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36ème chronique de la Macronésie

CM36-Métaux et terres rares : une bataille vers l’effondrement

par Dr Bruno Bourgeon, président d’AID

mardi 27 mars 2018, par JMT

Si vous n’avez pas le livre de Guillaume Pitron , allez voir les vidéos à son sujet , ainsi que celles de Philippe Bihouix, autre expert français en matières premières.

Je vais vous annoncer quelques bonnes et mauvaises nouvelles.

D’abord une très mauvaise : tout ce qu’écrit Bruno est VRAI. Ca vous fout un coup non ? bien fait ! Ca vous apprendra à être des moutons cupides, avides et gloutons, qui se laissent avoir par n’importe quelle pub débile, addicts à tout ce qui est ou fait branché (chébran et bleca sous Tonton Ier il y a 30 ans :-), insouciants de l’avenir, capables de battre n’importe quelle horde d’autruche !

Une bonne nouvelle maintenant : nous ne sommes techniquement absolument pas obligés de nous comporter comme des ânes bâtés, en choisissant quasi-systématiquement les solutions les plus agressives pour l’environnement sous prétexte qu’elles sont "économiquement" les plus "rentables" : à la limite on pourrait s’en foutre de l’environnement en "planquant la balayure sous le tapis" MAIS un environnement dégradé réduit les chances de survie de l’humanité à brève échéance et on commence à le comprendre et certains s’affolent !.

Une mauvaise nouvelle : l’humanité a tendance à faire dans la facilité, c’est à dire à taper dans les "stocks" (matières premières, énergies fossiles, territoires, autres espèces vivantes, etc..) avant de se contenter de gérer des "flux". Le capitalisme en est responsable avec des unités monétaires identiques dans les deux cas ! C’est cela qui lui a permis d’émerger de la survie et de construire des "civilisations", dont beaucoup d’ailleurs se sont effondrées au moindre faux-pas ! Seulement on a oublié deux facteurs primordiaux : notre natalité et le temps qui passe. Notre natalité a fait que petit à petit au début, un peu plus vite depuis 3 siècles et de plus en plus vite depuis 1945, la population des terriens a explosé, et avec elle leurs "besoins" en biens et services, d’où l’empreinte écologique globale " proche actuellement de 1,8 planète, ce qui signifie qu’il faudrait globalement diminuer INSTANTANEMENT de 44% nos besoins globaux pour que ce soit DURABLE. On ne peut plus vivre en parasites de la planète !

Une autre mauvaise nouvelle : le gros de notre économie prolonge ce qui a été créé au XIXè siècle et au début du XXè : les aciéries, la génération d’électricité avec des bouilloires et des turbines, les avions, les trains, les routes, la structure des villes. En fait ce sont nos cerveaux qui sont formatés et qui nous poussent à reproduire et faire durer ce qu’on n’est plus en situation de "pouvoir se permettre", alors qu’il faudra souvent radicalement changer.

Bon allez quand même une bonne nouvelle pour finir : même les terres rares ne sont pas un obstacle insurmontable. D’abord elles ne sont rares que parce qu’on les veut à bas prix pour faire de la camelote en milliards d’exemplaires ! On a vécu sans les smartphones, sans plus d’un écran par personne.On n’est pas obligés d’être propriétaires de ces appareils, on peut les louer afin de bénéficier de matériel solide et durable pendant 5 à 10 ans au lieu de 18 mois maxi actuellement et AID soutient une SCIC qui le propose : www.Commown.com . Ensuite on peut diminuer nos besoins en terres et métaux rares, mais cela passe par des choix de société. Même les éoliennes peuvent se passer d’aimants permanents dopés au néodyme. La voiture électrique (qui roulait déjà à plus de 104km/h au début du XXè siècle) n’est nullement indispensable, ni la voiture elle-même qui devrait être réservée à des usages très locaux et ponctuels (donc la solution à air comprimé est écologiquement bien supérieure !) en complément de la marche à pied ou du vélo (réaménagement des villes) ou des transports en commun en site propre. On sait techniquement construire des éoliennes et des panneaux solaires très durables (plus de 25 ans), totalement recyclables, mais on ne veut pas le faire car on prétend continuer à fournir de l’énergie à trop bas prix pour nourrir nos addictions ! . Mais il ne faut pas se faire hara-kiri derrière en n’ayant en tête que des batteries (écologiquement catastrophiques et insoutenables pour 10 milliards d’individus) comme mode de stockage et de régulation énergétique. De plus l’électricité n’est pas la panacée, sauf pour ceux qui la vendent et ceux qui vous poussent à multiplier les appareils qui en consomment ! Il est stupide de multiplier les transformations énergétiques qui multiplient les pertes ! On sait récupérer 90% de l’énergie solaire incidente au sol et la stocker alors qu’un panneau photovoltaïque restitue 15% au mieux de ce qu’il reçoit : c’est même une start-up réunionnaise qui le propose depuis cette année.

