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Un double texte sur la décroissance

La décroissance peut-elle sauver notre monde ?

Par Bruno Bourgeon

vendredi 1er octobre 2021, par JMT

La décroissance peut-elle sauver notre monde ? (I) Décroissance, Fake or not

Consommer moins, ou autrement, pour réduire notre empreinte carbone et lutter contre le dérèglement climatique, voire même ne plus consommer du tout, c’est le principe de la décroissance.

La décroissance s’oppose à la croissance, à l’augmentation perpétuelle du PIB d’un état. C’est un concept économique, politique, et social, estimant que la croissance infinie dans un monde fini ne peut mener qu’à la catastrophe écologique et sociale.

Opposée au capitalisme, la décroissance refuse également la notion de développement durable, car le développement, même durable, requiert une croissance. D’ailleurs développement durable est un oxymore.

Dorine et André Gorz

André Gorz a été le premier à avoir évoqué cette notion en 1972. Le philosophe et journaliste qui s’inquiète (déjà !) du réchauffement climatique imagine une société où l’individu n’est plus étroitement lié à sa consommation et à son travail. Le Club de Rome venait de publier son célèbre rapport sur les limites de la croissance, rapport qui est le premier à questionner les milieux économiques sur l’impact de la croissance sur la planète.

La décroissance entre réellement dans le débat public dans les années 2000. Elle exige un changement radical de notre mode de vie. Les décroissants tendent vers l’autosuffisance : fabriquer soi-même ses cosmétiques, ses détergents, son pain, ses yaourts, produire ses légumes, tendre au maximum vers le zéro déchet. Donc posséder moins, travailler moins, mais avec plus de sens.

Des communautés ont sauté le pas : éco-villages, éco-lieux, éco-hameaux, se multiplient. Prônant la simplicité volontaire, leurs habitants cherchent à développer une agriculture vivrière, des activités à faible empreinte écologique, avec une organisation communautaire. Selon le Global Eco village Network, ces éco-lieux peuvent rassembler de 20 à plusieurs milliers de personnes. En France, les éco-lieux de plus de 100 personnes sont encore peu nombreux.

La décroissance peut-elle être un mode de société ? Des économistes proposent des pistes (Thomas Picketti, les économistes atterrés) :

  • Taxation différente selon les produits pour inciter à consommer moins mais surtout plus écologique
  • Fiscalité « verte » sur les entreprises polluantes
  • Création d’un revenu de base universel
  • Développement de l’économie circulaire qui vise à limiter l’utilisation des ressources en réutilisant les matières
  • Développement des transports publics
  • Développement des énergies alternatives
  • Réduction du temps de travail pour partager les emplois

Ces pistes nécessitent une volonté politique forte et du temps pour changer les habitudes et les mentalités. Elles exigent aussi une collaboration internationale. Un autre modèle est possible : pour vivre mieux, vivons avec moins !

Bruno Bourgeon, www.aid9400.re

D’après « Décroissance, Fake or not », de Vincent Liegey, chez Tana Editions

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* Courrier des lecteurs Zinfos974 du Mercredi 29 Septembre 2021 à 11:12

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* Courrier des lecteurs du Quotidien du

La décroissance peut-elle sauver notre monde ? (II) Idées reçues sur la décroissance

Première idée reçue : avec la décroissance, nous finirons tous au chômage ou pauvres
C’est tout le contraire ! Dans notre société de croissance on n’a jamais autant produit et pourtant on a encore un milliard de personnes en malnutrition chronique. On n’a jamais autant travaillé tout en étant stressé. Et pourtant il y a plein de gens qui souffrent de ne pas travailler. La décroissance ne fait que poser ces questions avec plein de bon sens : qu’est-ce qu’on produit ? Comment le produit-on ? L’idéal serait de répondre de manière soutenable mais aussi intelligente. C’est-à-dire mettre en route l’intelligence collective pour produire des choses intelligemment tout en y prenant du plaisir, en partageant les tâches difficiles et en rompant avec cette construction sociale qu’est le chômage. Donc travailler moins pour tous travailler.

Deuxième idée reçue : la décroissance plongera la France dans la récession
La récession nous pend déjà au nez : cela fait plusieurs décennies qu’on n’a plus de croissance suffisante pour combattre le chômage, on se retrouve dans une société de croissance sans croissance. Deux solutions :
Soit on sort de notre dépendance à la croissance pour aller vers une société qui n’en a plus besoin, puisque la croissance n’est plus possible pour des raisons environnementales évidentes. La décroissance nous invite à y réfléchir. Décroissance choisie, i.e. organisée démocratiquement avec justice sociale et justice environnementale. Avec de l’intelligence collective et de la démocratie.
Soit récession subie, c’est ce qu’on est en train de vivre, ce qui génère tensions sociales, misère, mal-être, et violences dans la société.

Troisième idée reçue : prôner la décroissance, c’est renoncer à l’innovation
Cela remonte à plusieurs années qu’une « élite » technocratique, politique, médiatique et économique, confond deux choses : progrès et innovation technique. Progresser, c’est se poser la question : de quoi a-t-on besoin pour être heureux ?
Pour cela, on peut se réapproprier la technique au service du bien-être.
Mais on peut aussi passer par beaucoup d’autres choses non nécessairement techniques. Ainsi le « care », s’occuper des autres, les solidarités, inventer des modèles techniques alternatifs beaucoup plus transparents et surtout beaucoup plus justes.
Enfin, le progrès peut aussi passer par des formes d’innovations techniques que l’on retrouve dans la décroissance. Se réapproprier les technologies, pas dans le sens qu’elles nous aliènent toujours plus, mais dans le sens qu’elles répondent à des services, donc possiblement plus simples.
Enfin, dans le domaine agricole, les innovations autour de la permaculture, de l’agroécologie, de l’agroforesterie, où on apprend des écosystèmes pour les revitaliser ; et régénérer de la biodiversité. En parallèle, y prendre du plaisir et produire de manière soutenable des choses tout à fait goûtues et délicieuses à cuisiner.

Quatrième idée reçue : miser sur la croissance verte, c’est plus sûr
Ce pari, car il s’agit bien d’un pari, est assez fou. Quand on se penche sur les études scientifiques qui interrogent les problèmes environnementaux –biodiversité, changements climatiques- et qu’on a commencé à investir énormément d’argent dans les nouvelles technologies, les énergies vertes, les énergies renouvelables, la transition écologique, on se rend compte qu’on n’a pas vraiment réussi notre pari. Non seulement on n’a pas spécialement de croissance, mais la base de la croissance verte est une croyance que les technologies nous sauveront demain, lesquelles technologies n’arrivent pas à émerger aujourd’hui.
D’autre part, on n’a toujours pas réussi à réduire notre empreinte écologique, notre impact environnemental, notre impact énergétique. Les études nous montrent que le pari sur lequel tout s’est construit, celui du découplage, c’est-à-dire de penser que l’on pourra continuer de produire toujours plus, à faire toujours plus de croissance, tout en réduisant l’impact environnemental à la hauteur des enjeux, ce pari-là n’a jamais existé.
Aujourd’hui, nous vivons dans une société de surabondance frustrée. Il faut rompre avec ça et se dire : « de quoi ai-je vraiment besoin ? Comment y réponds-je ? » Et derrière, s’épanouir à faire plein de belles choses…

Bruno Bourgeon, www.aid9400.re

D’après « Décroissance, Fake or not », de Vincent Liegey, chez Tana Editions

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* Tribune libre de Clicanoo.re du

* Courrier des lecteurs du Quotidien du vendredi 1 octobre 2021, 8h44