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Traduction d’AID pour Les-crises.fr n° 2021-27

Un patriotisme affiché

Par Sam Bright, traduit par Jocelyne le Boulicaut

mercredi 3 mars 2021, par JMT

AID soutient financièrement le très intéressant site "Les-crises.fr" depuis plusieurs années. Nous avons fait un pas de plus en participant aux traductions des textes anglais quand le site fait appel à la solidarité de ses adhérents. Nous avons donc mandaté une de nos adhérentes, Jocelyne LE BOULICAUT enseignante universitaire d’anglais retraitée pour y participer en notre nom et nous indemnisons son temps passé avec notre monnaie interne

Un patriotisme affiché

Le 19 Janvier 2021 par Sam Bright

Andrew Neil avec le présentateur de Sky News, Adam Boulton, et le président de l’association de la presse étrangère (Foreign Press Association). Photo : Images de l’AP

Les bailleurs de fonds étrangers de GB News

La plate forme d’Andrew Neil (journaliste et présentateur britannique, d’origine écossaise ; il est le président de la chaîne d’information télévisée GB News) vendue comme britannique est soutenue par une série d’intérêts étrangers et de droite, rapporte Sam Bright.

Comme si le pays n’avait pas assez souffert au cours des douze derniers mois, dans les prochains mois vont être lancées deux nouvelles chaînes d’information de droite dotées d’un bon financement. News UK TV, financée par le baron des médias australo-américain Rupert Murdoch, est en lice avec GB News pour être la première à être lancée ce printemps - annonçant un nouvel écosystème télévisuel inquiétant pour la Grande-Bretagne.

GB News est présidée par l’ancien présentateur de la BBC Andrew Neil - qui a également travaillé auparavant pour Murdoch en tant que rédacteur en chef du Sunday Times pendant 11 ans. Hier, l’Evening Standard a communiqué plus d’informations sur le lancement imminent de la plate forme et a mentionné ses tentatives pour attirer les présentateurs de droite afin qu’ils quittent leur affectation actuelle - notamment Julia Hartley-Brewer de talkRADIO, et Nick Ferrari de la LBC.

GB News affirme que cela remettra en question le monopole actuel des diffuseurs britanniques - à savoir la BBC, ITV, Channel 4 et Sky - en créant un service d’information plus représentatif de l’ensemble de la population. À en juger par les déclarations faites à ce jour par la compagnie et ses dirigeants, elle tentera d’être considérablement plus conservatrice dans ses perspectives que les diffuseurs établis, et moins centrée sur Londres - bien qu’il reste à voir comment ce dernier point fonctionnera dans la pratique.

Il y a aussi une hypocrisie profonde dans l’image de marque et l’éthique de la chaîne. Car alors qu’elle cherche à représenter le peuple britannique et porte son drapeau, elle est en fait financée et gérée par une série de groupes et d’individus étrangers.

En termes de financement, GB News a réussi à obtenir 60 millions de livres sterling pour son démarrage, des fonds qui proviennent en grande partie, semble-t-il, de deux sources étrangères.

La première est Discovery Inc - la société de médias qui vaut 11 milliards de dollars et exploite les chaînes Discovery Channel et The Science Channel, basée à New York.

La seconde est Legatum Limited - une société d’investissement privée dont le siège est à Dubaï. Legatum finance des projets qui encouragent « l’esprit d’entreprise et la libre entreprise » et a créé en 2007, sous son nom un groupe de réflexion situé au Royaume-Uni.

Suite au référendum sur l’UE de 2016, l’institut Legatum a joué un rôle influent dans la promotion du Brexit et le PDG de la campagne "Vote Leave" (Votez pour quitter), Matthew Elliott, a été boursier de l’institut pendant un an.

La vérité sur la question:Comment la BBC peut-elle se préserver ? Par Patrick Howse

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Legatum et Discovery sont les « principaux » investisseurs dans la start-up médiatique, mais ils sont rejoints par d’autres financeurs. En effet, le Byline Times [site diffusant cet article, NdT] révèle que GB News est également soutenue par une société d’investissement privée basée à New York, la Kibble Holdings.

Sur LinkedIn, Matthew Kibble, l’associé directeur de la société, a expliqué que cet investissement était « un peu différent » de l’approche habituelle de la société, « mais plus important que jamais pour le monde ». Kibble - qui semble avoir été un des premiers investisseurs de la grande plate-forme américaine de données bien controversée, Palantir via l’entreprise d’investissement de sa famille [Palantir travaille avec le renseignement américain, NdT] - prétend également avoir des activités à Dallas et à Hong Kong.

GB News est également soutenu par le gestionnaire de fonds spéculatifs pro-Brexit, Sir Paul Marshall.

Quant à la direction de GB News, l’histoire n’est pas radicalement différente. L’un des co-fondateurs de la plate forme est Andrew Cole, directeur et membre du conseil d’administration de la multinationale de télécommunications Liberty Global. Le profil LinkedIn de Cole indique qu’il vit actuellement à Boston, dans le Massachusetts. Cole a publiquement appelé à la dissolution de la BBC. Le compère de Cole est un autre magnat des médias, Mark Schneider. Bien que ce dernier vive actuellement à Londres, Schneider est américain et a fait ses études à l’université de Denver. Il est membre de Republicans Overseas, le groupe de soutien du parti qui rassemble les Républicains vivant à l’étranger.

Le PDG de GB News, quant à lui, est l’Australien Angelos Frangopoulos, l’ancien PDG de Sky News Australia. Le profil LinkedIn de M. Frangopoulos indique qu’il n’avait jamais occupé de poste au Royaume-Uni avant de rejoindre Cole et Schneider au conseil d’administration de All Perspectives Limited - la société de holding de GB News - en novembre 2019.

Cette équipe de direction utilise actuellement son compte bancaire bien fourni pour embaucher 120 journalistes - tout cela dans l’espoir de changer fondamentalement la conception du journalisme britannique.

Si vous êtes préoccupé par une éventuelle infiltration de fonds et d’influence en provenance de la droite étrangère par le biais de GB News, nous vous recommandons de vous abonner à Byline Times et à sa plateforme sœur Byline TV, concurrentes progressistes des grands appareils médiatiques soutenus par des milliardaires.

GB News a été contacté pour un commentaire.

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