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Traduction d’AID pour Les-crises.fr n° 2020-10

L’acier vert

Par Charlotte King, traduit par Jocelyne le Boulicaut

vendredi 14 février 2020, par JMT

AID soutient financièrement le très intéressant site "Les-crises.fr" depuis plusieurs années. Nous avons fait un pas de plus en participant aux traductions des textes anglais quand le site fait appel à la solidarité de ses adhérents. Nous avons donc mandaté une de nos adhérentes, Jocelyne LE BOULICAUT enseignante universitaire d’anglais retraitée pour y participer en notre nom et nous indemnisons son temps passé avec notre monnaie interne

L’acier vert

le 9 décembre 2019 par Par Charlotte King à Pékin Inter Press Service

Charlotte King est spécialiste des communications en matière de changement climatique et de développement durable. Elle travaille à l’Organisation internationale du bambou et du rotin (INBAR).

IBUKU a contribué à la création de bâtiments pilotes en bambou tels que le " Heart of School" (Hall central) de la Green School.[Green school Bali : une école fondée autour de la notion d’écologie . (INBAR) [International Bamboo and Rattan Organisation : Organisation Internationale pour le Bambou et le Rotin – NdT]

Le rôle du bambou dans la construction n’a jamais été aussi important, alors même qu’ environ 70 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre sont engendrées par la construction et la maintenance des infrastructures, explique Charlotte King.

Il est à croissance rapide, flexible et solide. Quand on se tient sous un auvent de bambou, on comprend facilement pourquoi les gens utilisent cette plante depuis des années dans la construction de maisons, de ponts et d’échafaudages.

Le bambou présente de nombreux atouts dans la construction, notamment sa grande hauteur, son faible poids, son excellente résistance à la traction et sa flexibilité. De plus, le bambou est disponible en abondance et à faible coût, ce qui en fait un matériau de construction traditionnel pour de nombreuses communautés parmi les plus pauvres.

En dépit de ses nombreux avantages, le bambou est considéré depuis des années comme le " bois de charpente du pauvre " : un type de matériau de construction qui serait moins cher et moins résistant. Selon Orin Hardy, fondateur des stages de formation sur le bambou Bamboo U, "Il fut un temps où personne ne voulait être vu en train de vivre dans une maison en bambou."

Une entreprise de designs conçus à base de bambou déploie des efforts considérables pour changer cette perception. Au cœur de la jungle balinaise, le siège digne d’un conte de fées d’IBUKU offre une fenêtre sur l’avenir de la construction en bambou : des logements à plusieurs étages, en plein air, avec électricité, eau et équipements modernes.

Autre angle de vue du Hall Central de la Green School. (INBAR)

Fondé en 2010, IBUKU, dont l’équipe est composée de designers, d’architectes et d’artisans balinais du bambou, a créé des centaines de structures, dont beaucoup sont maintenant célèbres telles que l’emblématique Green School et Green Village.

Depuis quelques années, IBUKU s’est associé à Bamboo U, pour offrir des formations sur la construction en bambou. Bamboo U est localisé à côté du siège social d’IBUKU, et propose des stages de plusieurs jours sur la "construction et le design".

Les participants à ces sessions travaillent avec une large sélection d’architectes, de designers et d’ingénieurs afin d’en apprendre davantage sur les propriétés et le potentiel du bambou et pour aider les stagiaires à construire leurs propres structures en bambou. IBUKU dispose d’un certain nombre d’experts pour chaque module et invite tous les stagiaires à visiter leur siège social et leur entrepôt de bambou.

Les membres de Bamboo U apprennent beaucoup de l’équipe d’IBUKU quand aux aspects techniques du bambou. Bien que le dendrocalamus asper, solide et robuste, soit le bambou de choix pour de nombreuses constructions à Bali, IBUKU utilise également d’autres variétés pour les structures annexes ou pour la décoration : le bambusa blumeana, ondulé et irrégulier, par exemple, constitue un complément agréable aux balustrades des balcons.

