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Traduction d’AID pour Les-crises.fr n° 2020-87

À quoi ressemblerait la politique étrangère de Biden ? Il suffit de regarder qui sont ses soutiens

Par John Kiriakou, traduit par Jocelyne le Boulicaut

samedi 24 octobre 2020, par JMT

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À quoi ressemblerait la politique étrangère de Biden ? Il suffit de regarder qui sont ses soutiens

6 octobre 2020 Par John Kiriakou, Exclusif Pour Consortium News

John Kiriakou est ancien agent de la CIA chargé de la lutte contre le terrorisme et ancien enquêteur principal de la commission sénatoriale des affaires étrangères. John est devenu le sixième lanceur d’alertes inculpé par l’administration Obama en vertu de la loi sur l’espionnage, une loi destinée à punir les espions. Il a purgé 23 mois de prison suite à ses tentatives de s’opposer au programme de torture de l’administration Bush.

John Negroponte, au centre, dans un camp militaire au Honduras en avril 1984. (Alisjuli, CC BY-SA 3.0, Wikimedia Commons)

John Negroponte, le Dark Vador de la politique étrangère américaine, et une bande d’anciens agents de renseignement et d’interventionnistes républicains ont toutes leurs raisons pour être en faveur de l’ancien vice-président.

Beaucoup d’entre nous ont entamé le compte à rebours avant de pouvoir virer le président Donald Trump hors de son bureau, hors de Washington,hors de nos vies et hors du cycle quotidien de l’actualité. Avec le décès de la juge de la Cour suprême Ruth Bader Ginsberg, il est encore plus urgent de remplacer Donald Trump. Mais qu’obtiendrions-nous avec un "Président" Joe Biden ? À quoi ressemblerait la politique étrangère de Joe Biden ?

Au début de ce mois, un groupe d’anciens sénateurs et membres républicains du Congrès ont approuvé la candidature de Joe Biden à la présidence, en déclarant qu’il était mieux qualifié que Trump pour diriger le pays. A peu près au même moment, un important groupe de professionnels du renseignement et de la politique étrangère, dont la plupart ayant travaillé pour des présidents républicains, ont également soutenu l’ancien vice-président. Cela semble très impressionnant. Mais examinons ce que cela signifie exactement. Cela veut dire qu’ils pensent que Biden poursuivra une politique étrangère interventionniste, néolibérale et pro-guerre.

John Negroponte

L’ancien ambassadeur John Negroponte est l’un des professionnels du renseignement qui ont soutenu Biden. Negroponte est le Dark Vador de la politique étrangère américaine du dernier demi-siècle.

John Negroponte, à droite, alors que l’ancien secrétaire d’État Colin Powell exhibe une fiole d’anthrax au Conseil de sécurité de l’ONU, le 5 février 2003. L’ancien directeur de la CIA George Tenet, est à gauche. (Wikimedia Commons)

Negroponte a été ambassadeur au Honduras pendant l’affaire Iran-Contra, par laquelle des fonds secrets de la CIA sont parvenus aux rebelles contras ; ambassadeur au Mexique lorsque les cartels de la drogue ont consolidé leur pouvoir contre un gouvernement corrompu dans ce pays ; ambassadeur aux Nations Unies lorsque les États-Unis essayaient d’entrer en guerre en racontant une histoire manifestement fausse sur les armes de destruction massive irakiennes ; ambassadeur en Irak pendant l’occupation américaine de ce pays ; et directeur des services du renseignement national au moment du programme de torture du président George W. Bush.

Personne n’a jamais accusé Negroponte d’être un progressiste dans quelque sens du terme que ce soit. Il adore la guerre et a montré combien il était heureux d’y entrer en sautant à pieds joints. Et c’est avec plaisir et très publiquement qu’il a soutenu Biden.

Negroponte a récemment déclaré au Daily Beast ce qui se cachait derrière son soutien. L’interview en dit autant sur Biden que sur Negroponte. Au début, Negroponte a déclaré : "Tous les chemins mènent à Trump, et je ne suis tout simplement pas sûr que le pays puisse supporter quatre ans de plus avec un homme qui a fait preuve d’un tel mépris pour la fonction". Je suis d’accord avec lui. C’est le cas de presque tous les Démocrates. Donald Trump est un méchant. Mais ce n’est pas aussi simple que cela.

Interception électronique sans mandat

Negroponte a souligné dans l’interview qu’au fil des ans il avait été en désaccord avec Biden sur des questions importantes (non précisées), mais que Biden était "un politicien expérimenté", " le genre de type modéré" et "un Monsieur avisé". Après les attentats du 11 Septembre, il a par exemple déclaré qu’il était favorable à la mise sur écoute sans mandat des citoyens américains .

La déclaration était toutefois incomplète. Biden a également soutenu les écoutes téléphoniques sans mandat, votant pour le Patriot Act lorsqu’il était sénateur en 2001, votant à plusieurs reprises pour ses ré-autorisations ultérieures et s’opposant ensuite à l’affaiblissement de la mesure lorsqu’il était vice-président de l’administration Obama.

Il y a d’autres raisons pour lesquelles Negroponte et une bande d’anciens gros bonnets républicains du renseignement et de la politique étrangère se sont ralliés à Biden.

Joe Biden, candidat à la présidence, à Henderson, Nevada, février 2020. (Gage Skidmore, Wikimedia Commons)

L’ancien vice-président s’oppose à un retrait des troupes d’Europe, affirmant qu’une telle mesure encouragerait par exemple les Russes. Il soutient une politique militaire plus active contre la Chine dans la mer de Chine méridionale. Il soutient une prolongation de la politique du président Barack Obama qui consiste à maintenir des bases militaires dans plus de 100 pays, y compris des bases d’opérations avancées en Afrique.

Très concrètement et littéralement, la dernière chose que je ferais serait d’exhorter quiconque à voter pour Donald Trump. Le président a été un désastre dans tous les sens du terme, en matière de politique étrangère et intérieure. Le pays ne peut pas se permettre quatre années de plus de présidence Trump. Mais Biden n’est pas la panacée. C’est un remplaçant de centre-droit. Negroponte l’a confirmé.

Si vous pensez que les choses vont changer en matière de politique étrangère sous la présidence de Biden, détrompez-vous. Ce sera la même vieille politique expansionniste et militariste que nous avons eu avec Bill Clinton et Barack Obama. Alors, entrez dans l’isoloir avec les yeux bien ouverts.

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