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D’après Notre Planète Info du 10 février 2022

Les éoliennes offshores ne font pas l’unanimité

Par Bruno Bourgeon

vendredi 18 mars 2022, par JMT

Les éoliennes offshores ne font pas l’unanimité

Parc éolien marin

La France jouit d’une façade maritime atlantique exceptionnelle, balayée par des vents réguliers qui lui assurent une ressource énergétique conséquente. Avec 3500 km de côtes, la France métropolitaine dispose du 2e gisement de vent d’Europe derrière le Royaume-Uni et devant l’Allemagne. C’est pourquoi l’éolien s’est installé dans le paysage français et représente 8% de la production électrique. Ces performances confortent l’éolien en 2ème position des EnR en France, derrière l’hydraulique.

Selon la Commission européenne, la filière de l’éolien en mer devrait atteindre une capacité européenne de 300 GW d’ici à 2050. En France, le dernier Comité interministériel de la mer (CIMER) établissait en janvier 2021 que « sur ces 300 GW, la France dispose d’un potentiel de 49 à 57 GW ». L’étude RTE d’octobre corrobore ces chiffres : l’éolien en mer peut représenter jusqu’à 62 GW.

Or, la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) publiée en avril 2020 prévoit un objectif de 5,2 à 6,2 GW d’éolien en mer en service en 2028 alors que l’objectif du Gouvernement britannique pour l’éolien en mer est d’atteindre 40 GW en 2030. L’Allemagne devrait dépasser son objectif 2020 fixé à 6,5 GW et table sur 20 GW à horizon 2030 et 40 GW en 2040.

Au regard de ces chiffres et après une analyse détaillée du potentiel, France Énergie Éolienne (FEE) et le Syndicat des Énergies Renouvelables (SER) affirment qu’une capacité d’au moins 50 GW en 2050 est atteignable pour le mix énergétique français et considèrent que l’éolien, plus précisément en mer, est un moteur essentiel pour mener la transition énergétique.

Les deux acteurs de la filière se veulent rassurants : « l’installation de 50 GW d’éolien en mer au large des côtes métropolitaines ne représenterait qu’une occupation de 2,8 % de l’espace, occupé à usage non exclusif », précisent-ils.
L’éolien offshore en France, se présentera sous la forme de parcs de dizaines d’éoliennes de 8 MW et d’une hauteur unitaire de plus de 190 m avec un diamètre de rotor de 160 m. Puis, des éoliennes de 14 ou 15 MW seront installées dans le futur, d’une hauteur de plus de 260 mètres.

En termes économiques, l’éolien en mer est aujourd’hui l’une des sources d’énergie les plus compétitives du marché parmi les nouvelles installations de production électrique, le dernier appel d’offres pour un parc de 600 MW au large de Dunkerque, ayant été attribué à un prix de 44 € / MWh (entre 110 et 120 € / MWh pour l’EPR).

Depuis 2010, 600 millions d’euros ont déjà été investis dans les ports français pour permettre l’installation de capacités éoliennes en mer où 1/3 des unités européennes de production d’équipements d’éoliennes en mer sont situées en France (Montoir-de-Bretagne, Saint-Nazaire, Cherbourg et Le Havre). En parallèle, l’éolien flottant est en passe de devenir une spécialité française à forte valeur ajoutée : les premiers projets pilotes d’éoliennes flottantes seront mis en service en Bretagne et en Méditerranée d’ici 2023.

Au niveau de l’emploi, la construction des premiers parcs fait travailler 5200 personnes (Observatoire de l’éolien 2021). Dans le cadre d’un développement pour 2035, plaçant la trajectoire nationale dans la moyenne basse des rythmes de développement prévus chez nos voisins européens, la filière prévoit la création d’emplois locaux de 20 000 salariés dans l’éolien en mer sur le territoire national.

Et pourtant, l’éolien offshore cristallise encore plus fortement d’opposition que les éoliennes terrestres. En effet, les éoliennes en mer sont accusées de tous les maux : très coûteuses, peu efficaces, ne permettraient pas de diminuer les émissions de carbone, dénatureraient les littoraux et appauvriraient la biodiversité marine. C’est pourquoi certaines associations de protection de l’environnement se mobilisent.

Pour Lamya Essemlali, Présidente de Sea Sheperd, ces projets auront un impact « colossal, impossible à compenser et irréversible pour la biodiversité marine, première régulatrice du climat, première productrice d’oxygène et premier puits de carbone de la planète. » L’organisation publie un rapport très critique sur l’éolien en mer.

