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95 ème chronique de la Macronésie

CM95 - L’arnaque du Grand Débat

par Bruno BOURGEON, porte-parole d’AID

vendredi 25 janvier 2019, par JMT

Tiens donc, revoilà dans une de ses chaînes où elle présente un travail collectif, la pseudo journaliste qui prétend nous décrypter le fonctionnement des politiques, après en avoir gagné la haine pour s’être faite éjecter du Parti de Gauche.

On échappe donc à ses foucades habituelles mais inversement on en est réduit à du consensus très tristounet et à l’enfonçage de portes ouvertes. Certes rien n’est factuellement faux mais on pourrait comme dans Cyrano rétorquer à la donzelle à la crinière de feu que c’est un peu court et surtout pas à l’échelle de ses ambitions :-)

Car depuis que comme ministre il a crevé les écrans médiatiques, toute personne munie du nombre nécessaire de neurones en état de marche a déjà dû cerner le beau gosse dragueur, ses objectifs et ses manoeuvres. Si on a suivi sa campagne électorale on sait qu’il adore la confrontation, surtout avec moins doué que lui (et Dame Marine y fut fort à la peine qui coula pavillon bas face aux étranges lucarnes :-)

D’autant plus qu’il a désormais avec lui toute la puissance et la majesté de l’Etat (et Louis XIV n’a qu’à bien se tenir face à Manu Ier "Jupiter" qui cherche à lui voler son "L’Etat c’est moi...alias... ils n’ont qu’à venir me chercher"), et qu’il est soutenu par une énorme majorité parlementaire aux ordres et bien tenue en main car leur réélection en dépendra et que les Whip (agents parlementaires ou députés, chargés d’assurer la cohésion et l’obéissance aux ordres des membres d’une assemblée faisant partie d’un même parti, whip signifiant fouet en Angleterre qui a créé la fonction) veillent !

Et ce que Tatiana (pas la mienne :-) oublie de dire dans son truc putaclic, c’est que Manu prend un grand risque. Car il a absolument besoin qu’il y ait du monde dans ces débats,mais du monde qui présente majoritairement les idées qu’il attend et qui répondent à ses questions très cadrées dans "le bon sens". Donc contrairement à son défaitisme de parfaite représentante déglinguée de la génération "no future", il est au contraire impératif que le maximum de gens aille participer et foutre le souk dans le consensus des réunions, expliquent pourquoi les arguments du président , du gouvernement et des partis aux ordres (LREM/Modem) ou complices (les traîtres à l’écologie vendus pour des postes ou de l’exposition médiatique) sont fallacieux et orientés et donner l’avis des "vrais gens".

Il ne faut pas se contenter d’aller faire nombre et jouer les potiches, il faut absolument que plusieurs personnes à chaque débat fassent leurs propres comptes rendus et les fassent remonter par le site du Grand débat lui-même (il suffit d’inscrire un collectif ) mais aussi par tous les réseaux parallèles. Il faut aussi que les opposants s’organisent pour faire leur propre synthèse de ces débats, ce qui empêchera le Grand Débat de sortir une synthèse "aux ordres". C’est un COMBAT face à un adversaire fort qu’il faut mener, pas des ronds de jambes youtubiens à la remorque de l’actualité .

L’arnaque du Grand Débat

Les Gilets Jaunes, au départ, revendiquent plus de justice fiscale, de démocratie, et des politiques rendant la vie plus simple. A la place, ils ont droit à un Grand Débat à base de réunions publiques et de discours fleuves d’Emmanuel Macron. Tout cela pour résorber la fracture entre le pays et la classe politique ? On peut en douter.

Une lettre du Président à tous les Français, une plate-forme numérique, des discours marathons retransmis par toutes les chaînes d’infos, une secrétaire d’état co-animant une émission avec un célèbre présentateur : l’exécutif n’a pas lésiné sur les moyens pour mettre en scène le Grand Débat National.

Grand Débat voulu par M. Macron lui-même comme symbole d’un dialogue restauré entre les Français et leurs dirigeants. Au-delà de la forme déjà discutable, c’est l’initiative qui pose problème : pour qu’il y ait débat, il faut que les débatteurs soient sur un relatif pied d’égalité, sans que l’un d’entre eux soit à la fois organisateur, juge et partie.

Emmanuel Macron impose le Débat, décide de sa forme, pose les questions, choisit les thèmes, sélectionne les contributions retenues, et finalement prend les décisions. Avec sa lettre aux Français, le Président fixe le cadre théorique du Débat en des termes qui rendent impossible toute remise en cause de sa politique ou de l’idéologie qui se cache derrière.

Par exemple, pour réduire la pression fiscale, on pourrait envisager d’augmenter la contribution des plus privilégiés. Pour M. Macron, c’est simplement inconcevable. Par exemple, le retour de l’ISF n’est pas un débat. Tout comme l’injustice de la taxe foncière, la même pour deux propriétés équivalentes dans une même commune, mais dont l’une est le fruit d’un héritage familial tandis que l’autre est en train de se construire à coup d’endettement sur des décennies. Tout comme il est inconcevable de ne pas tailler dans le budget de l’Etat, même si cela permettait de rendre nos hôpitaux ou nos administrations un peu plus efficaces.

Le Débat est donc profondément biaisé. Car si, comme le présente Emmanuel Macron dans sa lettre, aucune question n’est interdite, en revanche, certaines réponses le sont. Dès lors, le Grand Débat apparaît tel qu’il est : une grande opération de communication destinée à nous expliquer encore une fois combien la politique gouvernementale est indispensable, quand bien même nous ne l’aurions pas encore comprise.

Le but n’est pas de discuter d’égal à égal sur les problèmes du pays, mais de nous convaincre que les « solutions » que l’on nous impose sont les bonnes, qu’on les veuille ou non. Une curieuse conception du Débat. D’autant plus gênante qu’elle permet à Macron de s’offrir une tribune en or pour exposer son projet politique à quelques encablures d’une élection européenne qui s’annonce à hauts risques pour le parti présidentiel. Bien sûr, le tout aux frais du contribuable.

Depuis plusieurs semaines, le pays traverse une crise politique sans précédent. Dans ce contexte, le Président devrait faire primer l’écoute, le dialogue, et la réconciliation, sur l’idéologie afin de maintenir l’unité de la nation. Il a choisi une autre voie : plutôt que d’engager un réel dialogue, il a opté d’en donner l’illusion : de favoriser l’image sur le réel, soit précisément ce que les Français ne tolèrent plus.

Bruno Bourgeon
D’après "Le Fil d’Actu", de Tatiana Ventôse

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PUBLICATION DANS LES MEDIAS LOCAUX

* Courrier des lecteurs de Zinfos974 du Dimanche 27 Janvier 2019 - 17:19

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* Courrier des lecteurs d’Imaz-Press Réunion publié le 27 Janvier 2018 Publié il y a 3 heures / Actualisé il y a 3 heures

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