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Encore le mépris ordinaire des élites prétendûment républicaines !

CM49-50 euros d’APL : la France de Macron

par Dr Bruno Bourgeon, président d’AID

jeudi 24 mai 2018, par JMT

Bertolt Brecht écrivit dans un poème, La Solution : « J’apprends que le gouvernement estime que le peuple a « trahi la confiance du régime » et « devra travailler dur pour regagner la confiance des autorités ». Dans ce cas, ne serait-il pas plus simple pour le gouvernement de dissoudre le peuple et d’en élire un autre ? »

Cela ressemble au petit jeu institutionnel de notre défunte IVè République dont on connaît le bilan. Mais pourquoi s’abaisser à ces fatras juridiques quand il suffit d’être persuadé de sa légitimité quasi-divine : après tout quand on s’appelle Emmanuel qui signifie en hébreu ancien "Dieu avec nous" et qu’on a fait du théâtre amateur, ça doit sacrément développer les chevilles. Quand en plus on a fait l’ENA, gagné des millions SANS Jean-Pierre FOUCAULT, que l’on a été l’éminence grise d’un capitaine de pédalo qui fut élu par erreur et aussitôt haï pour sa politique couarde et restera un "one-term-president" comme son prédécesseur, quand on n’a été que brièvement un ministre très détesté, puis que l’on parvient à se faire élire comme par magie, on peut penser qu’on était prédestiné et que Jupiter avait trouvé sa réincarnation !

De qui s’entoure notre Emmanuel pour gouverner ce pays "ingouvernable" ? d’autres millionnaires et d’autres Rastignacs avec quelques papys et mamies "pour rassurer" mais là le storytelling dérape car à leur place (Transport, Travail, Intérieur) bonjour les dérapages et Saint Pierre, pardon Philippe, doit en permanence jouer les pompiers.

Quelle est la politique de notre Emmanuel ? Du pur libéralisme style XIXè siècle avec en décoration des "startups" et de la com partout pour le déguiser en XXIè siècle à l’usage des gogos qui à force de marcher ont couru et dont certains commenceraient à en avoir plein les pieds et à sentir croître la facture ?

Qu’est-ce qui caractérise ce XIXè siècle ? le triomphe des rentiers, de la politique de la canonnière voire du cuirassé, des empires financiers transnationaux qui font et défont les empires politiques, poussant à des guerres de plus en plus violentes et meurtrières car c’est bon pour consommer les surproductions donc pour les actionnaires !

Vous n’êtes pas jeune, riche, héritier, bénéficiaire de réseaux performants, glamour en un mot ? honte à vous ! Disparaissez du paysage, faites-vous oublier, cessez d’emmerder le beau monde avec vos "problèmes" de pauvres et laissez les premiers de cordée assumer la charge écrasante de mener le troupeau ! Comme à Solutré ? :-) Car c’est cela que la Macronésie attend de vous. Et vous, vous attendez quoi pour vous révolter et faire par exemple la "Fête à Macron" ? prochaine occasion le samedi 26 Mai !

50 euros d’APL : la France de Macron

Emmanuel Macron lance une nouvelle polémique avec sa phrase sur les 50 euros d’APL qui seraient la dernière obsession de certains Français ne connaissant rien à l’histoire de France. Elle rend l’image d’un Macron élitiste et aristocratique.

Robert II, duc de Normandie au 2ème siège d’Antioche en 1098

Or la France s’est construite en rassemblant les cavaliers et les va-nu pieds. Macron est Rastignac : il rêve de grandeur, de lyrisme, d’héroïsme, d’épopées. Pour lui la France, c’est du Racine : des personnages agités par des passions élégantes. D’où cette déclaration : « Les gens qui pensent que la France, c’est une espèce de syndic de copropriété où il faudrait défendre un modèle social qui ne sale plus (…) » et où l’ « on invoque la tragédie dès qu’il faut réformer ceci ou cela, et qui pensent que le summum de la lutte c’est les 50 euros d’APL, ces gens-là ne savent pas ce que c’est que l’histoire de notre pays. L’histoire de notre pays, c’est une histoire d’absolu, c’est un amour de la liberté au-delà de tout, c’est une volonté de l’égalité réelle ».

