De Rugy et les mini-centrales nucléaires

De Rugy et les mini-centrales nucléaires

Ah ! François de Rugy. Tout un poème. Particularité : ne sait jamais sur quel pied danser. Voici les faits. Le seigneur Macron, le fait du prince, a décidé qu’il n’était pas question de renoncer au nucléaire. Il ne pouvait incommoder ses vassaux, en décrétant, quelle folie, la sortie du nucléaire. Et il avait bien raison, car comment gagner une élection en étant courageux ?

Il lança donc en fanfare les mini-centrales, sorties de la cuisse de, vous ne devinez pas, si, si, de Jupiter. Dont EDF nous serine, naturellement, qu’elles sont « plus économiques et plus écologiques ». On appelle cela les SMR, pour Small Modular Reactors. Et ceci hors de tout débat. L’atome de plus en plus sanctuarisé.

La centrale thermique de Cordemais (Loire-Atlantique) va-t-elle être transformée en petite centrale nucléaire ? © Radio France - Pascal Roche

Problème : où placer les nouveaux réacteurs ? Evidemment le long des fleuves et au bord de la mer, pour des nécessités de refroidissement. Voici Mme Christelle Morançais, présidente LR des Pays de Loire, qui a l’idée de remplacer la vieille centrale à charbon de Cordemais (44), en aval de Nantes, qui doit fermer en 2026, par une SMR. Tiens donc ? Cette centrale vétuste n’en finit pas de faire prendre des risques à ses ouvriers : encore un mort et un blessé, le lundi 22 novembre. Précédent accident mortel en 2016. Que faire des 330 salariés ? Le maire de Cordemais, pro-nucléaire, a cet argument massue : « il va bien falloir continuer à produire de l’électricité avec des moyens pilotables ». Et Mme Morançais de rajouter, sans rire, que ce dossier a un enjeu de souveraineté énergétique pour le territoire.

Là-dessus, le retour du poète, l’homme aux homards, ex-président de l’Assemblée Nationale, ex-ministre de l’écologie de Jupiter, mais toujours député de Loire-Atlantique, ex-écolo à la mode Placé, s’en vient ajouter son grain de sel. On se souvient que, jeune manifestant, il n’aimait pas l’atome. Il est encore anti-nucléaire en 2016 lors de la Primaire de la Gauche, où il s’est rallié sans aucune vergogne à Macron. Tel un quelconque Valls. C’est beau, les convictions. En 2021, il lâche à l’Obs : « quand on regarde les choses rationnellement, on voit qu’il est illusoire de se passer du nucléaire ». Un homme aussi courageux, transgressif, devrait se féliciter de la belle idée de Mme Morançais. C’est chez lui, après tout ? Or ne voilà-t-il pas qu’il déclare à Ouest-France : « la tendance est à augmenter la puissance des sites nucléaires. Pas à les multiplier ». Je vous jure, il y en a qui ne manquent pas d’air.

Risible ? Très. De Rugy a vite compris que la construction d’une centrale nucléaire, fût-elle petite, ruinerait au passage ses ambitions municipales nantaises. Voire sa misérable carrière d’arriviste peinturluré de vert. Car on repartirait dans une bataille au cours de laquelle on rappellerait ses innombrables trahisons. Fermant ainsi son accès à la mairie nantaise. Par conséquent : oui au nucléaire. Oui à Macron. Mais là-bas. Loin. Bravo.

Bruno Bourgeon, http://aid97400.re D’après Charlie-Hebdo n° 1530

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LIEN

* Centrale de Cordemais : le projet de petit réacteur nucléaire divise les élus mayennais
Lundi 25 octobre 2021 à 18:38 - Par Gildas Menguy, France Bleu Mayenne

* Centrale thermique de Cordemais - Wikipédia

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