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Traduction d’AID pour Les-crises.fr n° 2022-026

Le réchauffement alimente le réchauffement !

Par Jake Johnson , traduit par Jocelyne le Boulicaut

jeudi 3 mars 2022, par JMT

AID soutient financièrement le très intéressant site "Les-crises.fr" depuis plusieurs années. Nous avons fait un pas de plus en participant aux traductions des textes anglais quand le site fait appel à la solidarité de ses adhérents. Nous avons donc mandaté une de nos adhérentes, Jocelyne LE BOULICAUT, enseignante universitaire d’anglais retraitée, pour y participer en notre nom et nous indemnisons son temps passé avec notre monnaie interne

Le réchauffement alimente le réchauffement !

Le 9 février 2022 par Jake Johnson / Common Dreams https://scheerpost.com/2022/02/09/scientists-fear-soaring-methane-levels-show-climate-feedback-loop-has-arrived/

La Terre est bleue comme une orange (Jasn / Flickr (CC BY-NC 2.0))

Des scientifiques redoutent que la hausse des niveaux de méthane ne démontre que la boucle de rétroaction climatique est atteinte.

Des données récentes du gouvernement américain mettant en évidence la croissance rapide des concentrations de méthane dans l’atmosphère au cours des dernières années inquiètent de plus en plus certains scientifiques, qui craignent que la crise climatique causée par l’homme n’ait activé une boucle de rétroaction hostile, qui pourrait entraîner un réchauffement planétaire irréversible.

Des recherches publiées en janvier par la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) ont démontré que les concentrations de méthane dans l’atmosphère – un gaz à effet de serre 80 fois plus puissant que le dioxyde de carbone sur une période de 20 ans – ont dépassé les 1 900 parties par milliard en 2021, qui a été la quatrième année la plus chaude jamais enregistrée.

Comme le rapportait Nature mardi, « L’augmentation des émissions de méthane a ralenti au tournant du millénaire, mais a amorcé une hausse rapide et inexpliquée vers 2007. »

« Ce pic a amené de nombreux chercheurs à s’inquiéter de ce que le réchauffement climatique est en train de créer un mécanisme de rétroaction qui entraînera une libération toujours plus importante de méthane, ce qui rendra encore plus difficile le contrôle de la hausse des températures », a noté le média. « Les hypothèses pour expliquer [l’envolée de méthane] vont de la progression de l’exploitation du pétrole et du gaz naturel ainsi que de celle des émissions des sites de déchets jusqu’à la prolifération des troupeaux de bétail et l’activité accrue des microbes dans les zones humides. »

Les zones humides tropicales, telles que le Pantanal au Brésil, sont une source importante d’émissions de méthane. (Crédit : Carl De Souza/AFP via Getty)

Euan Nisbet, spécialiste des sciences de la Terre au Royal Holloway de l’université de Londres, a déclaré à Nature que « les niveaux de méthane augmentent à un rythme dangereux », alors que les puissances du monde entier refusent de mettre fin à l’extraction du charbon, du gaz naturel et autres sources de pollution.

« Le réchauffement alimente-t-il le réchauffement ? C’est une question incroyablement importante, a déclaré Nisbet. Pour l’instant, pas de réponse, mais ça y ressemble beaucoup. »

Les scientifiques craignent depuis longtemps que la combustion continue de combustibles fossiles ne déclenche une réaction en chaîne dont les conséquences – notamment un réchauffement climatique toujours plus important – ne soient irréversibles.

Alors que les chercheurs continuent de travailler pour établir dans quelle mesure l’activité humaine est responsable du pic alarmant des niveaux de méthane dans l’atmosphère de ces dernières années, certains scientifiques ont déjà mis en garde contre le fait de qualifier certaines causes d’émissions de méthane – comme le dégel du pergélisol – comme causes « naturelles », alors qu’elles sont le plus souvent le fait du réchauffement induit par l’homme.

D’où vient le méthane ?

« Quelle que soit l’issue de cette énigme, l’humanité n’est pas tirée d’affaire, a souligné Nature ce mardi. Sur la base de leur dernière analyse des tendances isotopiques, l’équipe [du scientifique Xin Lan de la NOAA] estime que les sources anthropiques telles que le bétail, les déchets agricoles, les décharges et l’extraction de combustibles fossiles sont responsables d’environ 62 % des émissions totales de méthane depuis 2007 jusqu’en 2016. »

Les derniers chiffres de la NOAA ont été publiés quelques mois après que le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a averti dans son rapport phare de 2021 que les niveaux de méthane dans l’atmosphère sont actuellement plus élevés qu’à n’importe quel moment de ces 800 000 dernières années.

En dépit de ce constat alarmant, les responsables politiques mondiaux n’ont pris que peu de mesures pour lutter efficacement contre les émissions de méthane lors du sommet sur le climat COP26 en novembre. Alors que des dizaines de nouveaux pays ont rejoint l’engagement de réduction des émissions de méthane de 30 % par rapport aux niveaux de 2020 d’ici la fin de la décennie, les groupes de défense du climat ont fait valoir que « les promesses ne sont que des mots sur un papier dépourvus de toute action concrète pour les rendre réels. »

Les niveaux records de méthane constituent une nouvelle menace pour l’accord de Paris sur le climat © AFP

Dans le cadre des négociations de la COP26, l’administration Biden a dévoilé des normes visant à réduire les émissions de méthane des États-Unis, mais les critiques ont déclaré que ces mesures étaient loin d’être suffisantes. Les États-Unis sont le deuxième plus grand émetteur de méthane au monde.

« Depuis trop longtemps, nous connaissons les effets néfastes de ce puissant polluant qui piège la chaleur, nous savons que les activités pétrolières et gazières continuent d’en être une source majeure et nous savons qu’il existe déjà des solutions pour réduire rapidement les émissions dans l’ensemble du secteur. Pourtant, les activités pétrolières et gazières continuent de rejeter des émissions de méthane à un niveau inacceptable et totalement évitable », a déclaré Julie McNamara, directrice politique adjointe du Programme sur le climat et l’énergie de l’Union of Concerned Scientists.

« Une réduction rapide des émissions de méthane, a ajouté McNamara, entraînera à court terme des progrès climatiques considérables et indispensables. »

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