Cette déclaration est le rêve du fils à papa amiénois qui dit sa vérité. Rastignac, nous l’aimons tous, mais il est vieux de deux cents ans désormais, et Balzac n’a jamais caché les défauts de ce cynique ambitieux. En ce sens, la France de Macron, c’est celle des héritiers de la bonne bourgeoisie de province qui s’ennuie dans un monde morne, et qui rêve les yeux grands ouverts.

On aurait tort de reprocher à Macron sa solitude dans ce déni face à la réalité française. La conviction que la France est un fantasme aristocratique a nourri l’imaginaire des dirigeants moulés par Sciences Po et l’ENA. Le peuple français ? Un ramassis de bourrins incapables : de se gouverner, de se réformer, de réfléchir, de comprendre le monde, de parler les langues étrangères. Et comme ce sont des bourrins, il leur faut une élite pour les diriger et les réformer sans les consulter.

Cette certitude qu’il faut mépriser les Français pour pouvoir gouverner la France est au cœur de l’ENA. Macron n’est que le énième avatar d’énarques portés par la même conviction immédiate, celle qui nie les naufrages éhontés qu’elle a régulièrement produits dans l’histoire de ce pays. La raclée de 1940, par exemple, est tout entière due à la défaillance de nos élites. Rappelons que les Français (de basse souche) ont été 60000 à mourir en 1940, autant que les Allemands.

En réalité, la résilience française, c’est la souffrance qu’on endure jusqu’à l’obstination de réussir, dans nos campagnes, dans nos banlieues. Macron n’a pas connu les soirs de privation, les frustrations, les abnégations des Français pour améliorer leur sort, un jour. Ceux qui n’ont pas connu un dîner maigre du dimanche soir où les regards se fuient pour ne pas dire l’angoisse du lendemain, la peine qu’il y a à se priver pour les études du dernier, pour réparer la voiture dont on a besoin pour aller bosser, ceux-là ne savent rien à l’histoire de France. Car tous les jours, ce pays fonctionne, parfois avec des bouts de ficelle noués par ceux qui se sont privés la veille.

Quand les managers sont absorbés dans d’interminables réunions où rien ne se décide, les petites gens font tourner le pays. Ces petites gens qui ont besoin de 50 euros d’APL pour améliorer l’ordinaire. Sans eux, le pays s’arrêterait. Ceux-là ne demandent rien. Ils sont pudiques, ils ne cherchent pas à faire pleurer. Ils sont dignes et demandent le respect.

Dr Bruno Bourgeon, président d’AID
D’après Eric Verhaeghe, ancien énarque, promotion Copernic

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PUBLICATION DANS LES MEDIAS LOCAUX

* Courrier des lecteurs de Zinfos974 du Mardi 22 Mai 2018 - 11:20

* Courrier des lecteurs dans Le Quotidien de la Réunion du 24 Mai 2018

50 euros d’APL : la France de Macron, celle qui a fait le siège d’Antioche à cheval…

7 mai 2018 par Eric Verhaeghe
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Emmanuel et Brigitte Macron au Taj-Mahal lors de la visite officielle en Inde

Emmanuel Macron lance une nouvelle polémique avec sa phrase sur les 50 euros d’APL qui seraient la dernière obsession de certains Français ne connaissant rien à l’histoire de France. Prononcée dans un documentaire dont le Président a promu le réalisateur à la tête d’une chaîne publique, cette phrase nourrit l’image d’un Macron élitiste, avec un tropisme aristocratique qui le déconnecte de la réalité. Nul ne sait jusqu’où l’entêtement du Président à couvrir les citoyens de son mépris social le mènera.

