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Traduction d’AID pour Les-crises.fr n° 2024-024

Pour tuer à Gaza, Israël se sert des armes et de la faim

Par Sharon Zhank, traduction par Jocelyne Le Boulicaut

mardi 5 mars 2024, par JMT

AID soutient financièrement le très intéressant site "Les-crises.fr" depuis plusieurs années. Nous avons fait un pas de plus en participant aux traductions des textes anglais quand le site fait appel à la solidarité de ses adhérents. Nous avons donc mandaté une de nos adhérentes, Jocelyne LE BOULICAUT, enseignante universitaire d’anglais retraitée, pour y participer en notre nom et nous indemnisons son temps passé avec notre monnaie interne

Pour tuer à Gaza, Israël se sert des armes et de la faim

Le 22 février 2024 par Sharon Zhang, TRUTHOUT

Sharon Zhang est rédactrice à Truthout et suit la politique, le climat et le monde du travail. Avant de rejoindre Truthout, Sharon a écrit des articles pour Pacific Standard, The New Republic, etc. Elle est titulaire d’un master en études environnementales. On peut la suivre sur Twitter : @zhang_sharon.

Des femmes et des enfants palestiniens sur les marches d’un bâtiment pratiquement détruit le 22 février 2024, suite à des frappes aériennes israéliennes dans le camp de réfugiés de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza (Mohammed Abed/ AFP/ Getty Images)

Alors que le bilan officiel du génocide israélien à Gaza approche les 30000 morts et que des centaines de milliers de gens sont à la veille de mourir de faim, le directeur de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) prévient que Gaza n’est plus un lieu ou on peut vivre, mais est devenu une « zone de mort ».

Lors d’une conférence de presse tenue à Genève mercredi, le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a déclaré aux journalistes que la situation ne ferait qu’empirer, car Israël continue d’empêcher l’aide humanitaire d’entrer dans la région et poursuit ses attaques contre Rafah, là où la majorité de la population a été déplacée de force après des mois de raids israéliens qui ont commencé dans le nord de la région.

« Gaza est devenue une zone de mort », a déclaré Tedros. « Une grande partie du territoire a été détruite. Plus de 29000 personnes sont mortes, beaucoup d’autres sont portées disparues, présumées mortes, et beaucoup, beaucoup d’autres sont blessées ».

Les Forces de défense israéliennes (FDI) ont tué pas moins de 12300 enfants palestiniens à ce jour. Plus de 7000 personnes sont portées disparues sous les décombres, tandis que, selon les décomptes officiels, 70000 personnes ont été blessées.

Des enfants palestiniens font la queue pour recevoir de la nourriture préparée par des volontaires pour les familles palestiniennes déplacées dans le sud de Gaza à cause des attaques israéliennes, entre les décombres de bâtiments détruits à Rafah, Gaza, le 9 février 2024 (Abed Rahim Kkatib / Anadolu via Getty Images)

Le fait que Tedros considère Gaza comme une « zone de mort » intervient après que Martin Griffiths, le responsable des affaires humanitaires des Nations unies, a averti en janvier qu’Israël avait rendu Gaza « inhabitable » et que sa population était « quotidiennement confrontée à des menaces contre son existence même ».

Si, jusqu’à présent, le nombre de morts est essentiellement dû aux bombardements et aux attaques terrestres d’Israël, les experts avertissent que la crise humanitaire voulue par les autorités israéliennes, avec l’aide de puissances mondiales comme les États-Unis, fera bientôt un nombre considérable de victimes, à un rythme encore plus rapide que les bombardements incessants.

Ce qui est le plus urgent est de faire face à la campagne menée par Israël pour affamer les habitants et qui est la pire des temps modernes selon les experts. Cette semaine, le bureau des médias du gouvernement de Gaza a signalé que plus de 700000 Palestiniens de la partie nord de la région sont sur le point de mourir de faim, soit environ le tiers de la population de Gaza.

Les représentants de l’ONU, l’UNICEF, l’OMS et du Programme alimentaire mondial (PAM) ont cette semaine, dans un communiqué commun, très clairement averti que la crise de la faim allait provoquer une « explosion » de la mortalité infantile à Gaza, un enfant de moins de deux ans sur six souffre de malnutrition aiguë. Ils ont ajouté que plus de 90% des enfants âgés de six à 23 mois sont confrontés à une « grave détresse alimentaire ».

Tedros s’est dit préoccupé par le fait que des groupes comme le PAM ont été contraints d’interrompre leurs livraisons d’aide dans le nord du pays en raison de la campagne israélienne pour démanteler et attaquer l’aide humanitaire dans toute la région.

Récemment, Israël a pris des mesures encore plus sévères à l’encontre de l’aide humanitaire. Au début du mois, par exemple, les forces israéliennes ont permis à un convoi de l’ONU composé de 10 camions transportant de la nourriture d’entrer à Gaza, puis l’ont attaqué, détruisant la nourriture qu’il transportait (reportage CNN).

L’ambassadrice des États-Unis auprès de l’ONU, Linda Thomas-Greenfield, oppose son veto lors d’une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU sur la guerre entre Israël et le Hamas, siège de l’ONU, le 20 février 2024 (ANGELA WEISS / AFP VIA GETTY IMAGES)

Les forces israéliennes ont pris pour cibles des travailleurs humanitaires, ont rapporté certains des groupes. Deux membres de Médecins sans frontières (MSF) ont été tués par les forces israéliennes à Khan Yunis mardi, tandis que d’autres travailleurs de MSF et leurs familles ont dû attendre des heures après ce bombardement pour recevoir des soins médicaux en raison d’autres bombardements.

L’assassinat de ces travailleurs par Israël est intervenu le jour même où les États-Unis étaient les seuls à opposer leur veto lors d’un vote au Conseil de sécurité des Nations unies en faveur d’un cessez-le-feu à Gaza, s’opposant ainsi à l’arrêt du massacre perpétré par Israël à Gaza au profit d’une nouvelle vague de morts, de maladies, de famine et de nettoyage ethnique parmi les Palestiniens.

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SHARON ZHANG

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