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Traduction d’AID pour Les-crises.fr n° 2020-34

Nous devrions nous méfier avant de mettre la crise climatique sur le dos de la surpopulation

Par Heather Alberro, traduit par Jocelyne le Boulicaut

lundi 25 mai 2020, par JMT

AID soutient financièrement le très intéressant site "Les-crises.fr" depuis plusieurs années. Nous avons fait un pas de plus en participant aux traductions des textes anglais quand le site fait appel à la solidarité de ses adhérents. Nous avons donc mandaté une de nos adhérentes, Jocelyne LE BOULICAUT enseignante universitaire d’anglais retraitée pour y participer en notre nom et nous indemnisons son temps passé avec notre monnaie interne

Nous devrions nous méfier avant de mettre la crise climatique sur le dos de la surpopulation

12 février 2020 Par Heather Alberro (The Conversation)

Heather Alberro est maître de conférence associé et prépare un doctorat en écologie politique à l’université Nottingham Trent.

Selon Heather Alberro, les habitudes de consommation des personnes les plus riches du monde ayant un fort impact carbone ont plus d’incidence sur l’environnement que la croissance démographique dans les régions pauvres.

Jane Goodall, primatologue et anthropologue anglaise, lors d’une conférence de presse du Forum économique mondial, à Davos, en Suisse, le 22 janvier 2020. (EPA-EFE/ALESSANDRO DELLA VALLE)

Le Forum économique mondial annuel de Davos a rassemblé des représentants de gouvernements et d’entreprises pour débattre de la manière de résoudre l’aggravation de la crise climatique et écologique.

Cette réunion a eu lieu au moment où les feux de forêts dévastateurs se sont calmés en Australie. On pense que ces incendies ont tué jusqu’à un milliard d’animaux et généré une nouvelle vague de réfugiés climatiques. Pourtant, comme lors des négociations sur le climat de la COP25 à Madrid, le sentiment d’urgence, l’ambition et le consensus sur les prochaines étapes ont été largement absents de Davos.

Mais un débat important a fait surface - celui de savoir qui, ou quoi, est à blâmer pour la crise. La célèbre primatologue Jane Goodall a fait remarquer que la croissance de la population humaine est responsable de cette situation et que la plupart des problèmes environnementaux n’existeraient pas si notre population était au même niveau qu’il y a 500 ans.

Cela peut sembler assez inoffensif, mais c’est un argument qui a de sinistres implications et qui est basé sur une mauvaise interprétation des causes sous-jacentes des crises actuelles. À mesure que celles-ci s’aggravent, les gens doivent être prêts à contester et à rejeter l’argument de la surpopulation.

// TWEET @AlGore est très impressionné par "Greta Thunberry" cc : @GretaThunberg #WEF202 A Davos #WEF2020, @algore se met à crier sur l’urgence de contrôler le climat : "Ce sont les Thermopyles ! ... C’est la bataille des Ardennes ! C’est Dunkerque ! C’est le 11 septembre !"

Diversion dangereuse

La "Bombe démographique" de Paul Ehrlich et "Les limites à la croissance" de Donella Meadows parus à la fin des années 1960 et au début des années 1970 ont suscité des inquiétudes quant à la croissance de la population humaine mondiale et à ses conséquences sur les ressources naturelles.

L’idée qu’il y avait tout simplement trop de gens qui naissaient - la plupart d’entre eux dans les pays en développement où les taux de croissance de la population avaient commencé à décoller - s’est insinuée dans les arguments de groupes environnementaux radicaux comme Earth First !

Certaines factions au sein du groupe sont devenues célèbres pour leurs remarques sur la famine extrême dans des régions où la population est en pleine expansion, comme l’Afrique, ce qui, bien que regrettable, pourrait présenter des avantages environnementaux par le biais d’une réduction du nombre de personnes. [Earth First ! affirme qu’ils n’ont pas approuvé l’article de 1987 sur le plan éditorial.]

En réalité, la population humaine mondiale n’augmente pas de manière exponentielle, mais ralentit et devrait se stabiliser autour de 11 milliards d’individus d’ici 2100. Plus important encore, le fait de se concentrer sur les statistiques démographiques masque le véritable moteur de nos désastres écologiques. A savoir, le gaspillage et l’inégalité générés par le capitalisme moderne et sa focalisation sur une croissance sans fin et l’accumulation des profits.