Il existe un plaisir rare en France : celui de visiter la demeure d’une vieille famille au sang bleu, et d’écouter son chef ou son héritier commenter l’arbre généalogique accroché dans le vestibule. Le meilleur moment est toujours celui où votre hôte vous explique le rôle tenu par son prétendu ancêtre dans le siège d’Antioche, en 1098, qu’il fit à cheval, bien sûr, quand vos ancêtres à vous le menèrent à pied. Et vous comprenez brutalement la différence entre l’histoire de France vue par ceux qui l’ont parcourue à cheval, et ceux qui n’avaient même pas les moyens de se payer un âne. Les premiers, comme les seconds, sont souvent convaincus que, sans les autres, l’histoire de ce pays serait bien plus belle.

Emmanuel Macron n’échappe pas à la règle. Ses ancêtres ont peut-être participé au siège d’Antioche, mais à pied. Cela ne l’empêche pas de croire que le roman national fut surtout écrit par ceux qui le menèrent à cheval. C’est son péché pas complètement mignon, car la France s’est construite en rassemblant les deux : les cavaliers et les va-nu pieds. A force de ne pas le comprendre, l’histoire tragique pourrait bien lui jouer un mauvais tour.

Le romantisme grand bourgeois d’Emmanuel Macron

Emmanuel Macron a ceci de Rastignac qu’il rêve de grandeur, de lyrisme, d’héroïsme, de causes épiques. Pour lui la France, c’est une tragédie racinienne : des personnages aristocratiques agités par des passions élégantes. Et c’est dans cette pièce-là qu’il veut jouer. D’où cette déclaration ahurissante :

Les gens qui pensent que la France, c’est une espèce de syndic de copropriété où il faudrait défendre un modèle social qui ne sale plus (…) » et où l’ « on invoque la tragédie dès qu’il faut réformer ceci ou cela, et qui pensent que le summum de la lutte c’est les 50 euros d’APL, ces gens-là ne savent pas ce que c’est que l’histoire de notre pays. L’histoire de notre pays, c’est une histoire d’absolu, c’est un amour de la liberté au-delà de tout, c’est une volonté de l’égalité réelle ».

Cette déclaration, par sa naïveté, a pour ainsi dire quelque chose de touchant, d’enfantin. C’est le rêve du fils à papa amiénois qui dit enfin sa vérité devant les yeux estomaqués d’un monde incrédule. Car, Rastignac, nous l’aimons tous, mais il est vieux de deux cents ans désormais, et Balzac n’a jamais caché les défauts de ce cynique ambitieux. Il n’y a guère qu’un adolescent perdu dans un monde d’adulte pour dire que la vraie France, c’est celle rêvée par Rastignac, et non celle de la prosaïque réalité.

En ce sens, la France de Macron, c’est celle des héritiers de la bonne bourgeoisie de province qui s’ennuie dans un monde un peu morne, et qui rêve les yeux grands ouverts. Ici a parlé le fils du médecin picard, une sorte de Bovary contemporain, qui vomit la platitude des petites affaires et ne veut entendre parler que de salons, de dames en crinoline et de cochers les menant nuitamment à leur Odette après une soirée chez les Verdurin.

Macron et le mal fantasmagorique des élites françaises

On aurait bien tort de reprocher à Macron sa solitude dans cette espèce de déni face à la réalité française. La conviction que la France est un fantasme aristocratique a nourri l’imaginaire de tous les dirigeants de ce pays qui sont passés par Sciences Po et l’ENA.

Dans leur vision binaire, le peuple français est un ramassis de bourrins incapables de tout (de se gouverner, de se réformer, de réfléchir, de comprendre le monde, de parler les langues étrangères). Et comme ce sont des bourrins méprisables, il leur faut une élite qui les dirige et les réforme de préférence sans les consulter. En poussant un peu, on les entendrait même dire qu’une bonne décision est une décision contestée. Une décision qui ne fait pas polémique est jugée méprisable.

Cette certitude qu’il faut mépriser les Français pour pouvoir gouverner la France est au cœur même du processus aristocratique qu’on appelle l’ENA. Macron n’est (et c’est peut-être son problème) que le énième numéro d’une même galerie de portraits tous portés par la même conviction immédiate.


