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Traduction d’AID pour Les-crises.fr n° 2020-85

Selon Amazon, l’augmentation des taux de blessures est due à la générosité des temps de récupération

Par Jay Peters, traduit par Jocelyne le Boulicaut

jeudi 22 octobre 2020, par JMT

AID soutient financièrement le très intéressant site "Les-crises.fr" depuis plusieurs années. Nous avons fait un pas de plus en participant aux traductions des textes anglais quand le site fait appel à la solidarité de ses adhérents. Nous avons donc mandaté une de nos adhérentes, Jocelyne LE BOULICAUT enseignante universitaire d’anglais retraitée pour y participer en notre nom et nous indemnisons son temps passé avec notre monnaie interne

30 sept. 2020, 12:50 EDT Par Jay Peters @jaypeters

Amazon par Alex Castro / The Verge

Nous réfutons fermement les affirmations selon lesquelles nous aurions trompé quelqu’un.

Mardi, Reveal a publié un rapport essentiel concernant l’augmentation des pourcentages de blessures dans les entrepôts d’Amazon, il provient de fuites de données internes et d’entretiens avec de nombreuses sources, affirmant qu’Amazon a trompé le public quant à ces pourcentages.

Cependant, Amazon affirme que "personne n’a été induit en erreur" et que Reveal a une mauvaise interprétation des données d’Amazon. "Les documents strictement internes que [Reveal] prétend avoir obtenus illustrent en fin de compte une chose : nous sommes très attentifs à la sécurité de nos équipes", a déclaré la société à The Verge.

L’article de Reveal montre que le pourcentage de blessures graves dans les entrepôts d’Amazon a augmenté entre 2016 et 2019. Mais dans sa réponse, Amazon a émis une contestation quant à ce qui est considéré comme une blessure grave, estimant que les chiffres sont plus élevés parce que l’entreprise est plus généreuse dans l’octroi de temps de récupération.

Amazon affirme également que Reveal est "mal informé" sur la méthode de mesure du taux de blessures graves en premier lieu : Reveal est mal informé au sujet d’une mesure de sécurité de l’OSHA qui mesure les jours d’absence et les jours de travail restreint ou transféré (connu sous le nom de taux DART), quelque chose que le journaliste appelle à tort un taux d’incident grave. La réalité est qu’il n’existe pas de "taux d’incidents graves" de ce type pour l’OSHA ou l’industrie, et notre taux DART est en fait favorable aux employés car il encourage une personne souffrant d’un type quelconque de blessure, par exemple une petite entorse ou une foulure, à s’absenter du travail jusqu’à ce qu’elle aille mieux.

[Réservé aux clients « Prime » d’Amazon, le Prime Day représente la plus grande opération commerciale de l’année pour la firme ;NdT] [Cyber Monday est une expression de marketing utilisée d’abord aux États-Unis pour nommer le lundi qui suit le Black Friday — à savoir le vendredi qui suit immédiatement le jeudi de Thanksgiving. Il a été créé par les détaillants pour encourager les gens à faire leurs achats en ligne ce lundi.NdT]

Cependant, Reveal n’utilise jamais l’expression "pourcentage d’incidents graves" dans son article ; il semble qu’Amazon fasse plutôt référence à l’utilisation par Reveal du terme "pourcentage de blessures graves". Et le rédacteur en chef de Reveal, Andy Donohue, a rejeté la qualification d’Amazon, en précisant à The Verge que l’expression "pourcentage de blessures graves" était délibérée : "Tout ce que nous avons fait, c’est de supprimer la partie jargon de l’acronyme du gouvernement – DART – et d’utiliser à la place une expression plus compréhensible par le lecteur – "blessure grave"".

Illustration montrant les taux de blessures graves pour 100 travailleurs dans les entrepôts d’Amazon Image : Reveal

Donohue a également fait référence à un site web du Bureau of Labor Statistics sur la façon de calculer les pourcentages d’incidence des blessures, qui indique que la formule de calcul du taux DART peut également être utilisée pour calculer les pourcentages de blessures graves. L’article de Reveal indique également que les entrepôts d’Amazon équipés de robots, qui, selon l’entreprise, amélioreraient la sécurité des travailleurs, entraînent en fait un pourcentage de blessures plus élevé que dans les entrepôts qui n’en ont pas. L’efficacité des robots aurait augmenté les quotas de manière significative, ce qui veut dire que les travailleurs peuvent être soumis à des heures de travail manuel répétitif pouvant entraîner des blessures.

Amazon affirme qu’elle apporte des améliorations pour un environnement de travail plus sûr. "Nous continuons à voir des améliorations dans la prévention et la réduction des blessures grâce à des programmes axés sur l’amélioration de l’ergonomie, la prestation encadrée d’exercices physiques et de bien-être, la mise en place d’équipements d’assistance mécanique aux postes de travail, l’amélioration de la configuration et de la conception de ces derniers, la télématique des chariots élévateurs et les garde-fous pour séparer piétons et équipements, pour n’en citer que quelques-uns", a déclaré l’entreprise dans son communiqué.

Mais, selon Reveal, Amazon n’a conduit que quelques évolutions pour aider à réduire les risques de blessures. L’une d’entre elles, prometteuse (et recommandée par l’OSHA), consistait à faire une rotation des travailleurs sur différents postes de travail pendant la journée. Mais "en dépit d’avantages considérables, la moitié des sites pilotes ont décidé d’arrêter la pratique de la rotation des tâches pendant la Prime Week [semaine du Prime Day ; NdT] ", cite Reveal dans un rapport de l’équipe de sécurité d’Amazon datant d’août 2019.

Amazon indique également à The Verge que plus d’un milliard de dollars en 2020 sont allés vers des investissements dans la sécurité, notamment dans les technologies de sécurité ainsi que dans les masques, les gants et des protocoles de nettoyage et d’assainissement améliorés. Cependant, il est probable que la majeure partie de cette somme correspond aux 800 millions de dollars que la société a consacré aux mesures de sécurité COVID-19, et on ne sait pas exactement combien la société dépense pour d’autres besoins en matière de sécurité. L’entreprise affirme également qu’elle compte plus de 5 000 employés dans son équipe de santé et de sécurité.

Donohue explique à The Verge qu’Amazon a refusé les demandes d’interview et n’a pas répondu directement aux questions de Reveal. "Nous avons commencé à demander un entretien le 19 août et avons envoyé une liste de 35 questions détaillées sur nos conclusions et données le 9 septembre", dit Donohue. "En réponse, Amazon n’a fourni qu’une déclaration générale sur ses initiatives concernant la sécurité, et nous les avons jointes à notre étude lorsque cela était pertinent".

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