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Jour du dépassement 2020

La pandémie fait reculer le « jour du dépassement » de près d’un mois

par Bruno Bourgeon, porte-parole d’AID

mardi 25 août 2020, par JMT

Cette année, cette date symbolique, qui signifie que l’Humanité a consommé autant de ressources que ce que la Terre peut générer en un an, est fixée au 22 août, contre le 29 juillet l’année dernière.
C’est l’une des rares réjouissances de la crise du Covid-19. Si nous étions habitués à voir le « jour du dépassement » (JD) arriver de plus en plus tôt, la pandémie due au nouveau coronavirus a inversé la tendance. En 2020, l’humanité a épuisé autant de ressources naturelles que ce que la Terre peut produire en un an à la date du samedi 22 août. Reste que nous vivons à crédit à partir de cette date, selon le think tank Global Footprint Network, spécialisé dans le calcul de l’empreinte écologique. Avec notre mode de vie, il nous faudrait 1,6 planète pour nous nourrir, nous déplacer ou encore nous chauffer.

La pandémie fait reculer le « jour du dépassement » de près d’un mois

Cette année, cette date symbolique, qui signifie que l’Humanité a consommé autant de ressources que ce que la Terre peut générer en un an, est fixée au 22 août, contre le 29 juillet l’année dernière.

C’est l’une des rares réjouissances de la crise du Covid-19. Si nous étions habitués à voir le « jour du dépassement » (JD) arriver de plus en plus tôt, la pandémie due au nouveau coronavirus a inversé la tendance. En 2020, l’humanité a épuisé autant de ressources naturelles que ce que la Terre peut produire en un an à la date du samedi 22 août. Reste que nous vivons à crédit à partir de cette date, selon le think tank Global Footprint Network, spécialisé dans le calcul de l’empreinte écologique. Avec notre mode de vie, il nous faudrait 1,6 planète pour nous nourrir, nous déplacer ou encore nous chauffer.

L’empreinte écologique mondiale a ainsi été réduite de près de 10%. L’empreinte écologique est ce qui caractérise la surface utilisée par l’homme pour pêcher, élever, cultiver, déboiser, construire et brûler des énergies fossiles : plus on déforeste, on pêche ou on rejette du CO2 dans l’atmosphère, plus l’empreinte écologique est grande.

La crise du Covid-19 a bouleversé nos habitudes. En France, une étude de l’Epicx Lab estime que la mobilité a été réduite de 65%. En avril, les rejets quotidiens de CO2 avaient baissé de 17% par rapport aux niveaux moyens de 2019, selon une étude publiée de Nature. Global Footprint Network prévoit une réduction de l’empreinte carbone mondiale de 14,5%, par rapport à 2019.

Autre baisse : celle de l’empreinte de la production forestière, qui a chuté de 8,4%. L’industrie forestière mondiale, a réduit ses activités pendant les confinements, et a prévu un déclin de la demande en bois. Moins d’arbres abattus. Mais l’empreinte liée à l’alimentation n’a pas changé.

Dans l’optique où les confinements et les restrictions de voyage continuaient jusqu’à la fin 2021, la température mondiale ne baisserait que de 0,01°C, d’après une autre étude publiée en août dans la revue Nature. D’autant plus que les dernières données provenant de Chine montrent que les émissions issues de l’industrie sont reparties à la hausse depuis la fin du confinement en mars, dépassant légèrement les niveaux de 2019.

L’étude soulève que seule une reprise de l’économie tournée vers l’écologie et la réduction des énergies fossiles pourrait changer la donne. Un investissement supplémentaire de 1,2% du PIB mondial dans les technologies bas-carbone réduirait les émissions de CO2 de moitié d’ici 2030. Sans changement structurel, nous n’y arriverons pas.

Global Footprint Network liste également quelques solutions pour réduire l’empreinte écologique mondiale et retarder le JD, comme privilégier les transports en commun, réduire sa consommation de viande de moitié ou encore replanter des millions d’hectares de forêt.

