AID Association Initiatives Dionysiennes

Ouv zot zié !

Accueil > Economie > Covid-19 : 1 an après, les conséquences économiques

D’autres facettes du monde d’après... et d’aujourd’hui

Covid-19 : 1 an après, les conséquences économiques

Travail collectif d’AID

samedi 27 mars 2021, par JMT

1ère partie

La France franchit la barre des 90 000 morts du virus, 6 millions de Français ont reçu au moins une première injection de vaccin, les livraisons accusent des retards en Europe et la situation demeure très tendue à l’hôpital. Pour autant, les conséquences économiques balayées sous le tapis du cloisonnement médiatique n’en sont pas moins présentes.


Rue de Rivoli à Paris sous couvre-feu

Voici ce que l’on peut dire des effets économiques de la pandémie, en 12 points.

Ce travail se découpe en deux parties.

1/ Démographie
La pandémie de 2020 a-t-elle eu des conséquences démographiques ? Rien n’est moins sûr. Au 1er janvier, la France compte 67,4 millions d’habitants : très légère hausse de 0,22% par rapport à 2019. Un tiers de l’augmentation tient à l’excès des naissances sur les décès et deux tiers à un excédent migratoire.

Pourtant l’impact de la Covid-19 a été négatif du côté des décès et des naissances. Ceci s’explique par le fait que les autres sources de mortalité ont diminué : grippe, accidents de la route, à quoi s’ajoutent des décès attribués au Covid-19, mais pour des personnes en situation de comorbidité dont une partie serait morte même sans la pandémie.

Pour rappel, la surmortalité liée aux épisodes de grippe sévère s’établit plutôt dans la fourchette de 8 000 à 14 000 personnes. La surmortalité 2020 selon l’INSEE est de 54 000. Pourtant, la pandémie n’a pas laissé, autant que redoutée, son empreinte mortelle sur la France.

Ceci s’explique par un phénomène épidémiologique que l’on appelle les années moissons (2003, 2009, 2012, 2015, 2017, 2020) : ce sont les années où canicule, grippes sévères, ou Covid-19 ont « fauché » les personnes très âgées : la majorité des décès a concerné des individus âgés de plus de 85 ans : la Covid-19 tue ces personnes ayant déjà dépassé l’espérance de vie moyenne à la naissance.

Enfin, la pandémie a également eu un impact significatif sur les naissances. A la fin 2020, les naissances étant inférieures de 7% à celles de 2019 et celles de janvier 2021 de 13% par rapport à janvier 2020. Ces naissances seront simplement différées. Ce n’est pas une bonne nouvelle. On peut cependant discuter, qu’avec la baisse du pouvoir d’achat issu de cette crise sanitaire, beaucoup d’entre nous n’ajournent définitivement leur projet parental.

2/ Croissance : effets différenciés et durables
La croissance mondiale a été en berne, limitée à -3,4%. L’Europe s’en est mal sortie. La récession au sein de la zone euro a été de 6,8%, certains pays comme la France, l’Italie ou l’Espagne affichant des chutes plus marquées, sans même parler du Royaume-Uni, plongé dans un fort recul.

La principale caractéristique de la Covid-19 est que ses effets ont été très différents sur l’ensemble de la planète. Certains pays émergents se sont effondrés, l’Argentine, le Mexique, l’Inde, tandis que d’autres ont fait plus que résister, comme la Turquie et la Chine, championne du monde de la reprise rapide.
Les économies mettront du temps à éponger cette récession.

Le gouvernement français porte une responsabilité : certaines entreprises n’ont pu augmenter leur production alors qu’elles avaient des débouchés, d’autres ont été ralenties par la baisse des transports (mais pourquoi le fret ferroviaire s’est-il ralenti ?), d’autres enfin n’ont pu fabriquer du matériel médical, comme des masques, acheté pour 7 milliards d’euros à l’étranger (0.25% du PIB !)

3/ Le chômage n’a pas explosé…
8% seulement, du jamais-vu depuis 2008 ! Fin 2020, le taux de chômage en France était à la baisse, son taux le plus bas depuis douze ans. L’explication vient du plan de soutien du gouvernement qui a mis l’économie française sous cloche et a pour le moment masqué les réelles difficultés. Ainsi, malgré l’ampleur historique de la crise économique et une récession de 8,3% du PIB en 2020, l’emploi privé n’a reculé que de 1,8% entre le quatrième trimestre 2020 et l’année précédente à la même période.

Une large partie des « non-suppressions » d’emplois tient au chômage partiel, jusqu’à 8,6 millions de travailleurs en avril 2020, lors du premier confinement. Les personnes privées d’emploi et payées à 84% se sont trouvées fragilisées, surtout pour celles vivant en ville dans de petits appartements avec des enfants privés de cantine (d’où des repas supplémentaires à payer).

