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Librement inspiré par "Abysses" de Frank Schätzing
L’homme et son environnement marin
Par Bruno BOURGEON
mercredi 17 avril 2024, par
L’homme et son environnement marin
L’eau constitue 70% de la surface terrestre. D’un point de vue biologique, l’eau possède de nombreuses propriétés distinctes qui sont essentielles à la prolifération de la vie.
Elle remplit ce rôle en permettant aux composés organiques de réagir de manière à permettre leur réplication. Toutes les formes de vie connues dépendent de l’eau. L’eau est vitale à la fois comme solvant dans lequel se dissolvent de nombreux solutés du corps et comme élément essentiel de nombreux processus métaboliques au sein du corps.
L’eau est fondamentale à la photosynthèse et à la respiration cellulaire. Les cellules photosynthétiques utilisent l’énergie du soleil pour séparer l’hydrogène de l’oxygène.
En présence de lumière solaire, l’hydrogène se combine avec le CO2 (absorbé par l’air ou l’eau) pour former du glucose et libérer de l’oxygène.
La cellule végétale est la base de la vie. Toutes les cellules vivantes utilisent ces carburants et oxydent l’hydrogène et le carbone pour capter l’énergie solaire et reformer l’eau et le CO2 dans le processus (respiration cellulaire).
Et que faisons-nous de cette eau ?
Malgré l’interdiction de 1994, les déchets nucléaires continuent à être déversés dans la mer. A la sortie de la tuyauterie de rejet de l’usine de retraitement de La Hague, dans le Cotentin, GreenPeace a mesuré un taux de radioactivité dix-sept millions de fois supérieur à la normale.
Au large de la Norvège, le goémon et les crabes sont contaminés au technétium, matière radioactive. Un organisme anti-nucléaire norvégien a identifié la source de contamination comme étant l’usine de retraitement de Sellafield, en Grande-Bretagne, trop vétuste.
Des géologues américains conseillent d’enfouir les déchets hautement radioactifs dans le fond marin en les introduisant au moyen de tubes descendant jusqu’à mille mètres de profondeur.
A partir de 1959, les Soviétiques ont commencé à déverser dans l’océan Arctique d’énormes quantités de déchets nucléaires, y compris les réacteurs au rebut. Près d’un million de tonnes d’armes chimiques sont actuellement en train de rouiller sur les fonds marins, à des profondeurs se situant entre 500 et 4000 m.
Des centaines de tonnes de tonneaux contenant des déchets faiblement radioactifs issus des secteurs médicaux, de la recherche, et de l’industrie sont stockés au large de l’Espagne. Du plutonium provenant des essais atomiques effectués dans les mers du sud a été découvert par les chercheurs au milieu de l’océan Atlantique, par plus de 4000 m de fond.
Les services hydrographiques britanniques ont dénombré le chiffre de 57435 épaves dans les profondeurs océaniques, dont celles de plusieurs sous-marins atomiques russes et américains.
Le DDT, dénoncé en 1962 par Rachel Carson, menace les organismes marins. Transporté par les courants, il se diffuse dans le monde entier et s’accumule dans les chaînes alimentaires.
Des agents polybromés, ignifuges des ordinateurs et des téléviseurs, ont été retrouvés dans la chair des cachalots ; 90% des espadons pêchés sont empoisonnés au Hg, auquel il faut rajouter du PCB pour 25% d’entre eux.
Dans la mer du Nord, on a retrouvé des buccins femelles avec des pénis. Le responsable pourrait être le tributylétain des peintures employées pour le carénage des bateaux.Chaque forage pollue le fond marin sur 20 km2. Un tiers de ce fond est pratiquement dénué de vie.
Les champs électriques des câbles sous-marins perturbent l’orientation des saumons et des anguilles. De plus, le smog électrique a des répercussions sur la croissance des larves. La prolifération des algues et la disparition des poissons se vérifient dans des proportions dramatiques, et ce à l’échelle mondiale.
L’Etat d’Israël ayant refusé de signer l’accord sur les déchets industriels, la société Haïfa Chemicals à elle seule déverse chaque année 60 000 t de déchets toxiques dans la mer.
Le plomb, le mercure, le cadmium, l’arsenic, et le chrome sont transportés par les courants jusqu’en Syrie et à Chypre. Les usines d’engrais du golfe de Gabès (sud-est de la Tunisie) rejettent quotidiennement 12 800 t de phosphogypse à la mer.