Le JD est destiné à sensibiliser la population à la protection de l’environnement. La Terre a connu son premier JD le 29 décembre 1970, explique Global Footprint Network. Aujourd’hui, « Il faudrait à la planète 18 ans de régénération pour inverser les dommages causés par la surexploitation des ressources naturelles », ajoute le think tank.

Depuis le Covid-19, la décroissance s’est invitée dans le débat politique. Avant, ce n’était qu’un concept, agité par quelques écologistes minoritaires. Aujourd’hui, même le président de la République en parle, certes pour s’y opposer, mais la question est là.

Le problème de fond est de savoir si l’humanité est capable de limiter le réchauffement climatique et de préserver les conditions de vie qui ont prévalu dans la biosphère depuis quelques dizaines de milliers d’années, tout en poursuivant sa croissance économique, technologique et démographique. Ou si, au contraire, ces objectifs environnementaux ne peuvent être atteints sans réduire le nombre des humains vivant sur la planète et, du moins pour les pays riches, leur niveau de consommation.

La grande majorité des gens ainsi que la plupart des partis politiques ne veulent pas en entendre parler, les premiers parce qu’ils n’ont aucune envie de renoncer à leur niveau de vie, les seconds, écologistes compris, à la recherche des suffrages.
Depuis une cinquantaine d’années et malgré les alertes du rapport Meadows (1972) et du sommet de Rio (1992), relayées par les milliers de scientifiques, la situation n’a cessé de se détériorer : la température augmente, la biodiversité s’effondre, la pollution tue chaque année de plus en plus.

Si l’on s’en tient à ces indices, les seuls moments de répit, et même de recul, que l’humanité ait connus dans cette dégradation inexorable de l’environnement, sont la première crise pétrolière en 1973 (à l’échelle mondiale), l’effondrement des économies du Comecon après la chute du mur de Berlin, la cure d’austérité en Grèce entre 2008 et 2013 (à l’échelle locale) et la crise du Covid-19 (à nouveau à l’échelle mondiale). A chaque fois, il y a eu corrélation entre décroissance des économies et amélioration des données de l’environnement. Jamais, depuis des dizaines d’années, le ciel n’avait été aussi bleu à Wuhan, ainsi que l’ont confirmé toutes les images satellites. Jamais depuis 50 ans, le JD n’était revenu en arrière dans le calendrier.

Ces divers épisodes n’ont eu aucun effet sensible sur le réchauffement climatique, qui s’est poursuivi en 2020. Celui-ci s’inscrit en effet dans le temps long des décennies et concerne l’ensemble de la planète, il ne peut donc être affecté par des phénomènes localisés ou limités dans le temps. Mais l’on sait qu’il évolue dans le même sens que l’empreinte écologique, dont les émissions de gaz à effet de serre en constituent la composante principale.

La réalité est là. La décroissance, soit la réduction massive de la production des biens et des services et, ailleurs, celle de la population, est la seule voie éprouvée jusqu’à présent pour limiter la pollution, réduire notre empreinte écologique et ralentir le réchauffement climatique.

Comme personne ne veut s’y résoudre, on cherche de quoi concilier défense de l’environnement et progrès économique et social. C’est ainsi que se construisent des récits imaginaires, fondés sur le découplage entre PIB et consommation d’énergie, sur le changement d’indicateurs économiques, sur la croissance verte, le développement durable et l’écologie non punitive, sur l’injection de centaines de milliards d’euros pour relancer l’économie tout en finançant la transition écologique.

Mais les faits sont têtus. Passée la crise sanitaire, le ciel va de nouveau s’obscurcir au-dessus de Wuhan et le JD réapparaître tous les ans un peu plus tôt dans le calendrier. Le seul découplage avéré est celui constaté entre la montée de l’écologie dans le discours politique et la protection effective de la planète par les pouvoirs publics. Si la décroissance n’est pas désirable, elle est pourtant nécessaire. 50 ans qu’on vous le dit.

Bruno Bourgeon, porte-parole d’AID
D’après France-Info

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La pandémie de Covid-19 a fait reculer le "jour du dépassement" de près d’un mois

franceinfo France Télévisions Mis à jour le 22/08/2020

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