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Traduction d’AID pour Les-crises.fr n° 2020-37

6 crises alimentaires aggravées par la pandémie COVID-19

Par Joe McCarthy, traduit par Jocelyne le Boulicaut

samedi 30 mai 2020, par JMT

AID soutient financièrement le très intéressant site "Les-crises.fr" depuis plusieurs années. Nous avons fait un pas de plus en participant aux traductions des textes anglais quand le site fait appel à la solidarité de ses adhérents. Nous avons donc mandaté une de nos adhérentes, Jocelyne LE BOULICAUT enseignante universitaire d’anglais retraitée pour y participer en notre nom et nous indemnisons son temps passé avec notre monnaie interne

6 crises alimentaires aggravées par la pandémie COVID-19

13 Mai 2020 Par Joe McCarthy

Paysannes en Uttar Pradesh, Inde.Adam Cohn / Flickr

Du Venezuela au Kenya, nombre de personnes sont menacées de famine.

La pandémie de coronavirus COVID-19 est en train d’entraîner des crises en chaîne dans le monde entier.

Les économies vacillent, les droits de l’homme sont menacés et la nourriture devient une denrée rare, ce qui crée une insécurité alimentaire généralisée dans divers pays.

Selon le Fonds international de développement agricole des Nations Unies, la crise alimentaire ne se présente pas sous forme d’une unique question sensible à laquelle on pourrait remédier rapidement. Il s’agit plutôt d’une crise globale qui s’étend au système de production alimentaire dans son ensemble.

Moins de personnes sont capables de gérer les cultures alors que les ouvriers agricoles sont contraints de respecter la distanciation physique. Les chaînes d’approvisionnement ont été désorganisées. Les industries de transformation et les marchés ont été fermés. Les réseaux de solidarité financière - y compris les envois de fonds - se réduisent, alors même que les petits exploitants agricoles perdent l’accès aux principales formes complémentaires de revenus dont ils ont besoin pour exploiter leurs champs.

Le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations unies prévient que ces répercussions pourraient conduire à ce que 130 millions de personnes de plus soient confrontées à des famines aigües en 2020.

Cette crise alimentaire grandissante peut être évitée par le biais d’interventions efficaces, mais les experts affirment que les gouvernements doivent soutenir le gigantesque système de production et de consommation alimentaire, depuis les travailleurs agricoles jusqu’au transport et à la conservation des aliments, en passant par la possibilité pour les familles d’acheter des produits alimentaires.

"Il n’y a pas encore de famines", a déclaré David Beasley, le directeur exécutif du PAM, dans un communiqué. "Mais je dois vous prévenir que si nous ne nous préparons pas et n’agissons pas maintenant - pour garantir l’accès, éviter les déficits de financement et les perturbations du commerce - nous pourrions être confrontés à de multiples famines de dimensions bibliques dans un court laps de temps".

Voici six pays confrontés à des crises alimentaires dans le cadre de la pandémie COVID-19.

Venezuela

Bidon ville Image : Ariana Cubillos/AP

Avec une crise économique qui s’aggrave, un système de soins de santé sous-financé et en sous-effectif, et un manque d’eau potable, le Venezuela est classé par les Nations unies comme l’un des pays du monde les plus vulnérables au coronavirus.

Selon Reuters, le pays est actuellement confronté à une crise alimentaire de plus en plus grave car les agriculteurs sont incapables d’amener leurs récoltes jusqu’aux marchés. Des champs entiers de cultures vitales - de la laitue aux pommes de terre en passant par les bananes plantains - pourrissent sur place parce que les agriculteurs sont incapables de les transporter et de les conserver.

Avant la pandémie, plus d’un cinquième du pays luttait pour obtenir suffisamment de nourriture au quotidien, en grande partie à cause des sanctions économiques extrêmes imposées au pays par les États-Unis. Alors que les mesures de confinement continuent à être appliquées au Venezuela, le nombre de personnes privées de nourriture pourrait augmenter de façon dramatique.

Selon Reuters : "C’est ce que les militants humanitaires espéraient ne jamais voir : une crise sanitaire venant s’ajouter à une crise alimentaire", a Twitté Susana Raffalli, experte vénézuélienne en nutrition. "Cela nous frappe de plein fouet parce que le pays n’a pas d’essence, ni d’équipements de protection, pas plus que d’une réponse claire au COVID-19".

Liban

Au Liban, la pandémie a rapidement déclenché une crise économique, accompagnée ces dernières semaines d’une inflation galopante.

Selon le New York Times, près de la moitié de la population libanaise vit dans la pauvreté, les mesures de confinement ont fait perdre leur emploi à une grande partie de la population et les nouvelles restrictions de retrait imposées par les banques ont empêché les gens d’accéder à leurs fonds. En conséquence, les gens ont du mal à acheter de quoi se nourrir.

Pendant ce temps, les citoyens dans le besoin n’ont toujours pas reçu d’aide du gouvernement, les troubles civils explosent dans tout le pays et les familles qui étaient auparavant aisées sont en quête de nourriture dans les rues.

Colombie

Un habitant du quartier populaire de Girardot a mis un chiffon rouge sur sa porte pour indiquer que les personnes de la maison ont besoin d’aide, à Bogota, Colombie [Nadege Mazars/Al Jazeera].

