objectif assigné était d’aller vers une agriculture plus durable, ce que l’on propose ne va pas dans ce sens-là », acquiesce la chercheuse de l’Inrae Cécile Detang-Dessendre. Une première version de la loi « d’orientation pour la souveraineté en matière agricole et le renouvellement des générations en agriculture » avait été dévoilée en décembre, lorsque le gouvernement avait transmis le texte au Conseil d’Etat. Peu de choses ont changé dans la version présentée le 3 avril en conseil des ministres, qui sera examinée en commission à l’Assemblée dès la fin du mois. En 5 titres et 20 articles, le gouvernement espère légiférer « en même temps » sur l’enseignement agricole, la transmission des exploitations, la réglementation des haies, les bassines, ou les chiens de troupeaux.
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Faut-il craindre les nouveaux OGM ?
19 avril, par JMTL’Europe veut trancher rapidement sur les nouvelles techniques d’édition génomique qui produiraient des « nouveaux OGM ». Or, les données pour juger leur intérêt sont pour le moins lacunaires.Le paradoxe est de taille. Les Etats de l’Union européenne sont en train de définir un cadre pour autoriser la culture de plantes issues des nouvelles techniques d’édition génomique (NGT) au nom de la compétitivité des filières agricoles. Or, trop de données manquent sur les bénéfices et les risques. « Il y a beaucoup de controverses, et peu d’expériences concrètes pour les trancher », constate Brice Laurent, directeur sciences sociales, économie et société à l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses). Il fait partie de ceux qui ont coordonné le rapport de l’Agence sur ces techniques, publié au début de l’année. Parmi les principales conclusions : ces nouvelles techniques ne posent pas de questions fondamentalement différentes sur les risques sanitaires et environnementaux par rapport aux OGM, avec notamment des inquiétudes sur les fuites de matériel génétique dans l’environnement. Quant à l’intérêt économique, il est très incertain.
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Top Chef, le trompe-l’œil du virage vert
15 avril, par JMTTop Chef est-il devenu l’étendard de la cuisine durable ? Si l’émission culinaire la plus regardée de France instille des touches de végétal, elle rate les enjeux environnementaux de l’alimentation. Le concours culinaire, de retour depuis le 13 mars dernier, a mis cette année les petits plats dans les grands pour fêter son quinzième anniversaire. Pour la première fois du programme, les candidats ont dû faire la part belle au végétal en imaginant un “trompe-palais”. Le défi est de taille : faire croire à des gourmets qu’ils dégustent un plat de viande alors que ce sont en fait des légumes. Du bacon végétal à base de feuille de riz, un bourguignon réalisé avec du seïtan… un bluff visuel et gustatif. Un exercice inédit durant lequel ils ont pu obtenir le soutien d’un jury renouvelé, avec l’arrivée de Dominique Crenn. Zéro déchet, zéro plastique, abandon de la viande : la cheffe, triplement étoilée, assume un positionnement résolument tourné vers une cuisine respectueuse de l’environnement. Ces choix reflètent-ils un véritable virage vert au sein de la production de l’émission culinaire ?
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Eviter les carences d’un régime végan
8 avril, par JMTDe plus en plus de gens deviennent adeptes de régimes végétaliens plus ou moins stricts. Pour des raisons éthiques, en santé, ou écologiques. Je n’entrerai pas ici dans ces considérations. L’emblème de la carence du régime végan est la vitamine B12. Elle est essentielle au bon fonctionnement de notre organisme et comme notre corps n’est pas capable d’en produire, nous devons donc l’apporter par l’alimentation. À l’heure actuelle les produits animaux sont notre seule source de vitamine B12. C’est d’ailleurs la seule vitamine d’origine exclusivement animale. Exclusive ? Voire… Cette vitamine se trouve dans la viande car les micro-organismes présents dans le tube digestif des animaux herbivores synthétisent la vitamine qui est ensuite absorbée. Comme les autres vitamines B, il n’y a pas de risque à en ingérer trop car elle est éliminée naturellement par l’organisme. Elle se retrouve aussi dans le fromage, issu de la fermentation du lait, donc de l’action des micro-organismes. Il n’y a pas que le lait qui est fermenté. Qu’en est-il des végétaux fermentés ? On ne le sait pas. Comme les végétaux ne contiennent pas de vitamine B12, personne ne recherche leur présence. En plus, cette vitamine est assez compliquée à mesurer et toutes les formes ne sont pas forcément actives pour l’humain.