Napoléon Ier couronnant l’impératrice Joséphine

Le déni des échecs aristocratiques

Le problème de cette prétendue culture aristocratique tient au déni face aux naufrages éhontés qu’elle a régulièrement produits dans l’histoire de ce pays. La raclée de 1940, par exemple, est tout entière due à la défaillance de nos élites, et il est de bon ton de le nier farouchement.

Ainsi, traîne l’idée qu’en 1940, les soldats ne se seraient pas battus contre les Allemands. Qui se souvient qu’en réalité, en six semaines de combat, l’armée française a perdu 60.000 hommes et a infligé autant de perte à l’armée allemande ? La campagne de France fut perdue alors que sa plèbe fut très combative. Mais ses aristocrates, ses généraux, furent tous plus lamentables les uns que les autres et s’empressèrent ensuite de porter Pétain au pouvoir (De Gaulle et une poignée d’autres exceptés). La mythologie contemporaine interdit aujourd’hui de citer la longue liste des hauts fonctionnaires et des conseillers d’Etat qui, le 11 juillet au matin, ont parié sur Pétain et l’ont rejoint comme un seul homme pour réformer autoritairement le pays.

Ceux-là ont été pour beaucoup dans l’occultation des causes réelles de la défaite. Et si Pétain n’avait pris des décrets raciaux et anti-maçonniques, beaucoup auraient, sans scrupule, continuer la collaboration jusqu’à la fin. Ou en tout cas très longtemps.

La vraie histoire de la France, c’est celle-là. Celle d’une élite taraudée par sa manie de la consanguinité et du conformisme, qui n’hésite pas à régulièrement accaparer l’idée nationale et à la piller jusqu’au naufrage. Et dans sa suffisance, elle est convaincue que toute grandeur procède d’elle, et que toute petitesse procède du peuple.

Grandeur des 50 euros d’APL

Ce manichéisme typique de l’aristocratie française gagnerait à ouvrir les yeux. Car ce pays, notre pays, s’est en réalité nourri d’une toute autre sève.

Parlons d’abord de la résilience française, cette capacité à la souffrance qu’on endure jusqu’à l’obstination de réussir, dans nos campagnes, dans nos banlieues. Si Macron avait eu faim dans son enfance, il saurait les soirs de privation, les frustrations, les abnégations de tant de nos enfants pour améliorer leur sort, un jour. Ceux qui n’ont pas connu un dîner maigre du dimanche soir où les regards se fuient dans la famille pour ne pas dire l’angoisse du lendemain, la peine qu’il y a à se priver pour payer les études du dernier, pour réparer la voiture qui tombe en panne et dont on a besoin pour aller bosser, ceux-là ne savent rien à l’histoire de France.

Car tous les matins, tous les après-midis, ce pays fonctionne, parfois avec des bouts de ficelle noués par ceux qui se sont privés de beaucoup la veille. Et pendant que les managers des entreprises sont absorbés dans d’interminables réunions où rien ne se décide, les petites gens font tourner le pays.

Et ceux-là, ils ont effectivement besoin de 50 euros d’APL pour améliorer l’ordinaire. Sans eux, le pays s’arrêterait.

Macron ne devrait pas gâcher sa chance. Car ceux-là ne demandent rien. Ils sont pudiques, ils ne cherchent pas à faire pleurer dans les chaumières. Ils sont dignes.

Ils demandent ceux-là un peu de respect.

VIDEO

* Eric Verhaeghe : « Macron est à la tête d’un exécutif de technocrates, de techniciens »
Par RT France Ajoutée le 13 avr. 2018 1 412 vues

Entretien du 12/04/2018 avec Eric Verhaeghe, fondateur du blog « Jusqu’ici tout va bien ». Il revient sur l’intervention de Macron au JT de TF1 à Berd’huis, qu’il assimile à une opération de communication, à destination des seniors notamment. Eric Verhaeghe note également l’importance pour l’exécutif de mieux expliquer les réformes, au risque de faire monter une contestation d’ampleur nationale.