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L’ancien secrétaire d’État américain John Kerry y a vu une mascarade

COP28, pourquoi ça ne pouvait pas aboutir

Par Bruno BOURGEON

lundi 15 janvier 2024, par JMT

COP28, pourquoi ça ne pouvait pas aboutir

« Je pense que la plupart d’entre vous refuse de participer à une mascarade », a déclaré l’ancien secrétaire d’État américain John Kerry.

28 années que la diplomatie internationale fait semblant de s’agiter. Nous en sommes toujours au même point !

Nos émissions de gaz à effet de serre n’ont jamais cessé d’augmenter.
Selon Global Carbon Project, les émissions mondiales de CO2 liées à la production et à la consommation d’énergies fossiles seront de 36,8 milliards de tonnes de dioxyde de carbone (soit 36,8 gigatonnes – GtCO2) en 2023.

Ce total dépasse encore de 1,4 % les niveaux de 2019, juste avant la baisse temporaire liée à l’épidémie mondiale de Covid-19. Et si l’on prend en compte le déficit lié au changement d’usage des terres (la déforestation par exemple), le résultat est de 40,9 GtCO2.

Le niveau de CO2 atmosphérique devrait atteindre une moyenne de 419,3 ppm [parties par million] en 2023, soit 51% de plus que les niveaux préindustriels. C’est comme quand un mur arrive et que vous êtes à 180 km/h, on devrait freiner mais on se contente de continuer à 130. Pourquoi ? Parce que la guerre des ressources a déjà commencé.

Pire, les pays pétroliers ont démoli la crédibilité du multilatéralisme onusien sur le climat. Le sultan Al-Jaber, patron de l’Abu Dhabi National Oil Company (Adnoc) et de la COP28, c’est comme si un congrès de lutte contre le cancer du poumon était présidé par un marchand de tabac.

Cette façon d’exhiber, de manière si ostensiblement obscène, le conflit d’intérêts et le mélange des genres, a pour objectif de torpiller auprès des opinions toute la crédibilité du processus de négociations multilatérales engagé depuis 1992.

Pourtant, et c’est tout le paradoxe de la situation, la COP28 est la première à discuter de la sortie de l’ensemble des « combustibles fossiles ». La première, donc, en près de trente années de diplomatie climatique !

Mais une brève mention des « combustibles fossiles », en simple légende d’une figure, a été considérée comme inacceptable par l’Arabie saoudite. Et finalement biffée.

Et les pays développés continuent de faire confiance au fossile. La production de l’électricité en Allemagne a été permise à 36,42% au cours de ces derniers 30 jours par l’utilisation de la lignite (plus 16,49% par le gaz).

Et encore, considérant ses difficultés à produire de l’électricité bon marché, la pollution par le charbon et le gaz ne se limite pas à la production électrique : les usines ou le chauffage fonctionnent massivement au lignite et au gaz, contribuant à des émissions massives de CO².

Ce qui peut se comprendre pour l’Inde (qui longtemps été mise à l’écart des profits d’une industrie forte) ne devrait pas être admissible pour un pays comme l’Allemagne qui s’est gavée depuis 150 ans.

Pourquoi se gêner quand on est pays émergent ? La Chine fait toujours figure de mauvais élève. Ce pays dégage quasiment un tiers des émissions mondiales de CO2, 31%, pour 17,5% de la population mondiale. Il est même sur une pente ascendante, avec + 4% en 2023, notamment à cause d’une utilisation préoccupante du charbon.

Quant à l’Inde, même si son empreinte est beaucoup moins forte (8% du total mondial) pour 18% de la population mondiale, elle a des trajectoires encore plus mauvaises (+ 8,2% au total, + 9,5% pour le charbon). Comme quoi on peut être « en voie de développement » et vouloir sortir de la pauvreté avec beaucoup de carbone.

Peut-on être contre le développement des pays pauvres ? « Baleine », le nom donné au gisement de pétrole brut découvert en 2021 au large de la Côte d’Ivoire est aussi imagé que révélateur.

L’inauguration du gisement est survenue une semaine avant l’ouverture de la COP28, alors même que la Côte d’Ivoire s’est engagée à verdir son mix énergétique. Le champ offshore situé à 60 kilomètres au large et à quelque 1200 mètres de profondeur, a commencé à être exploité.

Ce gisement va permettre au pays de renforcer l’offre intérieure d’électricité, de renforcer son rôle de hub énergétique dans la sous-région, et surtout d’engranger des devises pour l’État.

Même si la Côte d’Ivoire restera très loin des poids lourds nigérian et angolais (plus d’un million de barils par jour), « Baleine » devrait amener la Côte d’Ivoire à des niveaux proches du Ghana ou du Gabon (autour de 200 000 barils par jour).

CONCLUSION : Séparer pauvreté et développement ainsi que démographie et niveau de vie est un complet non-sens. Il faudrait agir drastiquement dans tous les domaines, c’est-à-dire sobriété tous azimuts, et nous faisons le contraire de ce qu’il faudrait faire.

L’intelligence humaine n’existe pas quand il s’agit de grands groupes. La sagesse d’un philosophe oui, la sagesse des nations, non. Pierre Desproges l’a écrit : « Quand les individus se multiplient, les intelligences se divisent ». Et il rajoutait même : « l’intelligence, c’est comme le parachute. Quand on n’en a pas, on s’écrase ».

Bruno Bourgeon, président d’AID http://www.aid97400.re

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