« Nous nous opposons (…) au développement des énergies intermittentes (éoliennes) », a déclaré le RN dans son programme pour les européennes. Avec d’autres politiques « imposées » par Bruxelles – la libéralisation du marché de l’électricité –, elles « saccageraient » le système électrique français, de nature à fournir, grâce au nucléaire, une énergie décarbonée à un prix attractif (1). Cette volonté de stopper le déploiement des installations éoliennes et photovoltaïques (2) n’a pas évolué depuis la campagne présidentielle de 2022, quand Marine Le Pen appelait à un moratoire sur ces filières. Comme si entre-temps, le RN n’avait pas remarqué que ces actifs ont rendu un fier service aux Français en les aidant à contenir leur facture énergétique. En effet, rappelle une analyse du programme énergétique du RN publiée à la veille des européennes par le think tank Terra Nova (3), les producteurs d’électricité d’origine solaire et éolienne ont permis sur les années 2022-2023 « d’éviter d’importer plus de gaz dans un contexte où les prix des fossiles s’envolaient et où il fallait compenser la baisse brutale de production d’électricité nucléaire du fait de l’état de notre parc ».
Energie
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« Les énergies intermittentes saccagent le système électrique français » : le RN n’est pas crédible
10 juillet 2024, par JMT -
Chez ExxonMobil et TotalEnergies, on veut débarquer les patrons
14 juin 2024, par JMTLe plus grand fonds de pension américain menace de voter contre la réélection du dirigeant d’ExxonMobil, en raison des attaques de la major contre la démocratie actionnariale. En France, TotalEnergies s’inquiète aussi des appels d’une coalition d’investisseurs à voter contre Patrick Pouyanné. Les deux majors n’hésitent pas à s’en prendre aux actionnaires activistes. Les relations s’enveniment entre les majors pétrolières et leurs actionnaires. Aux Etats-Unis, selon des informations du Financial Times, Calpers envisagerait de voter contre la réélection de Darren Woods, directeur général de la major, à l’assemblée générale du 29 mai 2024. Une décision choc, tant le vote contre le dirigeant de l’entreprise constitue un désaveu fort de la stratégie de l’entreprise. La raison invoquée par le plus grand fonds de pension américain tient au procès intenté par Exxon contre deux de ses actionnaires, Follow This et Arjuna Capital, parce qu’ils avaient déposé une résolution climatique qui ne plaisait pas au conseil d’administration. Selon Calpers, ce procès, qui intervient alors que les deux actionnaires ont retiré leur proposition de résolution, constitue une atteinte à la démocratie actionnariale. Et le fonds de pension californien n’est pas le seul à s’inquiéter des pratiques d’ExxonMobil.
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L’Union européenne peut-elle être autonome sur le plan énergétique ?
3 juin 2024, par JMTL’accélération de la sortie des énergies fossiles semble être de second rang dans la campagne pour les européennes. C’est pourtant là que se jouent la sécurité et la souveraineté de l’Union. « On aurait pu imaginer qu’avec la guerre en Ukraine et au Moyen-Orient, l’énergie serait un sujet central du débat politique en amont des européennes », regrette Michel Derdevet, président du think tank Confrontations Europe, au lendemain du discours d’Emmanuel Macron à la Sorbonne. Selon une musique dans l’air du temps, il y est, là comme ailleurs, davantage question de défense, de sécurité et de souveraineté que de pouvoir d’achat et d’écologie. « Or l’énergie est au carrefour de tous ces enjeux », rappelle Michel Deverdet. Ce dernier signe un plaidoyer qui appelle à réinventer sous la prochaine mandature une politique commune de l’énergie en vue de faire converger les trois objectifs que s’assigne l’UE dans ce domaine : une énergie bon marché (pour le pouvoir d’achat et la compétitivité), décarbonée (pour le climat), endogène (pour la sécurité des approvisionnements et l’autonomie stratégique).
