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D’après Notre-Planète.info du 12 octobre 2021

Le Hamburger, à l’origine de la pénurie en eau aux Etats-Unis ?

Par Bruno Bourgeon

lundi 1er novembre 2021, par JMT

Le Hamburger, à l’origine de la pénurie en eau aux Etats-Unis ?

Dans de nombreuses régions, la consommation anthropique croissante en eau douce approche ou dépasse maintenant le rythme auquel les ressources en eau se reconstituent. Ce qui engendre des risques de pénurie d’eau pour les populations et les écosystèmes.

Dans un article publié dans la revue Nature Sustainability, le professeur Peter Debaere de l’University of Virginia et une équipe interdisciplinaire de chercheurs ont tenté d’identifier précisément les endroits des USA où le stress hydrique est le plus intense. Les chercheurs ont également essayé de déterminer les causes de cette situation.

Hamburger (Crédit : Shutterbug75 / Pixabay - Licence : CC0)

Au cours des 30 dernières années, les technologies d’économie d’eau, les stratégies de préservation des sources, ainsi qu’une économie axée sur des services moins gourmands en eau, ont permis de stabiliser la consommation d’eau aux États-Unis.

Cependant, à cause principalement des sécheresses engendrées par le changement climatique et de l’utilisation croissante d’eau, les bassins versants sont à nouveau sous tension. Les faibles niveaux d’eau ont mis en danger des centaines d’espèces de plantes et d’animaux et ont causé des milliards de pertes agricoles ces dernières années.

Selon les résultats de cette étude, l’irrigation des cultures destinées fourragères est devenue le plus grand consommateur d’eau de rivière dans l’ouest des États-Unis. Autrement dit, la consommation de bœuf et de produits laitiers issus des vaches sont les principaux facteurs de pénurie en eau dans cette région.

La consommation de la viande de bœuf pourrait être le principal facteur de pénurie d’eau aux États-Unis, en particulier le long du fleuve Colorado qui traverse des régions semi-désertiques. L’élevage nécessite beaucoup plus d’eau que les cultures pour une production alimentaire équivalente.

Ainsi, la production d’1 kcal d’origine animale a une empreinte eau de 2,5 litres en moyenne, contre 0,5 litre pour 1 kcal d’origine végétale. Pour produire 1 kg de viande de bœuf, il faut plus de 1 000 litres d’eau.

A l’aide d’un indice de stress en approvisionnement en eau (Water Supply Stress Index), les universitaires ont calculé l’ampleur de l’épuisement de la ressource dans les bassins versants du pays, en le comparant au débit des rivières. Ils ont constaté que la pénurie d’eau aux États-Unis n’est pas répartie de manière uniforme, mais qu’elle se concentre à l’Ouest du Mississippi.

Ainsi, dans le bassin du Colorado, la consommation en eau a été supérieure à la quantité d’eau disponible les 3/4 du temps, entre 2000 et 2015. Cela entraîne l’épuisement des « réservoirs du lac Powell et du lac Mead », explique Peter Debaere.

En analysant les sources de cet épuisement, les chercheurs ont identifié que les cultures destinées à l’alimentation du bétail, telles que la luzerne et le foin, sont très gourmandes en eau. Ils ont découvert qu’à l’échelle nationale, ces cultures représentent 23 % de la consommation d’eau, dont 32 % dans les États de l’Ouest et 55 % dans le bassin du Colorado.

Cette étude retrace le parcours du bœuf nourri par les cultures fourragères irriguées. Une grande partie de l’eau, ce qui n’est pas surprenant, est acheminée vers les grandes zones urbaines, notamment Los Angeles, Portland, Denver, San Francisco et Seattle.

Cependant, le problème de la pénurie d’eau ne provient pas nécessairement de l’histoire d’amour de l’Amérique avec les hamburgers. Ce sont plutôt les endroits choisis pour faire pousser les cultures qui ne sont pas judicieux. En effet, il est sans doute moins cher pour les agriculteurs de cultiver dans l’Ouest, plus près de la source de production du bétail - mais c’est seulement parce que les externalités négatives (le coût de la ressource en eau) ne sont pas prises en compte.

Mais il n’est pas facile de répondre à cette question. Faire payer un prix plus élevé pour l’eau ou limiter la production agricole : ce genre de débat augmente rapidement les tensions entre les citadins et les agriculteurs sur la question de savoir à qui appartient le droit d’utiliser l’eau.

L’étude propose des mises en jachère, dans lesquels les agriculteurs sont payés pour garder un certain pourcentage de leurs terres inutilisées au cours d’une période, ce qui réduit la pression sur l’approvisionnement global en eau tout en compensant les agriculteurs pour leurs pertes.

Les auteurs préconisent également de réduire la production d’aliments pour le bétail, constatant que la mise en jachère temporaire et la rotation des cultures fourragères irriguées peut réduire considérablement les risques de pénurie d’eau et améliorer la durabilité écologique.

Et bien sûr, il faudra inciter les Américains à consommer moins de viande de bœuf qui dépend des cultures fourragères irriguées et qui est une catastrophe écologique et une source de souffrance inacceptable.

La lutte contre le stress hydrique ne passe pas par un brossage de dents plus court, ou une douche plutôt qu’un bain. La surconsommation d’eau est étroitement liée à la production alimentaire. Depuis des années, Peter Debaere concentre ses recherches sur l’économie de la production et de la rareté de l’eau. Un leitmotiv qui s’impose comme une solution efficace dans de nombreuses problématiques environnementales.

Bruno Bourgeon,AID

D’après Notre-Planète.info du 12 octobre 2021

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