4/ Pauvreté : un recours massif aux minima sociaux
La crise a épargné les salariés en emploi stable, mais n’a pas manqué les précaires. CDD non renouvelés, intérim en chute libre… Dès les premiers jours du confinement, les précaires qui n’avaient pas cotisé suffisamment ont basculé sur les minimas sociaux. Notamment le RSA, dont le nombre de bénéficiaires s’est envolé en 2020, + 7,5% entre décembre 2019 et 2020.

Le RSA ne fait pas exception : la tendance est la même pour les aides au logement (+ 2,1%) ou l’allocation spécifique de solidarité, destinée aux chômeurs en fin de droits (+ 4,6%). En janvier 2021, 9100 étudiants ont bénéficié d’une aide ponctuelle attribuée par les services sociaux en cas de situation d’urgence ou de détresse avérée, soit une hausse de 39% par rapport à janvier 2020.

Voilà pour la face émergée de l’iceberg. La face immergée se dévoilera lors de la publication des chiffres 2020 de l’Insee sur la pauvreté.

Que se passera-t-il lorsque la pandémie s’éloignera ? Le train de vie actuel est maintenu par les sommes non dépensées, or télétravail et mesures barrières induisent des dépenses supplémentaires à la charge des citoyens (masques, chauffage domestique, équipement internet). La pauvreté sociale, mentale, physique, émerge avec âpreté et certitude après 13mois de mise en cage du pays, conditionnée par la terreur et les stress induits. Notre nation est remodelée par Jupiter et ses affidés : les dieux qui nous gouvernent sont loin d’être en colère. Ils exultent en usant et abusant de leurs pleins pouvoirs.

5/ La dette publique à la rescousse
En 2020, la dette publique mondiale a progressé de 12 000 milliards de dollars (10 080 milliards euros) – dont 10 700 milliards de dollars (8 988 milliards d’euros) de la part des pays industrialisés – passant de 88% à 105% du PIB mondial.

Ce dans toutes les parties du monde, y compris dans des pays où elle était élevée, comme le Japon, l’Italie ou la Grèce. De ce point de vue, les Etats-Unis sont complètement en train de changer la donne. Après le plan de relance de 900 milliards de dollars de l’ère Trump, Joe Biden vient d’ajouter un nouveau soutien budgétaire à l’économie de 1 900 milliards, en attendant son futur plan d’infrastructures de 2 000 milliards. Une réforme fiscale est à venir, laissant tout de même un endettement supplémentaire de 2 000 milliards, 10 points de PIB.

Il faudra mesurer l’impact de ces mesures sur la croissance, mais le message américain est clair : avec des taux d’intérêt très bas et des politiques monétaires ne pouvant plus agir, c’est aux politiques budgétaires nourries par la dette de prendre le relais pour les investissements publics de demain.

6/ Des matelas d’épargne plus ou moins épais
Vacances annulées, restaurants et cinémas fermés, gros achats reportés, projets immobiliers remis à plus tard… Pendant le confinement, privés d’opportunité de consommation, les Français(e)s ont rempli leur bas de laine.

Cette épargne se loge principalement sur les comptes courants des ménages et leurs livrets d’épargne. D’abord forcée, l’épargne est devenue précaution.
Quand certains, faute de loisirs et d’occasions de dépenses, ont profité de cette économie forcée pour renforcer leur matelas, les plus pauvres ont au contraire dû se serrer la ceinture pour faire face à la crise.

A noter que le gouvernement français aurait pu instaurer une « contribution de solidarité nationale » proportionnelle aux revenus en offrant le choix aux personnes physiques de la payer majoration de l’impôt sur le revenu, ou bien de choisir de payer le double en achetant des titres de rente perpétuelle à 1% d’intérêt net d’impôt, librement négociables. Toutes les personnes ayant des revenus non touchés par la pandémie auraient ainsi participé, au lieu de gonfler leur épargne liquide improductive.

Travail collectif d’AID : aid97400.re
Tiré en partie d’Alternatives Economiques

Version imprimable 1ère partie :

PUBLICATIONS

* Courrier des lecteurs Zinfos974 du Samedi 27 Mars 2021 à 11:01

* Courrier des lecteurs d’Imaz-Press Réunion du

* Courrier des lecteurs de Témoignages du

* Courrier des lecteurs de Clicanoo.re du

* Courrier des lecteurs du Quotidien du

2ème partie

Poursuivons notre exploration des conséquences économiques de la Covid-19.