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TotalEnergies voudrait être coté à New York pour éviter les pressions climatiques des actionnaires européens
10 mai 2024, par JMTPatrick Pouyanné contre-attaque avant l’assemblée générale de TotalEnergie, le 24 mai. Celle-ci s’annonce à haute tension climatique. Le PDG de la major a déclaré à Bloomberg en fin de semaine dernière qu’il envisageait sérieusement d’abandonner le CAC40 pour Wall Street, où se trouve une majorité de ses actionnaires « mieux à même de comprendre sa stratégie d’intensification de la production d’énergies fossiles ». Menacé par deux résolutions actionnariales, l’une demandant à séparer les fonctions du PDG Patrick Pouyanné, et l’autre de limiter le rachat d’actions pour financer la transition énergétique, le conseil d’administration de TotalEnergies a refusé tout net de les inscrire à l’ordre du jour de son assemblée générale qui doit se tenir dans moins d’un mois. Réuni le 25 avril, il a balayé les prétentions des actionnaires qui lui demandaient d’améliorer sa gouvernance et de mieux financer la transition énergétique en insistant sur leur faible poids.
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Le FMI pousse les pays du Sud à exploiter leurs ressources fossiles pour rembourser leur dette
8 mai 2024, par JMTLe FMI brûle l’Argentine. Des militants ont protesté à Washington pour dénoncer le double-jeu du FMI autour de l’urgence climatique. Selon un rapport publié le 8 avril, l’institution pousserait l’Argentine à exploiter le projet Vaca muerta de gaz et pétrole de schiste afin de rembourser sa dette. Les traditionnelles réunions de printemps du FMI et de la Banque mondiale, organisées du 17 au 19 avril, se sont achevées sans annonce majeure. On peut toutefois retenir que 11 pays développés, parmi lesquels la France, les États-Unis, l’Italie, ou encore le Royaume-Uni ainsi que le Japon, se sont engagés à verser 11 milliards de dollars supplémentaires à la Banque mondiale pour faire face notamment à l’adaptation et la transition face au changement climatique. Mais, alors que le climat commence à se faire une place au sein des organisations financières internationales, un rapport des organisations Recourse et Periodistas por el Planeta (Journalistes pour la planète), révèle leur double-jeu. Selon des documents publics consultés par les auteurs du rapport, le FMI inciterait ainsi l’Argentine – son principal débiteur avec 44 milliards de dollars de dette – à accélérer l’exploitation des énergies fossiles pour rembourser son emprunt.
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Baisse inédite des émissions de CO2 en France
3 avril 2024, par JMTLa France a baissé ses émissions de GES de 4,8% par rapport à 2022. Une réduction conjoncturelle (hausse des prix de l’énergie, inflation ou météo) ET structurelle (évolution des comportements vers plus de sobriété, rénovation des logements, passage à la voiture électrique). Une première. C’est une baisse inédite des émissions de GES, plus importante encore que celle constatée en 2020, année historique en raison du Covid et d’un hiver doux. En 2023, selon des estimations encore provisoires, les émissions de GES de la France ont diminué de 4,8% par rapport à 2022 pour atteindre 384,5 millions de tonnes de CO2 équivalent (Mt CO2e) – hors émissions importées et émissions liées à l’agriculture et aux déchets – contre 392 Mt CO2e en 2020 ou 547 Mt CO2e en 1990. Autre nouveauté : en 2023, pour la première fois, tous les secteurs (sauf le transport aérien) présentent des émissions à la baisse. Le logement atteint ainsi son niveau d’émissions le plus bas depuis 1990, grâce à la poursuite des comportements de sobriété dans un contexte d’inflation et de hausse des prix de l’énergie, mais aussi grâce à la rénovation thermique des bâtiments et aux pompes à chaleur.
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La tempête souffle sur les projets du monde d’avant
15 mars 2024, par JMTDeux rassemblements de protestation contre des projets écologiquement controversés étaient organisés le week-end du 10-11 février 2024. L’un sur le chantier de l’A69 près de Tarbes, l’autre à Bordeaux pour protester contre le forage de nouveaux puits de pétrole en Gironde. Greta Thunberg a participé aux deux. Des milliers de manifestants ont défilé dans les rues de Bordeaux dimanche 11 février pour demander au préfet de ne pas signer l’arrêté permettant de forer huit nouveaux puits de pétrole à La Teste-de-Buch, rendue célèbre par les incendies spectaculaires de l’été 2022. Le projet de la société canadienne Vermilion est controversé depuis des mois. Il est en contradiction avec les engagements climatiques pris par la France de faire décliner l’exploitation d’hydrocarbures d’ici 2040 sur son sol et les recommandations de l’Agence Internationale de l’Energie de ne pas exploiter de nouvelles sources d’énergies fossiles. C’est pourquoi les principaux activistes climatiques se sont joints à la manifestation dont Camille Etienne et la plus célèbre d’entre eux, Greta Thunberg. Elle a cherché à se fondre dans la foule où avaient pris place des élus écologistes dont le maire de Bordeaux, Pierre Hurmic.