C’est cette volonté de travailler avec la nature qu’Orin espère faire naître au sein de Bamboo U : " Il s’agit de susciter une prise de conscience de l’endroit où on se trouve ... L’environnement construit est devenu tellement important. Nous avons besoin que la nature soit intégrée dans l’environnement bâti. Nous avons sacrifié toute cette spontanéité et cette créativité au nom de la fonctionnalité."

Une initiation à la menuiserie traditionnelle en bambou avec les artisans d’IBUKU. (INBAR)

Comme dans le cas de toutes les activités d’IBUKU, les menuisiers balinais ont un rôle central à jouer dans le choix des matériaux en bambou : ils savent quels perches choisir et comment les utiliser.

Dans le cadre des formations de Bamboo U, ces artisans enseignent également aux participants les méthodes traditionnelles de menuiserie et d’assemblage du bambou, en utilisant des outils et des techniques manuelles, ceux-là même qu’ils utilisent depuis leur plus jeune âge.

Pour Orin, ce sont ces menuisiers du bambou qui " créent vraiment la magie ", et leur interaction avec les participants aux formations " est une partie essentielle de notre éthique à Bamboo U ".

Pour Defit Wijaya, expert architecte chez IBUKU, le travail de Bamboo U est une extension des propres objectifs d’IBUKU : montrer que l’habitat en bambou est possible.

Il reconnaît que beaucoup de gens sont sceptiques quant à la sécurité concernant les structures en bambou, et que seul un petit nombre de pays ont des normes de construction en bambou. " Nous devons prendre plus de risques pour montrer ce que le bambou est capable de faire. Ici [à Bali] nous avons le luxe de pouvoir faire des essais dans ce domaine."

L’équipe de Bamboo U n’est pas la seule à inciter les gens à construire en bambou. L’Organisation internationale du bambou et du rotin (INBAR), organisation intergouvernementale, coordonne des projets de recherche et de démonstration pour promouvoir les logements en bambou parmi ses États membres.

Ces dernières années, leur travail a contribué à faire tomber certaines des barrières auxquelles se heurte la construction en bambou : INBAR a aidé à créer de nouvelles normes internationales pour la conception et les essais de construction en bambou, et a formé un groupe de travail sur la construction qui est composé d’experts du monde entier.

Plus important encore, INBAR a contribué à briser les préjugés sur la construction en bambou dans son réseau d’États membres : l’année dernière, l’Équateur a confirmé qu’il intégrerait le bambou dans son programme d’ampleur " Une maison pour tous ", et en 2017, le gouvernement du Népal a approuvé la première conception d’une école en bambou résistant aux tremblements de terre.

Les étudiants sont encouragés à concevoir leurs propres designs en partant de zéro. (INBAR)

Le rôle du bambou dans la construction n’a jamais été aussi important. Nous savons qu’environ 70 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre sont engendrés par la construction et la maintenance des infrastructures.

Dans le futur, le développement risque d’enfermer le monde sur une voie à forte émission de carbone pour des centaines d’années. Alors que le bambou pousse sous les tropiques en Afrique, en Asie et dans les Amériques, il pourrait nous fournir un matériau naturel et renouvelable pour les infrastructures des pays en voie de développement".

Pour en savoir plus sur les possibilités de formation de Bamboo U, cliquez ici, et sur le travail d’IBUKU, cliquez ici.

Créée en 1997, l’Organisation internationale du bambou et du rotin (INBAR) est une organisation intergouvernementale de développement qui promeut le développement durable en utilisant le bambou et le rotin.

Elle est actuellement composée de 45 États membres. En plus de son siège social situé en Chine, INBAR a cinq bureaux régionaux au Cameroun, en Équateur, en Éthiopie, au Ghana et en Inde. Pour en savoir plus sur INBAR, cliquez ici.

Les étudiants acquièrent une expérience pratique dans la conception et la construction. (INBAR)

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