// TWEET En #Colombie, pendant #COVID19, les familles pauvres accrochent des drapeaux rouges devant leurs maisons en signe de faim/besoin urgent d’assistance

En Colombie, selon Colombia Reports, les morceaux de tissu rouge accrochés aux fenêtres sont désormais le symbole de la faim. Ces dernières semaines, ces drapeaux du désespoir sont apparus en nombre croissant dans tout le pays, les gens n’ayant pas les moyens de se nourrir dans le contexte d’incertitude économique créé par la pandémie.

L’aide alimentaire promise par le gouvernement ne s’est pas encore concrétisée dans certaines villes, ce qui a entraîné des protestations et des pillages.

"Nous devons nous assurer que le monde sait que nous existons", a déclaré Robinson Álvarez Monroy, 31 ans, au Washington Post. "Nous n’avons rien à manger. Nous dépendons des gens de bonne volonté qui passent et voient les drapeaux. C’est comme ça qu’ils savent que nous avons faim".

Kenya

Les répercussions économiques de la pandémie ont été ressenties de manière inégale tant au sein des pays qu’entre ceux-ci. Les personnes vivant déjà dans la pauvreté ou l’extrême précarité ont été les plus touchées.

Au Kenya, les mesures de distanciation physique et le confinement visant à contenir le virus ont privé de nombreuses personnes de leurs sources de revenus, aggravant la pauvreté déjà largement présente dans le pays.L’insuffisance du soutien du gouvernement signifie que de nombreuses familles ne peuvent plus acheter de nourriture pendant la crise. À Nairobi, la capitale, une ruée lors d’une récente distribution de nourriture a fait deux morts.

"Nous n’avons pas d’argent, et maintenant nous devons survivre", a déclaré au New York Times Pauline Karushi, qui a perdu son emploi dans une bijouterie à Nairobi. "Cela veut dire ne pas manger grand chose."

Inde

Selon l’Institut international de recherche sur les politiques alimentaires (IFPRI), la mesure de confinement généralisé imposée par le gouvernement indien pour contenir le COVID-19 a exposé à la lumière l’aspect inégalitaire du filet de sécurité sociale du pays. La perte soudaine de revenus a laissé les centaines de millions de personnes qui travaillent dans le secteur informel ou qui sont à leur compte dans l’impossibilité totale de se procurer de la nourriture.

Le gouvernement indien a mobilisé d’énormes sommes d’argent pour faire face à la crise alimentaire, mais beaucoup de gens passent entre les mailles du filet. De nombreuses personnes qui ont perdu leur emploi doivent désormais faire la queue deux fois par jour pour obtenir les repas qui leur éviteront la famine.

Daniela Castano et son grand-père devant la maison, où ils vivent en étroite collaboration avec plusieurs autres familles [Nadege Mazars/Al Jazeera].

Des organisations comme le FIDA [Fonds international de développement agricole ;NdT] contribuent à soutenir les travailleurs agricoles et les fermiers pendant cette période afin de garantir que l’approvisionnement alimentaire reste stable, mais il n’est pas dit que tout cela suffira à empêcher une famine générale.

Haïti

La pandémie a accru la pauvreté déjà très répandue en Haïti, où plus de la moitié du pays vit en dessous du seuil de pauvreté.Depuis que le gouvernement a adopté des mesures de confinement, la faim a augmenté dans le pays. Selon l’ONU, plus de 4 millions d’Haïtiens ont besoin d’une aide alimentaire d’urgence et près d’un million d’entre eux risquent de mourir de faim.

Les personnes vivant dans des camps de réfugiés et ayant peu accès à l’aide gouvernementale ont été les plus touchées, selon CNN. : "Nous sommes sans défense contre ce nouveau virus", a déclaré Miguel Wilner, un Haïtien de 40 ans, à CNN. "Les gens meurent déjà de faim ; ici au camp, nous ne recevons aucune aide et nous ne savons pas ce qu’il va se passer. A ce stade, n’importe quoi peut arriver. Nous n’avons que très peu d’informations sur ce qui se passe. En plus de la faim et du manque d’hygiène, nous n’avons pas d’électricité pour pouvoir suivre l’actualité".

Distribution de nourriture à partir d’un camion dans le cadre d’un programme du gouvernement haïtien dans le contexte de la propagation du COVID-19, à Port-au-Prince, Haïti, le 6 avril 2020. (REUTERS/Jeanty Junior Augustin)

Comme l’a dit Beasley du PAM [ Programme Alimentaire Mondial ; NdT], ces crises alimentaires peuvent être évitées. Les pays peuvent être soutenus. Les chaînes d’approvisionnement, les centres de production et les marchés alimentaires peuvent être dynamisés. La faim, en fin de compte, peut être combattue.

Vous pouvez faire un don à des organisations telles que le PAM, l’UNICEF, le Comité international de la Croix-Rouge et d’autres qui sont en première ligne pour nourrir les populations et veiller à ce que les réserves alimentaires restent fiables.

Vous pouvez également agir avec Global Citizen en appelant les dirigeants mondiaux à investir dans l’agriculture et les services alimentaires.

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