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Après Big Tobacco, Big Oil !
15 février 2024, par JMTAlors que les températures dépassent les 37 degrés Celsius en Amérique du Sud en plein hiver, le sénateur Bernie Sanders (Indépendant-Vermont) demande aux autorités fédérales de reconnaître enfin les mensonges persistants de l’industrie des combustibles fossiles concernant la crise climatique et de poursuivre l’industrie de la même manière que le ministère de la Justice a poursuivi les industries du tabac (Big Tobacco) il y a plusieurs dizaines d’années. Dans une tribune publiée jeudi par MSNBC, Sanders demande aux autorités de reconnaître que les entreprises du secteur des combustibles fossiles « violent clairement » les lois sur le racket, la publicité, la protection des consommateurs et d’autres lois dans le cadre de leur campagne visant à répandre le déni climatique et à condamner les générations futures à vivre sur une planète invivable. « Les entreprises de combustibles fossiles savaient. Elles savaient qu’elles étaient à l’origine du réchauffement climatique et qu’elles menaçaient l’existence même de la planète », a écrit Sanders. « Et pourtant, dans leur quête de profit, les dirigeants des entreprises de combustibles fossiles ont non seulement refusé de reconnaître publiquement ce qu’ils avaient appris, mais, année après année, ils ont menti au sujet de cette menace existentielle. Et ils continuent aujourd’hui à financer des campagnes de désinformation ».
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L’hydrogène « blanc », le nouvel Eldorado ?
7 février 2024, par JMT« Le plus gros gisement d’hydrogène blanc du monde découvert en Lorraine », « un trésor dans le sous-sol », « le nouvel eldorado français… » Certains titres de presse fleurent bon l’optimisme après l’annonce en mai 2023, de la « découverte d’hydrogène naturel dans le bassin minier lorrain » par l’entreprise La Française de l’énergie (FDE). Hydrogène naturel ? On parle aussi d’hydrogène « natif » ou « blanc ». Ce gaz se crée de manière continue dans la croûte terrestre grâce à des interactions entre l’eau et certaines roches. Récupéré et purifié, il est directement utilisable, alors que l’hydrogène actuel doit être produit industriellement. Deux techniques sont possibles : la première fait réagir du méthane et de la vapeur à très haute température – on parle de vapocraquage –, moyennant de fortes émissions de carbone. Il s’agit d’hydrogène « gris ». La seconde technique fait passer un courant électrique dans de l’eau, c’est l’électrolyse, plus coûteuse mais décarbonée si l’électricité l’est aussi. C’est l’hydrogène « vert ».
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Le chauffage au bois contribue au réchauffement climatique
5 février 2024, par JMTL’exploitation de la biomasse pour se chauffer est toujours présentée comme un moyen neutre, moderne, écologique de répondre à l’urgence environnementale et climatique. Et pourtant, couper des arbres pour les brûler n’est pas une solution acceptable face à l’urgence climatique actuelle. Une publication de l’European Academies Science Advisory Council (EASAC), une structure européenne collaborative et bénévole d’aide à la décision en matière de science, mettait en garde, dès 2019, contre les prétendus bienfaits environnementaux du chauffage au bois. Ces dernières années, la production mondiale de granulés de bois utilisant la biomasse forestière comme matière première a fortement augmenté, atteignant 60 millions de tonnes en 2023 (contre 24 millions de tonnes en 2019). L’Europe est le principal producteur mondial de granulés de bois, avec une production de 30 millions de tonnes en 2023, la moitié de la production mondiale. L’Amérique du Nord arrive en deuxième position, avec une production de 18 millions de tonnes en 2023 (FAO). La majeure partie de la production industrielle de granulés est destinée à la production d’électricité. En 2023, la puissance installée mondiale des centrales électriques à granulés de bois était estimée à 120 GW, principalement en Europe et en Asie avec respectivement 40 GW et 45 GW de puissance installée.