La révolution industrielle, qui a allié pour la première fois la croissance économique à la combustion des énergies fossiles, a eu lieu en Grande-Bretagne au XVIIIe siècle. L’explosion de l’activité économique qui a marqué la période d’après-guerre connue sous le nom de "Grande accélération" a fait monter en flèche les émissions, et elle s’est en grande partie produite dans l’hémisphère nord.

C’est pourquoi, des pays ayant une plus grande richesse comme les États-Unis et le Royaume-Uni, qui se sont industrialisés plus tôt, portent une plus grande part de responsabilité historique en ce qui concerne les émissions de gaz à effet de serre.

En 2018, les principaux émetteurs de la planète - l’Amérique du Nord et la Chine - étaient responsables de près de la moitié des émissions mondiales de CO2. En fait, les taux de consommation élevés de ces régions génèrent tellement plus de CO2 que ceux des pays à faible revenu, que 3 à 4 milliards de personnes supplémentaires dans ces derniers ne feraient guère de différence concernant les émissions dans le monde.

Les habitudes de consommation à fort impact carbone des personnes les plus riches du monde sont davantage responsables de la crise climatique que la croissance démographique dans les régions pauvres. (Artem Ermilov/Shutterstock)

Il faut également tenir compte de l’impact disproportionné des entreprises. On pense que seulement 20 entreprises productrices d’énergies fossiles auraient contribué à un tiers de toutes les émissions modernes de CO2, bien que les dirigeants de l’industrie aient été au courant des données scientifiques sur le changement climatique dès 1977.

Les inégalités de pouvoir, de richesse et d’accès aux ressources - et ce ne sont pas seulement des chiffres - sont les principaux moteurs de la dégradation de l’environnement. La consommation des 10 % les plus riches de la planète produit jusqu’à 50 % des émissions de CO2 liées à la consommation, alors que la moitié la plus pauvre de l’humanité n’y contribue qu’à hauteur de 10 %. Avec seulement 26 milliardaires qui possèdent aujourd’hui plus de richesses que la moitié du monde, cette tendance devrait se poursuivre.

Les questions de justice écologique et sociale ne peuvent être séparées l’une de l’autre. Blâmer la croissance de la population humaine - souvent dans les régions les plus pauvres - risque d’alimenter une réaction raciste et de se substituer à la responsabilité des puissantes industries qui continuent de polluer l’atmosphère. Les régions en développement d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine sont souvent les plus touchées par les catastrophes climatiques et écologiques, alors qu’elles y ont le moins contribué.

Le problème est l’extrême inégalité, la consommation excessive des ultra-riches du monde et un système qui privilégie les profits au détriment du bien-être social et écologique. Ce sont sur ces points que nous devrions concentrer notre attention.

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REPONSE par JMT :

Il va être gratiné le doctorat ! Déjà s’asseoir sur le travail du MIT pour le Club de Rome démontre que l’impétrante doctoresse n’a pas lu ce travail ou n’y a rien compris. Car les scénarios imaginés en 1971 ont été réévalués en 2011 et ont montré la justesse des conclusions : le monde va à la catastrophe et il y va en suivant de très près le scénario "business as usual" de 1971, ce qui montre que l’humanité est imbécile et insouciante, qu’il va être très difficile de faire virer le navire en perdition, que rien ne doit être négligé.

Examinons deux assertions emblématiques :

"Selon Heather Alberro, les habitudes de consommation des personnes les plus riches du monde ayant un fort impact carbone ont plus d’incidence sur l’environnement que la croissance démographique dans les régions pauvres." Voilà qui va faire plaisir au GIEC qui se bat pour qu’on choisisse une trajectoire à +1,5°C au lieu d’une trajectoire à +2°C en espérant s’éloigner du point où l’augmentation de la concentration des GES dans l’atmosphère produira des phénomènes non linéaires comme le largage du méthane par les pergélisols en fonte, ou le relargage du CO2 dissous dans l’océan du fait de l’augmentation de son acidité et de sa température

"3 à 4 milliards de personnes supplémentaires dans ces derniers ne feraient guère de différence concernant les émissions dans le monde".
Voilà un magnifique exemple de la "pensée statique". 3 ou 4 milliards de superpauvres de plus ACTUELLEMENT pourraient sans doute être absorbés si les pays riches faisaient un effort pour baisser leurs émissions sans baisser leur confort.