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Combiner agriculture et écologie rapporterait 10 000 milliards $/an
6 mars, par JMTEn plein débat sur le mal-être des agriculteurs, un collectif de chercheurs publie un rapport inédit sur les bénéfices de la transition écologique pour l’agriculture. Celle-ci permettrait l’économie de 10 000 milliards de dollars par an dans le monde, et de revaloriser les conditions de vie des agriculteurs. Les principaux enseignements résumés dans cette infographie. L’écologie, ennemie de l’agriculture ? C’est le refrain que l’on entend en boucle dans les médias depuis le début du mouvement agricole. La colère légitime des agriculteurs quant à leurs conditions de vie et de travail a rapidement été récupérée par certains, qui ont fait de la transition écologique un bouc-émissaire. Cette posture, défendue par la FNSEA et la droite, est pourtant éloignée des revendications de beaucoup d’agriculteurs, mais également du consensus scientifique sur le sujet.La Food System Economics Commission, qui rassemble une soixantaine de scientifiques spécialisés, a publié un rapport sur le sujet le 29 janvier 2024 qui estime les bénéfices considérables pour les agriculteurs et pour l’ensemble de la société de la transition écologique de l’agriculture.
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Les revendications des agriculteurs sont-elles défendables ...ou pas ?
21 février, par JMTLa sympathie de la majorité des Français à l’égard des agriculteurs en colère est-elle inconditionnelle ? Jusqu’où vont-ils approuver les blocages sur la voirie, les déversements de lisiers, pneus et autres déchets, éventuellement incendiés, devant des préfectures ? Trouveront-ils légitime l’ultimatum adressé au gouvernement, sommé de donner satisfaction aux manifestants sur leurs revendications, sous la pression maximale des tracteurs, pour les premières annonces de Gabriel Attal ? Arnaud Rousseau, le président de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) a prévenu : les demandes présentées le 24 janvier 2024 par son organisation et par sa branche jeunes, les Jeunes Agriculteurs (JA), ne sont pas négociables. Et dans cette liste, « pas question que l’on fasse ses courses ». C’est de l’esbroufe. Il y aura nécessairement, au-delà des mesures d’urgence qui étaient attendues du gouvernement pour dénouer la crise et faire revenir les tracteurs dans les fermes, des négociations avec la profession.
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L’Ecologie ne doit pas être le bouc-émissaire de la colère paysanne
14 février, par JMTUne profonde colère s’exprime depuis plusieurs jours dans le monde agricole. Les agriculteurs et agricultrices expriment leur ras le bol de ne pouvoir vivre dignement de leur métier. Le secteur de l’élevage est particulièrement touché, après des décennies d’accords de libre échange qui se traduisent notamment par des importations massives de viandes à bas prix. Poulet brésilien à la flavomycine, bœuf canadien aux hormones… Les exemples d’importation de viandes produites dans des conditions sanitaires déplorables sont légion dans les accords de libre-échange signés par l’Union européenne ces dernières années. Ils sont une des sources profondes de la colère qui s’exprime depuis plusieurs jours. ils tirent les prix et la rémunération des agriculteurs et des agricultrices vers le bas, poussent à réduire la qualité des produits et des conditions d’élevage et sont un non-sens écologique ! L’exemple le plus récent est l’accord entre l’Union européenne et la Nouvelle-Zélande, voté à Strasbourg en novembre 2023. Il prévoit notamment l’importation de 38 000 tonnes de viande ovine supplémentaires tous les ans, soit l’équivalent de 1 900 000 agneaux importés chaque année. Les morceaux d’agneau néo-zélandais voyagent 6 semaines en cargo en parcourant 20000 kilomètres dans des emballages en plastique étanches dans lesquels l’oxygène est remplacé par du dioxyde de carbone et sont maintenus à une température comprise entre -1 et 0° C.
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Faut-il préserver ou continuer d’exploiter la forêt française ?
29 janvier, par JMTÀ la fois matériau et combustible, le bois peut jouer un rôle clé dans la transition écologique, à condition d’optimiser son usage sans surexploiter des forêts déjà menacées. Après avoir rétréci pendant des siècles, la forêt française a vu sa surface doubler depuis le début du XIXe siècle, mais elle est désormais de plus en plus menacée par le réchauffement climatique. La mortalité des arbres a augmenté de 80% en dix ans selon l’IGN, et leur capacité à capter du CO2 a été divisée par deux depuis 2010. Le puits de carbone français – majoritairement composé des forêts – s’est effondré : alors qu’il captait 58 millions de tonnes équivalent CO2 (MtCO2eq) en 2010, seulement 16,9 MtCO2eq ont été séquestrées en 2022, selon le dernier bilan de l’Observatoire Climat-Energie, piloté par le Réseau Action Climat (RAC). Le taux d’échec des nouvelles plantations a lui aussi explosé, atteignant 38% en 2022 contre environ 20% auparavant, selon un rapport du Conseil supérieur de la forêt et du bois (CSFB), qui réunit pouvoirs publics, acteurs économiques et scientifiques. Réservoirs de carbone et de biodiversité, les forêts sont aussi une source de matériaux et d’énergie locale et renouvelable. Mais peut-on intensifier leur exploitation tout en les préservant ? Le gouvernement pense que oui. Dans le cadre de sa stratégie nationale bas carbone (SNBC), il compte les exploiter davantage, en augmentant à la fois la production de bois et la part de sa récolte utilisée dans des produits durables, c’est-à-dire en bois d’œuvre et en bois d’industrie.