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D’après notre-planete.info du 24 Novembre 2023

La biodiversité se dégrade à l’île de La Réunion

Par Bruno BOURGEON

vendredi 22 décembre 2023, par JMT

La biodiversité se dégrade à l’île de La Réunion

Cirque de Mafate à la Réunion © Frog 974

Reconnue pour la richesse et l’originalité de sa flore, l’île de La Réunion abrite de nombreuses espèces qui n’existent nulle part ailleurs dans le monde. L’état des lieux réalisé a porté sur l’ensemble de la flore réunionnaise (orchidées, arbres et autres plantes à fleurs, fougères et plantes alliées), soit au total 962 espèces indigènes.

Au terme des analyses, les résultats montrent que 395 espèces sont menacées et 31 autres quasi menacées, tandis que 41 espèces ont déjà disparu. Le bilan dressé met en évidence les pressions croissantes qui pèsent sur la flore de l’île. La Liste rouge des espèces menacées en France est un état des lieux détaillé du niveau de menace pesant sur les espèces de la faune et de la flore à l’échelle du territoire national.

Établi selon les critères internationaux de l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature), cet inventaire de référence permet de classer les espèces selon leur risque de disparition, de définir les priorités d’action et d’appuyer les politiques et les stratégies de conservation de la nature. Ses résultats sont diffusés dans le cadre de l’Inventaire national du patrimoine naturel (INPN).

Le Comité français de l’UICN, l’OFB (Office français de la biodiversité) et le MNHN (Muséum national d’histoire naturelle) sont les garants de la méthodologie scientifique et de la démarche utilisées. Réalisée avec de nombreuses organisations partenaires et un vaste réseau d’experts, la Liste rouge nationale constitue un indicateur privilégié pour évaluer et suivre l’état de la biodiversité en métropole et en outre-mer.

Comme dans la plupart des îles océaniques, les invasions biologiques par des espèces introduites constituent une cause majeure d’érosion de la biodiversité. À tous les étages de la végétation, les plantes exotiques envahissantes représentent la principale menace pour la flore native de La Réunion (https://www.notre-planete.info/actualites/4366-ile-Reunion-ecotourisme-environnement) : la Liane papillon, d’origine indo-malaisienne, étouffe par exemple les vestiges de la forêt sèche et les derniers pieds du très rare Bois puant, classé « en danger critique », tandis que l’Ajonc d’Europe prend le dessus sur les plantes de haute montagne comme le Petit Tamarin des hauts, classé « en danger ».

Les animaux introduits menacent également la flore locale en consommant les plantes et leurs semences. C’est le cas de l’Achatine, un grand escargot d’origine africaine, ou des rats, qui mettent sous pression des espèces comme le Bois d’ortie et le Mazambron marron, classés « en danger ». La destruction et la dégradation des habitats naturels dues à l’urbanisation et au développement agricole entraînent la disparition progressive de nombreuses espèces, en particulier dans les zones littorales et de basse altitude.

Cette menace marquée concerne par exemple le Bois de lait et la Mauve, inféodés à des milieux secs, classés « en danger critique ».En raison de leur intérêt ornemental ou de leur usage dans la pharmacopée traditionnelle, d’autres espèces sont soumises à une forte pression de prélèvement. C’est le cas du remarquable Phajus tétragone, une orchidée « quasi menacée », ou de la Cadoque blanche, victime des propriétés médicinales qui lui sont prêtées et désormais « vulnérable ».

Enfin, le déclin et la disparition des animaux assurant la dispersion des semences et la pollinisation des fleurs entravent la régénération de nombreuses espèces. L’extrême fragmentation des milieux due à la déforestation, à l’agriculture et à l’urbanisation entraîne l’isolement de certaines populations de plantes, ce qui altère la capacité des espèces à se reproduire lorsque les individus se retrouvent éloignés les uns des autres. C’est le cas du Bois de senteur blanc, « en danger critique ». Cette perte de fonctionnalité des écosystèmes risque de poser de grands problèmes dans le futur.

Depuis le premier état des lieux réalisé en 2010, les connaissances sur la flore de l’île ont nettement progressé, grâce aux programmes d’inventaires et aux prospections déployées sur le terrain par des professionnels et des amateurs. Parmi les bonnes nouvelles, quelques espèces présumées disparues comme la Lobélie petite ont pu être retrouvées. De plus, de nombreuses espèces au statut de conservation naguère inconnu, classées dans la catégorie « données insuffisantes », sont menacées.

Dans cette actualisation, l’un des faits marquants est que 95 espèces voient leur situation s’aggraver parmi les 97 connaissant un changement de leur statut. C’est notamment le cas de l’Oecéoclade versicolore, une espèce endémique dont la situation s’est dégradée en raison des prélèvements, des défrichements et des espèces exotiques, passant en 13 ans de « en danger » à « en danger critique ».

Face à ces menaces, des actions de conservation importantes ont été mises en place. Des habitats naturels sont en cours de restauration, la lutte contre les espèces exotiques envahissantes s’accentue dans les milieux prioritaires, et des espèces patrimoniales bénéficient de réintroduction ou de plans nationaux d’actions.

Cependant, ces programmes n’apparaissent pas suffisants et beaucoup ne portent pas encore leurs fruits, car ils concernent principalement des plantes ligneuses qui présentent des temps de régénération longs. La préservation de ces espèces nécessite la poursuite des efforts engagés pour observer de réelles améliorations. L’état des lieux de 2010 avait déjà permis d’identifier des priorités d’actions, d’orienter les stratégies de connaissance et de conservation et d’étendre la liste des espèces protégées de l’île.

Face aux menaces croissantes, les nouveaux résultats de la Liste rouge appellent à renforcer significativement les actions de préservation, pour enrayer les pressions et sauvegarder l’exceptionnelle diversité de la flore de La Réunion. Ils incitent également à une prise de conscience collective et à un changement indispensable de nos pratiques au quotidien pour stopper et inverser la perte de notre patrimoine naturel.

Bruno Bourgeon, président d’AID http://www.aid97400.re

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