La FAO, l’organisation des nations-Unies pour l’alimentation et l’agriculture, estime que 70 espèces de poissons sur les 200 espèces les plus importantes sont menacées. Parallèlement le nombre de pêcheurs continue d’augmenter.
En 1970, on en avait recensé 13 millions ; en 1997, ils atteignaient le nombre de 30 millions. Les chaluts de fond utilisés pour la pêche au cabillaud, au lançon, et au saumon de l’Alaska, causent des dommages dévastateurs pour les fonds marins .
Des écosystèmes complets sont littéralement balayés. Les mammifères marins, les poissons carnassiers et les oiseaux marins ne trouvent plus leur nourriture.
Le bunker C, le carburant le plus utilisé par les bateaux, encore appelé fuel lourd, est nettoyé avant d’être brûlé pour éliminer les cendres, les métaux lourds et les sédiments. Les déchets visqueux qui résultent de cette opération sont bien souvent rejetés illicitement en haute mer par les capitaines.
Des chercheurs de Hambourg ont simulé la récolte à grande échelle, prévue au large du Pérou, à 4000 m de fond, des nodules de manganèse (ou nodules polymétalliques). Leur bateau a labouré à la herse une surface de fond marin de 11 km2, entraînant la mort d’innombrables organismes.
Des années plus tard, la région ne s’était pas encore régénérée. En Floride, la terre déversée lors de travaux de construction qui s’était répandue sur les bancs de coraux des Florida Keys a étouffé une grande partie de la vie sous-marine.
Des chercheurs ont découvert que les concentrations de dioxyde de carbone dans l’atmosphère résultant de l’élévation croissante de la combustion des énergies fossiles empêchaient la formation des récifs coralliens.
En effet, l’absorption de CO2 par l’eau augmente son acidité, et entraîne calcifications des planctons et des coraux. Mais cette information ne gêne nullement les grands groupes énergétiques, qui prévoient de rejeter d’énormes quantités de CO2 directement dans la mer pour préserver l’atmosphère.
Après cette fastidieuse énumération, l’on voudrait me faire croire que l’Homme est au sommet de la création ? Mais quelle autre espèce passe son temps à détruire son habitat ?
Notre supériorité prétendue viendrait de notre survie comme unique espèce dont toutes les autres branches se sont asséchées ? Nous avons gagné la place prépondérante sur la planète, mais ne confondons pas les parvenus de l’évolution avec la suprématie intérieure et la survie à long terme.
Nous pourrions disparaître plus vite que nous le souhaiterions. Placez le développement cérébral et de notre conscience dans le panorama de la Nature : y voyez-vous un progrès ?
Notre vision subjective du monde nous pousse à considérer comme un progrès notre intelligence et notre conscience. Or la seule chose que l’Homme a apportée à l’écosystème terrestre est sa progressive destruction.
Nous ne sommes pas le résultat définitif d’un développement supérieur de la Nature, mais le produit du hasard. Un coup de chance cosmique. Le jour où le Chicxulub a dévasté la Terre et exterminé les dinosaures.
Nous ne sommes qu’un petit groupe de mammifères, surtout pas une réussite de l’évolution. Les mammifères les plus réussis sont les rats, les antilopes, et les chauves-souris. Nous ne sommes pas le couronnement de l’Histoire de la Terre.
La vie n’a aucune impulsion générale en direction du progrès. Elle ajoute simplement à l’espace écologique un élément complexe, tout en conservant la forme simple des bactéries et des archées d’il y a trois milliards d’années.
Aucune raison d’y voir une amélioration en quoi que ce soit. Ce sont des espèces extrêmement spécialisées comme l’Homme qui s’éteignent lorsqu’elles sont soumises à des conditions extrêmes parce qu’elle ne sont pas capables de s’adapter : la constitution humaine fait que l’on s’adapte beaucoup plus facilement aux grands froids qu’aux extrêmes chaleurs.
Nous ne sommes pas une réussite. Les requins existent sur Terre depuis le Dévonien, soit 400 millions d’années. Il y en a 350 espèces. Sachons nous placer dans la Nature, et non hors d’elle.
Ce qui signifie que toutes nos actions, toutes nos pensées, toutes nos décisions, doivent être mesurées à cette aune. Hors de ce champ, point de salut. Pas de justice sociale sans justice environnementale.
Pas de plan industriel sans mesure des déchets de ces industries. Pas de développement agricole sans abolition de toute forme de -cides. Nous sommes dans la Nature. Respectons-la, si nous voulons nous respecter.
Bruno Bourgeon, président d’AID http://www.aid97400.re
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