L’abolition de la peine capitale fut son grand combat. Le droit, sa passion. Avocat, garde des Sceaux, président du Conseil constitutionnel, il incarnait la justice. Robert Badinter est mort à l’âge de 95 ans dans la nuit de jeudi à vendredi 9 Février 2024. Quand il défendait la vie d’un homme, la douleur déformait ses traits réguliers. Un cri prolongé sortait de sa bouche ourlée d’écume. Son visage semblait soudain peint par Munch. De ses plaidoiries contre la peine capitale, Robert Badinter sortait exsangue et livide, pressé de regagner l’hôtel de province où il avait posé sa valise en arrivant de Paris. Là, seul avec Elisabeth, sa jeune épouse qui souvent l’accompagnait, le quadragénaire parvenait à s’apaiser. « Un jour, j’ai dit à ma femme : “Ou Mitterrand sera élu et la peine de mort sera abolie, ou il sera battu et je claquerai du cœur à l’audience.” ». En ce mois de mars 1980, il vient de sauver de la guillotine une brute antipathique, un nommé Garceau, qui a étranglé avec un bas une collègue ayant refusé ses avances. (...)Un an et demi plus tard en sortant du Sénat, Robert Badinter s’assoit sur la margelle du grand bassin du jardin du Luxembourg. En ce 30 septembre 1981, l’avocat devenu ministre de la Justice, qui d’habitude foule d’un pas vif et tendu les allées du parc pour regagner son domicile de la rue Guynemer, est habité « par un sentiment de paix rarement ressenti ». La France n’est plus le dernier pays d’Europe à couper des têtes.
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Ethique
Des adhérents et des sympathisants d’AID ont été ou sont encore actifs au sein de structures qui s’efforcent de définir des comportements éthiques. Nous leur ouvrons nos pages car nous soutenons pleinement leur action.
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Robert Badinter, une vie de justice
9 février, par JMT -
Que signifie « mourir dans la dignité » ?
9 août 2023, par JMTUne approche plus philosophico-juridique de la mort, indigne par essence, et du mourir, véritablement indigne ici car injuste au sens de la Justice, du Droit, de Nahel, d’un tir à bout portant d’un policier, qui a déclenché les émeutes en France. L’utilisation du terme dignité au sujet des droits des malades en fin de vie génère controverses et polémiques. Derrière ce terme se cachent des courants de pensée philosophiques et des pratiques souvent divergentes, voire des législations totalement opposées.
En France, depuis une vingtaine d’années, partisans et adversaires de l’euthanasie utilisent le même terme de dignité. Cette focalisation sur un terme identique de la part de courants opposés mérite attention et décryptage. Mais de quelle dignité parle-t-on au juste ? On peut concevoir deux significations de l’expression « dignité face à la mort » : la dignité relative et la dignité absolue.
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Vincent Lambert : quels enjeux juridiques et éthiques ?
23 mai 2019, par JMTVendredi 10 mai 2019, le médecin du CHU du Reims en charge du suivi de M. Vincent Lambert a informé ses proches de sa décision d’arrêter ses traitements, et de mettre en place dans la semaine du 20 mai une sédation profonde et continue, jusqu’au décès.
Il ne s’agit pas ici de commenter une décision qui semble indiquer la conclusion prochaine des controverses qui se sont développées depuis 2013. Toutefois, il est important de se pencher sur ce cas particulier, car il semble justifier une évolution de la loi du 2 février 2016 créant de nouveaux droits en faveur des malades et des personnes en fin de vie, dite loi « Claeys-Léonetti ».
Pourtant le 20 mai au soir, la Cour d’Appel de Paris décide de reprendre la nutrition et l’hydratation de Vincent Lambert, ce que le CHU de Reims effectue dans la foulée.
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Santé digitale : une nécessité ?
3 mars 2019, par JMTLe retard pris par notre pays en santé numérique est considérable, alors que le digital submerge tous les aspects de nos vies, tant privée que sociale ou professionnelle. La relation singulière entre le médecin et son patient, à laquelle nous sommes tant attachés, doit aujourd’hui savoir intégrer les modifications de comportement des usagers du système de santé et composer avec les nouveaux moyens de communication.
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Les abeilles et l’avenir de l’espèce humaine
26 février 2019, par JMTS’appuyant sur une revue des travaux déjà publiés, les auteurs confirment les menaces sur les insectes : d’ici quelques dizaines d’années, 40% des variétés d’insectes auront disparu de notre planète, terrestres et aquatiques (...)
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Le cancer du jardinier
21 août 2018, par JMTUn tribunal de San Francisco a condamné ce 10 août la firme Monsanto à verser près de 300 millions de dollars à un jardinier qui avait utilisé du glyphosate et qui, atteint d’un cancer, avait attaqué la firme, accusée de ne pas avoir délivré les informations adéquates sur la dangerosité de ses produits. Ce qu’un jury populaire a décidé, Monsanto le conteste : le glyphosate n’est pas cancérogène. Traduire : la preuve scientifique n’a pas été établie.
Bien des affaires de cet ordre sont en cours d’instruction. Le Centre international de recherche sur le Cancer (CIRC) a classé en 2015 le glyphosate comme cancérogène probable et perturbateur endocrinien. C’est autour du mot probable que se joue le bras de fer entre Monsanto (racheté par Bayer), les victimes supposées du glyphosate, et la partie de l’humanité soucieuse d’anticiper le retentissement des modifications de l’environnement sur la santé humaine.
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« Droit à la santé, droit à l’immigration : quelle intégration ? »
17 avril 2018, par JMTLa Réunion représente un pôle sanitaire attractif pour les pays de la zone. S’agissant de Mayotte, les liens historiques qui unissent ce territoire à la France sont mis en avant pour légitimer les flux migratoires en santé. Or ils ne représentent que 8% des émigrations dans les kwassa-kwassa
Collectivité Départementale depuis 2002, Mayotte est devenue le 101ème département français, et se situe actuellement au centre d’un réseau d’immigration en provenance des autres îles de l’archipel, favorisée par un certain nombre de dispositifs juridiques et administratifs tels que le droit du sol, le regroupement familial, la continuité territoriale, qui facilitent et encouragent ces flux.
La situation se complique davantage quand Mayotte est toujours à l’heure actuelle au cœur d’un contentieux historique avec les Nations Unies et l’UA.
C’est ainsi que l’île de Mayotte, par l’entremise de politiciens irresponsables, animés d’un misérable calcul électoral, a été incluse dans la France sans que le peuple français n’ait été préalablement consulté.
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Quel monde voulons-nous ?
26 mars 2018, par JMTNotre société en crise depuis de nombreuses années laisse moins de place à la générosité et tout y devient un impératif financier. Quels sont les impératifs que se fixera la société ? Que voulons-nous pour demain ? Les états généraux sont une occasion de se rencontrer, de dialoguer, de confronter ses certitudes à celles des autres. Ils permettront de voir émerger les enjeux que la société souhaite prendre en compte. Parce que finalement, et essentiellement pour les plus jeunes, c’est un moment fondamental pour construire et savoir dans quelle France nous voulons vivre demain.