7/ L’année où le télétravail décolla...
Toutes celles et ceux qui défendaient un essor du travail à distance en France ont été servis. Alors que 3% de salariés « télétravaillaient » régulièrement avant la crise, ils ont été entre 25% et 44% à le faire pendant les confinements. En toute logique, entre les deux vagues de l’épidémie, un certain retour à la normale s’est imposé. Selon les chiffres du ministère du Travail, ils n’étaient plus que 10,9% à travailler à distance au moins un jour par semaine en juillet.

Pour autant, la brutalité de cette expérience grandeur nature a exacerbé un certain nombre d’inégalités dont les directions et les salariés ont pu mesurer les conséquences : entre les secteurs d’activité, entre les catégories professionnelles, les télétravailleurs sont à 61% des cadres, entre hommes et femmes.

Non seulement, les salariées occupent des emplois de première et seconde lignes non « télétravaillables » (70%, voire 90% de femmes chez les infirmiers et les aides-soignants ; 82% parmi employés de la distribution...). Le télétravail contraint a également mis à jour des risques psychosociaux : isolement, management intrusif, conditions de travail, prise en charge des coûts.

Là aussi le gouvernement a bricolé le premier mois : il aurait pu enchaîner dès le 2ème mois par une professionnalisation de ce télétravail avec des dispositions évitant les écueils en prenant partiellement en charge le surcoût pour l’entreprise.

8/ Le coup de blues de la jeunesse
La crise sanitaire a pesé sur le moral des Français. Surtout les jeunes.
Durant le premier confinement, la prévalence des syndromes dépressifs a doublé chez les 15-24 ans. Dans cette tranche, un quart des femmes disaient avoir rencontré divers symptômes de la dépression, de n’avoir plus ressenti d’intérêt ou de plaisir à faire les choses, d’avoir été tristes, déprimées ou désespérées.

Entre la fermeture des établissements scolaires et universitaires, la réduction drastique des contacts sociaux, l’impossibilité de voyager et la conjoncture économique qui assombrit les perspectives, le monde s’est singulièrement rétréci pour ceux qui ont l’âge où tout devrait être possible.

Une démoralisation dont la portée ne semble pas avoir été vue par le gouvernement, comme l’a révélée l’absence de réponse probante au mal-être manifesté à cor et à cri par des étudiants souvent appauvris et coupés de toute vie sociale.

Ne généralisons pas : tout dépend des revenus du foyer, de l’âge et du domicile.
Aménager les salles de classe avec des panneaux transparents évitait le contact entre les élèves, avec présence de la moitié des enfants en présentiel et l’autre moitié en « distanciel », ce qui aurait soulagé les parents.

Plutôt que d’interdire aux gens de se déplacer, on aurait dû les inciter à aller se mettre au vert. Avec les associations, l’Etat aurait pu faire le choix, au lieu de payer pour rien des forfaits à des hôtels vides, d’offrir aux gens des cités, disposés à bouger, d’aller dans ces hôtels.

La fermeture des stations de ski a été une rare stupidité. Il suffisait, pour les exploitants, d’avoir à mettre des écrans et pratiquer la demi-charge. Idem dans les restaurants : on peut très bien faire deux services à demi-charge, mettre des écrans, ventiler. On peut laisser les bars ouverts avec des écrans et de la ventilation

Enfin il y a le cas des jeunes adultes, étudiants, travailleurs isolés, de moins de 25 ans. La première chose à faire aurait dû être l’octroi général du RSA (en le rendant imposable pour tous et notamment ceux fiscalement à charge de leurs parents). Le CROUS aurait veillé que chaque étudiant ait les moyens matériels de poursuivre ses études. Cela aurait tout changé pour les bénéficiaires. Des sessions en « présentiel » avec salles de cours munies d’écrans plastiques, auraient évité l’isolement.

9/ Emissions de CO2 : embellie de courte durée
On efface tout et on recommence ? Effet direct de la récession liée aux mesures Covid-19, les émissions globales de CO2 ont reculé de 5,8% en 2020, du jamais vu depuis la Seconde Guerre mondiale. Mais depuis la reprise de l’activité, elles retrouvent leur rythme insoutenable d’avant-crise, à savoir une croissance rapide dans les pays émergents et une décrue trop lente dans les pays riches. Résultat, la hausse se poursuit.

Selon les données produites par l’Agence internationale de l’énergie, les émissions globales ont déjà dépassé dès décembre 2020 leur niveau de décembre 2019, de 2%. Il pouvait difficilement en aller autrement : la pandémie ne va pas transformer les voitures à essence en véhicules électriques et les passoires thermiques en maisons bien isolées. Les politiques publiques restent trop timorées.