Métaux et terres rares : une bataille vers l’effondrement

Je ne saurai trop vous conseiller la lecture de ce livre essentiel : « La Guerre des métaux rares », de Guillaume Pitron.

Transition énergétique, révolution numérique, mutation écologique... Politiques, médias, industriels nous promettent en choeur un nouveau monde enfin affranchi du pétrole, des pollutions, des pénuries et des tensions militaires. Cet ouvrage, fruit de six années d’enquête dans une douzaine de pays, nous montre qu’il n’en est rien !

En nous émancipant des énergies fossiles, nous sombrons en réalité dans une nouvelle dépendance : celle aux métaux rares. Graphite, cobalt, indium, platinoïdes, tungstène, terres rares, ces ressources sont devenues indispensables à notre nouvelle société écologique (voitures électriques, éoliennes, panneaux solaires) et numérique (elles se nichent dans nos smartphones, nos ordinateurs, tablettes et autre objets connectés de notre quotidien).

Or les coûts environnementaux, économiques et géopolitiques de cette dépendance pourraient se révéler encore plus dramatiques que ceux qui nous lient au pétrole. Dès lors, c’est une contre-histoire de la transition énergétique que ce livre raconte - le récit clandestin d’une odyssée technologique qui a tant promis, et les coulisses d’une quête généreuse, ambitieuse, qui a jusqu’à maintenant charrié des périls aussi colossaux que ceux qu’elle s’était donné pour mission de résoudre.

Insistons un peu : on se débarrasse des cheminées crasseuses des mines de charbon, des puits de pétrole ensanglantés de guerres civiles, et l’on construit un monde rêvé, peuplé d’éoliennes, de cellules photovoltaïques, de voitures électriques, tous engins bientôt connectés aux ordinateurs et à l’intelligence artificielle. Energie et Numérique se rejoignent, annonçant un univers tout neuf, bâti en fait sur un château de cartes.

Pourquoi ? Parce que cet édifice est bâti, et on a vite fait mine de l’oublier, sur ce qu’on appelle les métaux et terres rares, bien qu’ubiquitaires. La liste est longue, ne nous en encombrons pas. Mais leur extraction est coûteuse en énergie : l’exemple est celui du lutécium, parce qu’il faut broyer 1200 tonnes de roches pour en extraire un gramme.

Les métaux rares sont à la base de cette transition énergétique. Sans eux, ce grandiose projet s’effondre. Leur extraction entraîne une effroyable pollution en Chine, ou en Afrique. On a ainsi exporté la question écologique loin des yeux, et pourtant ! Avec un seul mail et pièces jointes (10 milliards envoyés par heure sur la planète), on consomme autant d’énergie qu’une ampoule de forte puissance à basse consommation pendant une heure. Faites le calcul. Une voiture électrique consomme autant d’énergie qu’une voiture diesel si l’on considère l’ensemble de son cycle de vie. Notre monde criminel ne rêve que d’un fantasme : se libérer de la matière.

Or le Nord n’entend rien céder de son niveau de gaspillage matériel, tout en gardant les mains propres. En prétendant contre toute évidence que l’industrie qui détruit le monde mérite de continuer sa route. Et la Chine se frotte les mains, étant l’exportateur majoritaire de toutes les terres rares consommées dans le monde. Et déjà embarquée dans une restriction des exportations. De là à penser à un embargo, il n’y a qu’un pas. Avantage stratégique insigne. Au passage, on ne sait trop où mènent les combats pour une énergie jugée vitale. Demain, la guerre pour les terres rares ?

Dr Bruno Bourgeon, président d’AID
http://aid97400.re

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PUBLICATION DANS LES MEDIAS LOCAUX

* Courrier des lecteurs de Zinfos974 du Jeudi 29 Mars 2018 - 09:46

* Courrier des lecteurs dans Le Quotidien de la Réunion du

* Courrier des lecteurs dans Imaz Press Reunion

VIDEOS

* Guillaume Pitron - La guerre des métaux rares (1/3)

* Guillaume Pitron - La guerre des métaux rares (2/3)

* Guillaume Pitron - La guerre des métaux rares (3/3)

* Philippe Bihouix, "Le mirage des voitures électriques", France Inter, septembre 2017

* Philippe Bihouix : Le mensonge de la croissance verte ?

* La sale guerre des terres rares

Terres rares : les parlementaires français insistent sur la formation des ingénieurs et le recyclage

Biodiversité 30 août 2011 Philippe Collet

Améliorer la formation des ingénieurs à la problématique des terres rares et réduire la dépendance française vis-à-vis de ces métaux, telles sont les deux conclusions formulées par l’OPECST à l’issue des débats organisés en mars.

Références :

- "La Guerre des Métaux rares", par Guillaume Pitron, aux éditions Les Liens Qui Libèrent

- Charlie-Hebdo n° 1339

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