Sauf que:les pays très riches (Europe de l’ouest et du nord, Amérique anglophone, Japon, Australie, Nouvelle Zélande, Etats du Golfe plus une part croissante de la Chine, de l’Inde et de l’Asie du sud-est) ne sont pas homogènes. L’Amérique du Nord voit sa population croître par immigration et croissance naturelle tandis qu’elle stagne ou décroit dans la majorité des autres pays. L’empreinte de ces pays va décroitre en intensité individuelle même si la fraction la plus pauvre des habitats de ces pays verra augmenter le plus possible sa demande, du fait du mimétisme.

En revanche l’Amérique du Sud et surtout l’Afrique voient leur population continuer à croître, d’autant plus rapidement dans les pays les plus pauvres et qui n’ont guère de perspectives d’amélioration. Ces pays vont exporter leur excédent de population vers les pays voisins possédant de grandes réserves pétrolières qui vont durer ( Nigeria, Angola, Libye, Vénézuela) ou hydroélectriques (Congo, Ethiopie, Argentine, Chili, Paraguay, Brésil,Pérou) et cela augmentera la consommation locale même si elle diminue par contrecoup dans le Nord. De leur côté ces pays subiront un boom économique, d’autant plus qu’ils sont moins denses et verront leurs classes moyennes et supérieures augmenter elles-aussi leurs consommations comme dans le Nord.

Quand on parle de surpopulation, on parle bien indifféremment, dans le nord comme dans le sud de pays dont l’empreinte écologique de la population nationale dépasse les capacités du territoire national.
C’est facile à visualiser . Prenez le jour du dépassement, calculez son rang dans l’année (par exemple 5 mai = 31+28+31+30+5= 125è jour pour la France, divisez par 365 et vous avez 125/365= 34%. C’ est la population que devrait avoir actuellement la France pour être à l’équilibre avec un jour d’après au 31/12 ===> au lieu de 67 millions d’hab, 67*34%= 23 millions.... il y a une cohérence avec la France du Moyen-Age

Et le progrès technique ? actuellement la France importe les 3/4 de son énergie qui est fossile et la totalité de ses matières premières, il n’y a que dans l’agriculture qu’elle est en gros autosuffisante (production locale + import moins export) et dans certains services à impact matériel limité, sans le reste du monde on ne peut rien fabriquer ni automobiles, ni avions, ni électronique, c’est à dire 80% de nos achats actuels !

En réalité la démographie N’EST PAS UN PROBLEME :
a) actuellement les pauvres n’ont pas assez d’argent pour consommer. Mais cela va changer car certains pays pauvres intelligemment gérés au mieux de leurs intérêts à court terme réussissent à avoir une croissance économique supérieure à leur population et à améliorer leur niveau de vie , ce qui mécaniquement avec une meilleure éducation réduit leur excédent démographique, mais il peut être encore très excédentaire !

b) si nous ne la limitons pas de manière cohérente et sensée ( politique d’un enfant maximum par femme avec mesures sociales pour conserver une vie sociale aux enfants) ce qui nous permettra de freiner la baisse de notre niveau de vie grâce à des investissements massifs pour la transition écologique (cf scénario négaWatt et Solagro), elle se limitera d’elle même : l’effondrement des PIB privera les états de moyens pour protéger les plus pauvres dont tous ne pourront pas revenir vers l’agriculture, pour payer les retraites , les allocations familiales et la protection maladie. Avec la malnutrition, l’augmentation des maladies de toutes sortes voire de nouvelles pandémies, la population décroîtra d’elle même comme l’annoncent les prévisions du rapport Meadows. Sans compter les guerres civiles ou extérieures aggravant la situation.

Outre le scénario négaWatt et la baisse de la population, il faudra également pratiquer une politique de revenus et surtout patrimoniale plus égalitaire pour interdire aux super-riches et aux classes moyennes supérieures de prendre le contrôle de la société et de gaspiller au détriment du reste de la population. Mais que se passera-t-il si les hyper-riches refusent de voir leur niveau de vie baisser. Beaucoup individuellement et tous collectivement disposent de ressources supérieures à celles des états dont ils pourraient prendre le contrôle.

Les pays riches surpeuplés doivent montrer l’exemple, l’ONU doit aider les pays pauvres surpeuplés à revenir eux aussi à 1 enfant par femme et les pays peu denses devront contribuer dès lors qu’ils dépassent le revenu moyen mondial.