Extraits : « L’essentiel de la vie marine se concentre sur le littoral. En effet, l’océan dans sa globalité peut être considéré comme un grand désert dans lequel des oasis permettent à la vie marine de se nourrir, de se reposer et de se reproduire. Or, ces oasis sont près des côtes, pas en haute mer, précisément le long des côtes là où les parcs éoliens vont s’ériger.

Or, les parcs français sont construits trop près des côtes : par facilité technique et financière, tous les parcs français actuellement décidés l’ont été dans la zone des 12 miles, entre 10 à 20 km des côtes, alors que la moyenne en Europe est de 41 km. Pour atténuer l’impact sur les oiseaux marins et les chauves-souris, il faut absolument s’éloigner de la zone des 12 miles, sans être trop au large non plus pour ne pas impacter les cétacés.

« Cependant, l’ancrage au sol des éoliennes offshores pourrait aussi permettre aux poissons de s’abriter, de se nourrir et de se reproduire, comme des dispositifs de concentration de poissons. On parle d’effet « récif », suite à l’étude d’éoliennes installées en Belgique notamment. Mais la diversité baisse après une première phase d’installation, en raison de la compétition d’espèces invasives, et leur filtrage important de l’eau amoindrirait les ressources disponibles pour les espèces des milieux sableux.

« A noter aussi l’effet réserve du parc éolien puisque les bateaux ne peuvent plus pêcher dans les zones où sont installées les parcs. Une conséquence a priori positive mais les études en Mer du Nord montrent que l’effet « réserve naturelle » est contre balancé par une pêche plus intensive autour des parcs ou par le report de la pêche dans des zones auparavant peu exploitées.
« Enfin, notons que les façades maritimes françaises jouissent d’une importante biodiversité, comparativement aux zones éoliennes en Mer du Nord, ce qui augmente d’autant les pressions et les enjeux. »

Sea Sheperd dénonce aussi des études d’impact incomplètes, non indépendantes, qui laissent beaucoup d’incertitudes quant aux impacts sur la vie marine, tandis que les mesures de compensation restent minimalistes. En conclusion, le déficit d’information sur le coût environnemental (via la destruction de la biodiversité) des usines éoliennes est colossal et ne permet pas un débat éclairé. Un leitmotiv que l’on retrouve dans de nombreux projets préjudiciables à l’environnement.

Ces critiques ne font pourtant pas l’unanimité dans les associations de défense de l’environnement. Les plus importantes ont tendance à se ranger du côté des parcs éoliens ou à éviter la question (LPO, Fondation Nicolas Hulot...), tandis que ce sont les associations plus locales s’élèvent contre des projets qui vont aussi modifier fortement le paysage littoral.

A titre d’illustration, le 11 septembre 2021, un débat public s’est tenu à La Rochelle (Charente-Maritime) où un parc éolien doit être réalisé au large de l’île d’Oléron, dans une zone Natura 2000. De nombreuses associations de défense de l’environnement étaient présentes dont Sea Sheperd qui dénonce des réponses incomplètes voire incohérentes des promoteurs aux questions liées à l’impact de l’usine sur la vie marine, qui ne font que confirmer leurs inquiétudes.

Sea Sheperd a déposé plainte début février 2022 devant la Commission européenne contre le projet du parc éolien en baie de Saint-Brieuc après avoir déposé plainte devant le Conseil d’État le 7 janvier 2022 pour contester 59 dérogations de destruction d’espèces et d’habitats protégés accordées à l’industriel espagnol Iberdrola.

Toujours est-il que 71 % des Français sont favorables au développement de l’éolien en France, et même 79 % chez ceux habitant à moins de 10 km d’un parc éolien (enquête Harris Interactive pour le Ministère de la Transition écologique, août 2021). Cependant, Un sondage IFOP publié en février 2021 intitulé « Les éoliennes, plus on les connait, moins on les aime » montre notamment que la perception positive de l’énergie éolienne est inversement proportionnelle à la connaissance qu’en ont les Français. Rappelons qu’il est assez difficile de se fier aux sondages dont les méthodes et l’orientation des questions restent très discutables.

Soulignons enfin que l’engouement pour l’éolien est particulièrement spectaculaire en Chine : 47,57 GW d’éolien ont été déployés en 2021 dont 16,9 GW en offshore, c’est près de trois fois plus que toutes les installations dans le monde en 2020 ! Preuve que l’éolien jouera un rôle croissant dans l’indispensable transition énergétique, que l’on soit pour ou contre.

Bruno Bourgeon http://www.aid97400.re
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