Par exemple, une occasion ratée, celle d’imposer le covoiturage en rémunérant ceux qui le pratiquent (rémunération imposable), avec aménagement des voitures avec des écrans comme les taxis. Une fois habitués, nous aurions continué. Pour les transports en commun, aménagements nécessaires pour éviter la contagion, comme dans les usines. Cette mesure aurait diminué de 30% le coût du transport des voyageurs, ce qui nous amène au point suivant.

10/ Le yo-yo du pétrole
Dès l’apparition du coronavirus en Chine, les pays producteurs de pétrole regroupés au sein de l’OPEP se sont disputés. Depuis plusieurs années déjà, ils avaient limité ensemble leur production pour maintenir les cours. Inquiète face à la pandémie, l’Arabie Saoudite voulait la diminuer encore davantage. Pas convaincue, la Russie s’y est opposée début mars, estimant qu’avec leurs pétroles de schiste, les Etats-Unis, non-membres de l’alliance, tireraient profit des coupes de l’OPEP. Du coup, l’Arabie Saoudite a inondé le marché.

Cette annonce fit dégringoler les cours qui ont atteint 18 dollars en avril, contre plus du triple en janvier. Dans l’urgence, l’OPEP s’est rabibochée : des limitations de la production ont été confirmées à plusieurs reprises dans le courant de l’année.

Depuis, les cours ont retrouvé des couleurs : 40 dollars durant le second semestre, 54 dollars le baril en janvier, 62 en février. Mais les producteurs ont l’œil rivé sur l’épidémie et les vaccins d’une part, sur leurs comptes publics amputés par les réductions de production d’autre part. Aux Etats-Unis, le secteur est sur la sellette.

11/ L’e-commerce rafle la mise
Le commerce en ligne a battu des records. Une partie des magasins fermés, des déplacements empêchés… Tout a poussé les consommateurs à faire leurs emplettes en ligne. Ainsi, les achats de biens et de services ont atteint en 2020 quelque 112 milliards d’euros, soit 9 % de plus que l’année précédente. Les achats des seuls produits en ligne ont augmenté de 37% en 2020, alors qu’ils ont reculé de 10% au niveau global (ligne et physique confondus).

Le commerce en ligne représente dorénavant 13% du commerce total, hors alimentaire. Le grand gagnant est Amazon. L’entreprise pèse 22% de l’e-commerce en France. Trois fois plus que son premier concurrent Cdiscount.

Cette transformation n’est pas sans conséquences sociales ou environnementales, car les livraisons se font principalement à domicile. Par ailleurs, la stratégie d’Amazon de frais de livraison gratuits pousse les consommateurs à ne plus regrouper leurs achats. Camionnettes et cartons vont se multiplier.

La pandémie a favorisé le « clic and collect », bien que l’Etat ait eu là encore un énorme retard à l’allumage et ne soit pas capable de favoriser les acteurs français de l’e-commerce : imposer des règles aux hypermarchés avec fonctionnement uniquement en drive ; imposer aux petits commerces une « jauge » protectrice, les incitant à prendre des commandes par téléphone et servir à la porte.

12/ La culture souffre toujours
Fermeture des lieux d’accueil, restrictions des ventes, arrêt des tournages…Le chiffre d’affaires des industries culturelles et créatives en Europe s’est effondré de 199 milliards d’euros par rapport à 2019 pour atteindre 444 milliards d’euros. Chute de 31% du CA, le secteur fait partie des plus affectés en Europe, devant le tourisme et l’automobile dont les revenus ont chuté respectivement de 27% et 25%.

Le spectacle vivant et la musique sont les plus touchés. Le cinéma, -75%. Seuls les jeux vidéo tiennent bon avec une croissance de 9 %. Ces industries ont plus de 7,5 millions d’employés, dont un tiers d’indépendants. Les pays les plus touchés sont ceux d’Europe de l’Est où les professionnels n’ont pas bénéficié des mêmes aides qu’en France.

La culture est le plus gros raté de Macron. Même si une fermeture de 2 mois pouvait s’envisager au début, il aurait fallu vite rouvrir les spectacles assis, en démontant une rangée de sièges sur 2 et en mettant des écrans plastiques mobiles.

Ainsi les conséquences économiques des confinements ont été et seront sans doute plus redoutables que leurs conséquences sanitaires ou démographiques.

Travail collectif d’AID : aid97400.re
Tiré en partie d’Alternatives Economiques

Version imprimable :

SOURCE

* Un an de covid en 12 graphiques pour les abonnés

PUBLICATIONS

* Courrier des lecteurs Zinfos974 du Samedi 27 Mars 2021 à 11:05

* Courrier des lecteurs d’Imaz-Press Réunion du

* Courrier des lecteurs de Témoignages du

* Courrier des lecteurs de Clicanoo.re du

* Courrier des lecteurs du Quotidien du