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D’après Novéthic du 06 Février 2024

Combiner agriculture et écologie rapporterait 10 000 milliards $/an

Par Bruno BOURGEON

mercredi 6 mars 2024, par JMT

Combiner agriculture et écologie rapporterait 10 000 milliards $/an

En plein débat sur le mal-être des agriculteurs, un collectif de chercheurs publie un rapport inédit sur les bénéfices de la transition écologique pour l’agriculture. Celle-ci permettrait l’économie de 10 000 milliards de dollars par an dans le monde, et de revaloriser les conditions de vie des agriculteurs. Les principaux enseignements résumés dans cette infographie.

L’écologie, ennemie de l’agriculture ? C’est le refrain que l’on entend en boucle dans les médias depuis le début du mouvement agricole. La colère légitime des agriculteurs quant à leurs conditions de vie et de travail a rapidement été récupérée par certains, qui ont fait de la transition écologique un bouc-émissaire.

Cette posture, défendue par la FNSEA et la droite, est pourtant éloignée des revendications de beaucoup d’agriculteurs, mais également du consensus scientifique sur le sujet.

La Food System Economics Commission, qui rassemble une soixantaine de scientifiques spécialisés, a publié un rapport sur le sujet le 29 janvier 2024 qui estime les bénéfices considérables pour les agriculteurs et pour l’ensemble de la société de la transition écologique de l’agriculture.

Ce travail scientifique de grande envergure ambitionne ainsi de devenir l’équivalent du rapport Stern pour l’agriculture. En 2006, le rapport coordonné par Nicholas Stern, l’ancien chef économiste et vice-président de la Banque mondiale, alors directeur du Budget et des Finances publiques au Trésor britannique, avait marqué un tournant dans la prise de conscience climatique auprès des décideurs.

Le système agricole actuel est très largement dysfonctionnel, selon les chercheurs. Non seulement, il ne permet pas de rémunérer correctement les agriculteurs, mais en plus, il a des coûts environnementaux, sanitaires et économiques gigantesques.

En produisant une nourriture de plus en plus industrialisée, à travers des méthodes agricoles polluantes, le système agricole mondial contribue à la hausse des maladies liées à l’alimentation, à la dégradation environnementale, et à de nombreux problèmes socio-économiques.

Au total, ce sont près de 15 000 milliards de dollars qui sont perdus chaque année à cause du système agricole mondial, soit 12% du PIB mondial. Selon les chercheurs, la transition écologique du secteur permettrait d’atténuer une grande partie de ces coûts, et d’économiser jusqu’à 10 000 milliards de dollars par an en dépenses sociales, et coûts environnementaux et sanitaires.

Elle permettrait aussi de faire émerger une agriculture compatible avec nos objectifs environnementaux, en faisant de l’agriculture un puits de carbone net, qui absorberait jusqu’à 5 milliards de tonnes de CO2 par an.

Sans parler des bénéfices sur la biodiversité et sur la santé des agriculteurs, grâce à la réduction de l’usage des pesticides.Alors, à quoi ressemblerait cette transition ? Moins de viande et de produits d’origine animale, et plus de céréales, légumineuses, fruits et légumes, plus durables et sains.

Un rééquilibrage des productions qui contribuerait à assurer un meilleur revenu aux agriculteurs et notamment aux éleveurs qui sont les agriculteurs les moins bien rémunérés en France.

Il s’agit aussi d’accompagner financièrement et techniquement les agriculteurs, pour développer des modèles agricoles plus durables (moins de pesticides, rotations de culture, intégration de la biodiversité dans les champs, etc.).

Pour y parvenir, trois leviers : d’abord, réduire les subventions à des modèles et des productions agricoles non-soutenables.

Ensuite, instaurer des taxes sur certains types d’exploitations agricoles, notamment celles des grands acteurs de la chaîne de production, puis en redistribuant ces taxes et subventions aux agriculteurs pour financer leurs revenus, et investir dans de nouvelles techniques agricoles.

Enfin, créer des filets de sécurité économiques, pour permettre aux populations les moins favorisées d’acheter une nourriture de meilleure qualité, à un prix qui rémunère mieux les producteurs.

Mais, selon les chercheurs, ce ne sont pas tellement les freins techniques ou financiers qui bloquent la transition agro-écologique aujourd’hui, mais bien les freins idéologiques. Ils pointent ainsi du doigt « la concentration des pouvoirs aux mains de quelques acteurs du système agro-alimentaire », qui pourrait, à travers des stratégies de lobbying, empêcher la mise en place de politiques publiques de transformation.

Plus spécifiquement, ils décrivent comment certains grands acteurs agro-industriels (secteur de la viande, des produits laitiers, du sucre, producteurs de pesticides…) se mobilisent de plus en plus fortement pour déplacer le débat sur la transition agricole et retarder les réglementations qui pourraient affecter leur secteur.

C’est d’ailleurs cette polarisation du débat que l’on retrouve aujourd’hui. La diffusion de discours de plus en plus éloignés des constats scientifiques, opposant écologie et agriculture, constitue un lobbying qui freine la transition.

Pour y faire face, les chercheurs appellent à une mobilisation constante des pouvoirs publics, des consommateurs et du monde associatif, pour mieux valoriser et mettre en avant la littérature scientifique sur le sujet. Les connaissances sont là, il ne reste qu’à les diffuser.

Bruno Bourgeon, président d’AID http://www.aid97400.re

D’après Novéthic du 06 Février 2024

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