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97 ème chronique de la Macronésie

CM97 - Perquisition à Mediapart

par Bruno BOURGEON, porte-parole d’AID

jeudi 7 février 2019, par JMT

Mediapart arroseur arrosé ? La moustache d’Edwy a dû s’en hérisser d’indignation comme celle des Dupondt grands spécialistes de cette situation ! Justice divine immanente ? Que nenni ! hennirai-je. Evidemment Manu Ier semble faire peu de cas de l’acharnement de Mediapart à faire voter pour lui au second tour de la présidentielle, plutôt que d’inciter la gauche à voter blanc et de laisser Manu gagner avec un 55/45 plus conforme au poids des camps respectifs.

Sans compter les hurlements avec les loups contre LFI et Mélenchon pour une "descente de justice" autrement plus spectaculaire et qui, ELLE, a conduit à dérober des documents, dont nul ne peut prédire le devenir, aussi essentiels à un parti politique que les sources de n’importe quel canard même s’il prétend, parfois à juste titre, voler au dessus de la mélée.

Il convient peut-être de relativiser : la perquisition contre Médiapart aurait été déclenchée par une intervention de Matignon auprès dudit procureur de Paris. Est-ce une réponse du berger de la primature à la bergère de la présidence pour toute une suite de petites couleuvres à avaler, même si on n’est pas "collabo-rateur" ? Pouvons-nous annoncer une nouvelle devise de la Macronésie "Fluctuat et mergitur" (Anne doit s’en gondoler de joie, vu que Manu semble soutenir un concurrent contre elle en 2020 !)

Berlin 1933 ? Mais d’autres signes avant-coureurs, comme on peut le voir dès 1930 dans le magnifique film de Josef Von Sternberg, "L’ange Bleu" avec Marlène Dietrich. Plus récemment la comédie musicale en 1966 (avec de nombreuses reprises depuis 50 ans) et en 1972 le film "Cabaret" l’ont à nouveau popularisé, à partir de nouvelles d’époque. Souvenez-vous de Liza Minnelli, de Joel Grey en maître de cérémonie chantant "Willkommen, bienvenue, welcome" et surtout des jeunes (et moins jeunes) nazis chantant dans une bucolique auberge de campagne "Tomorrow belongs to me" prédisant l’effondrement prochain de la République de Weimar qui n’a pas survécu à la crise de 1929. Toute ressemblance avec les événements actuels ne serait sans doute qu’un pur hasard... fabriqué de toutes pièces par quelques comploteurs amateurs de fakes ?

CM97- Perquisition à Mediapart

Tandis que des journalistes de Mediapart tambourinaient sur la tentative de perquisition qui a visé le site lundi 04/02 au matin, BFM diffusait les images d’un vrai bain de foule de Macron dans l’Essonne, un bain de foule comme avant, avec un vrai dialogue avec un chauffeur de VTC. D’un côté, une image blafarde sur le site, les journalistes s’époumonant à dénoncer la tentative liberticide. De l’autre, le président en jouvence, des images qui voulaient faire dissiper le cauchemar « jaune ».

On peut rester froid aux cris d’orfraie de Mediapart, en rappelant qu’ils étaient bien plus confiants dans la qualité du travail policier en octobre dernier, qui avait visé Mélenchon et La France Insoumise. Il n’empêche. Les faits sont là.

Ce même parquet de Paris, dirigé par le procureur Rémy Heitz, personnellement choisi par Macron, qui a toujours freiné les perquisitions chez Benalla, ce même parquet se précipite, de sa propre initiative, au siège de Mediapart, pour tenter de trouver les sources d’Arfi, le journaliste enquêteur sur les méfaits du sieur, après une louche de révélations sur le même sieur : il a contrevenu à son contrôle judiciaire, et il était en affaires avec un oligarque russe alors qu’il était encore en poste à l’Elysée.

Une étape supplémentaire dans une "dérive autoritaire", mettant en lumière la sujétion de la Justice ? On peut aussi en faire une lecture optimiste. Le parquet a tenté, Mediapart s’y est opposé, le parquet a battu en retraite, les libertés sont sauves. Une bavure judiciaire, rien de plus. C’est possible.

Ecoutons Vincent Glad, premier journaliste français à s’être coltiné les interminables Facebook Lives des "figures" jaunes, et à en avoir documenté les mœurs et péripéties politiques. A propos des éborgnages, il dit ceci : "Au début, je ne voulais pas y croire, je me disais que ce n’était pas possible. Le gouvernement ne pouvait pas sciemment demander à sa police de tirer à coups de lanceur de balle de défense sur la tête des manifestants. J’ai l’impression que j’ai été victime de l’habitus journalistique qui fait qu’on se méfie toujours de toute théorie du complot, qu’on est toujours trop mesuré, trop lent avant de s’indigner. Je me disais « ce n’est pas possible, l’État ne peut pas faire ça, ça ne peut être que des bavures isolées ».

On relève l’incroyable mutisme des JT tout au long de décembre : notre prise de conscience a aussi été tardive. Cette inconscience se prolonge-t-elle aujourd’hui ? Les éborgnages au LBD, les restrictions du projet de "loi anti-casseur", les manipulations du pouvoir autour de cette vaste blague du "Grand Débat", la tentative de perquisition chez Mediapart, toute l’affaire Benalla elle-même, peuvent parfaitement être lues comme les pièces d’un sinistre puzzle : le pouvoir des super-riches, prêt à tout pour se préserver.

Point Godwin ? Berlin 1933 : par suivisme, paresse, inexpérience, habitus, la presse court toujours le risque de l’aveuglement collectif à un événement hors-normes, même s’il crève les yeux (sans jeu de mots). Comme hier, ce risque la guette aujourd’hui.

Même si nous ne sommes pas aveugles, postulons que nous le sommes : c’est salutaire.

Bruno Bourgeon, d’après @si du 05/02/2019

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PUBLICATION DANS LES MEDIAS LOCAUX

* Courrier des lecteurs de Zinfos974 du

* Courrier des lecteurs de Clicanoo.re du

* Courrier des lecteurs d’Imaz-Press Réunion publié le

* Courrier des lecteurs dans Le Quotidien de la Réunion du 7 Février 2019

LIENS

* Comme un lundi de perquisition à Mediapart
@si du 05 février 2019 à 09:24

* Le parquet de Paris a tenté de perquisitionner Mediapart
4 février 2019 Par La Rédaction De Mediapart

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