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Va-t-on réécrire l’histoire comme dans "1984" ?

Supprimer « Autant en Emporte le Vent » ? Quelle idée !

par Bruno Bourgeon, porte-parole d’AID

lundi 15 juin 2020, par JMT

« Autant en emporte le vent » m’a toujours bouleversé. J’ai été frappé par l’horreur et l’absurdité de la guerre, avec ces images terribles d’Atlanta en flammes et des mourants couchés à même le sol, par milliers, gémissant ; mais plus encore par le personnage de Scarlett O’Hara, cette jeune femme immature et têtue.

Supprimer « Autant en Emporte le Vent » ? Quelle idée !

« Autant en emporte le vent » m’a toujours bouleversé. J’ai été frappé par l’horreur et l’absurdité de la guerre, avec ces images terribles d’Atlanta en flammes et des mourants couchés à même le sol, par milliers, gémissant ; mais plus encore par le personnage de Scarlett O’Hara, cette jeune femme immature et têtue.

Scarlett n’accepte pas qu’Ashley épouse Mélanie, que sa propriété de Tara soit détruite, de s’adapter au nouveau monde comme ses amis, refuse l’amour et la protection de Rhett Butler, qu’elle méprise, tout en voulant prendre son argent, ses moyens, le confort et la protection qu’il lui offre. Et dont elle reconnaîtra in fine être amoureuse… Ce refus de plier devant la réalité la rend agaçante, puis antipathique quand elle maltraite ses proches, notamment sa jeune esclave Prissy.

Mais, plus encore que de pourrir les autres, on comprend que c’est sa propre vie qu’elle détruit. Elle aurait pu tout avoir. La vie, malgré la guerre, lui a offert mille occasions de faire le bien, de se montrer héroïque, de surmonter ses malheurs. À cause de son immaturité capricieuse, elle termine malheureuse dans une maison magnifique, couchée dans un lit de soie et de dentelles, avec un enfant qu’elle n’aime pas, d’un homme qu’elle méprise.

Elle fera tant et si bien que cet homme, Rhett Butler, finira par l’abandonner lui aussi. Dernière réplique de Rhett à Scarlett, sur fond de musique déchirante, quand elle lui demande ce qu’elle va devenir sans lui : « Frankly, my dear, I don’t give a damn » (Franchement, ma chère, c’est le cadet de mes soucis).

« Autant en emporte le vent » est le film, et le livre, de l’acceptation romantique. Il nous montre le prix qu’il y a à payer à ne pas accepter la vie qu’il nous est donné de vivre. Oui, Scarlett a des malheurs. Mais la vie lui offre aussi toutes sortes d’avantages qu’elle choisit de mal utiliser.

Ce film est merveilleux, avec des images somptueuses, des acteurs remarquables. Oscar du meilleur film en 1940. Musique intemporelle. Hattie Mc Daniel oscarisée pour un second rôle (Mamma), et pour la première fois, Oscar attribué à une personne d’origine afro-américaine. Même si elle n’a pu assister à sa remise avec l’équipe du film, les Noirs, à l’époque, étant cantonnés en fond de salle à Hollywood. Le plus grand film du cinéma américain selon certaines revues, quatrième au box-office de tous les temps en France.

Ce film est en train d’être retiré des plateformes de diffusion. Il est jugé raciste. On reproche à l’œuvre sortie en 1939 une vision très édulcorée de l’esclavage. Spike Lee pense que l’imagerie de ce film perpétue le comportement racial de la société américaine. Peut-être. Mais il faut toujours contextualiser dans cette Amérique raciste de l’entre-deux-guerres.

L’esclavage n’est pas le sujet du film. Supprimer ce film pour ce motif (ou celui de racisme) est faire œuvre de misérabilisme intellectuel. « Autant en emporte le vent » va bien au-delà de l’Histoire. Il traite de questions universelles, touchant chaque être humain, quelle que soit sa condition, son époque et la couleur de sa peau.

Il donne le mauvais rôle aux Blancs, aux deux héros du film, malgré un passage dans lequel Rhett dit qu’il ne se bat pas pour le maintien d’un niveau de vie du Sud, et son cortège d’esclavagisme. Mais ce n’est pas le sujet. Peu importe leur appartenance ethnique, ce qui compte, c’est leur caractère, leurs choix, la façon dont ils vivent leur existence.

Les enseignements de ce film sont précieux. Ils peuvent nous servir à tous, autant que nous sommes, en ce moment où le monde est bouleversé par le Covid-19 et par le fil des scandales, des injustices, des violences du Monde d’avant, qui reprennent leur cours.

Nous avons besoin, pour ne pas tomber malades, physiquement ou mentalement, de nous raccrocher à ces histoires qui nous enseignent ce qu’il faut faire, ou ne pas faire, dans les épreuves. Comment réussir sa vie, comment éviter de se perdre, comment éviter d’empirer sa situation, comme le fait Scarlett ?

« Autant en emporte le vent » est un film qui donnait du sens à cela. Ce n’est pas si courant, si facile à reproduire. Rien n’est plus aisé que de le supprimer. Pas les vrais messages qu’il contient. Pour ceux-là, ce film restera éternel.

Bruno Bourgeon, porte-parole d’AID, http://aid97400.re

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VIDEOS

* Première rencontre

* La Fin

CONTROVERSES

* "Autant en emporte le vent" : les ambiguïtés d’un chef-d’œuvre
Par Stéphane Koechlin Publié le 15/06/2020 (Marianne)

* Il souffle un « Autant en emporte le vent » mauvais
parJean-Marc Proust — 11 juin 2020 (Slate)

* Jugé raciste, le film "Autant en emporte le vent" supprimé (provisoirement) de la plateforme de streaming HBO
par Julien Baldacchino publié le 10 juin 2020 (France Inter)

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