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Traduction d’AID pour Les-crises.fr n° 2019-138

Militarisation à outrance

Par William J. Astore, traduit par Jocelyne le Boulicaut

mercredi 11 décembre 2019, par JMT

AID soutient financièrement le très intéressant site "Les-crises.fr" depuis plusieurs années. Nous avons fait un pas de plus en participant aux traductions des textes anglais quand le site fait appel à la solidarité de ses adhérents. Nous avons donc mandaté une de nos adhérentes, Jocelyne LE BOULICAUT enseignante universitaire d’anglais retraitée pour y participer en notre nom et nous indemnisons son temps passé avec notre monnaie interne

Militarisation à outrance

Par William J. Astore TomDispatch.com le 31 octobre 2019 https://consortiumnews.com/2019/10/31/the-militarization-of-everything/

Lieutenant colonel à la retraite (USAF) et professeur d’histoire, William J. Astore est un contributeur régulier de TomDispatch. Il écrit aussi sur son blog personnel "Bracing Views."

Un agent de recrutement avec un participant à l’atelier de découverte militaire au lycée Columbine de Littleton, Colorado, 21 mars 2017. (Ministère de la Défense / Benjamin Pryer)

L’ascendant culturel que prennent les forces armées est un réel problème pour la démocratie américaine, écrit William J. Astore.

Quand les Américains pensent militarisme, ils imaginent peut-être des soldats bottés marchant au pas de l’oie sous les acclamations de foules brandissant des drapeaux, ou alors, comme notre président, ils pensent à d’immenses défilés, avec troupes, missiles et tanks, avec des avions de combat voltigeant au-dessus de leurs têtes.

Ou à des dictateurs nationalistes vêtus d’uniformes militaires couverts de médailles, de rubans et d’insignes comme autant de berniques sur un bateau militaire en train de sombrer. (N’était-ce qu’une plaisanterie lorsque le président Donald Trump a dit récemment qu’il aimerait s’attribuer la Médaille d’Honneur ?)

Et ce qui peut aussi leur venir à l’esprit c’est : ça, ce n’est pas nous. Ce n’est pas l’Amérique. Après tout, Lady Liberty accueillait les nouveaux arrivants avec une torche, pas avec un fusil d’assaut. On ne se met pas à l’abri derrière des murs pour bombarder les autres à l’autre bout du monde, si ?

Mais le militarisme va au-delà des dictateurs voyous, des armements offensifs et des soldats aux yeux d’acier. Il en existe des formes plus subtiles qui n’en sont pas moins conséquentes que les plus "dures". En fait, dans une démocratie autoproclamée comme les États-Unis, ces formes plus légères sont souvent plus efficaces parce qu’elles semblent beaucoup moins insidieuses, beaucoup moins dangereuses.

Même au cœur de ce qu’il est désormais convenu d’appeler la base électorale de Trump, la plupart des Américains continuent de rejeter les manifestations ouvertement bellicistes, comme les phalanges de chars roulant sur Pennsylvania Avenue.[La phalange est une formation serrée de combat défilant en 8,12,16 rangs de policiers ou de soldats conçue pour être prête au combat NdT].

Mais qui peut élever des objections contre les honneurs rendus aux "héros du pays natal" en uniforme, par exemple à l’occasion d’événements sportifs de toutes sortes dans l’Amérique du XXIe siècle ? Ou contre des agents de recrutement militaire aimables et souriants dans les écoles ? Ou contre des films de guerre tout feu tout flamme comme la dernière version de "Midway, programmée pour le week-end du Veterans Day 2019 et marquant la victoire de la marine américaine sur le Japon en 1942, alors que nous étions non seulement les gentils, mais aussi les perdants ?

Qu’est-ce que j’entends par des formes plus subtiles de militarisme ? Je suis un fan de football américain, donc, récemment, un dimanche après-midi, je regardais un match de championnat sur CBS. Les gens déplorent, à juste titre, la violence dans ces matches. Il est vrai que les joueurs se blessent souvent, avec notamment des commotions cérébrales qui détruisent des vies. Mais qu’en est-il des publicités violentes pendant le match ? Rien que cet après-midi-là, j’ai vu à plusieurs reprises des publicités pour "SEAL Team", "SWAT" et "FBI", autant des séries diffusées par CBS en cette période de militarisation subtile et discrète de l’Amérique.

En somme, j’ai été exposé à la vue de tas d’armes à feu, d’explosions, de bagarres, etc., mais, plus que tout, on m’a montré des durs-à-cuire (et une femme ou deux) en uniforme qui ont exactement les solutions qu’il nous faut et qui, comme la police équipée par le Pentagone à Ferguson, Missouri, en 2014, sont armés jusqu’aux dents. (Ma femme les appelle des "mannequins armés".) [les émeutes de Ferguson avaient contraint le gouverneur de l’État du Missouri, Jay Nixon, à déclarer l’état d’urgence et à faire appel à la garde nationale pour maintenir l’ordre, NdT]

Vous avez un problème à "Nulle Part" ? Envoyez les SEAL de la Marine [Les Navy SEALs sont des force spéciales de la marine de guerre des États-Unis, spécialisés dans les opérations légères liées à l’environnement maritime, NdT]. Un meurtrier en liberté ? Envoyez l’équipe du SWAT. Avec leur armement exceptionnel et leur volontarisme, les forces spéciales de toutes sortes sont sûres d’avoir gain de cause (excepté bien sûr, quand ce n’est pas les cas, comme dans l’interminable série actuelle de guerres au bout du monde).

Et ça ne s’arrête pas vraiment à ces trois émissions. Prenons, par exemple, la dernière version de "Magnum P.I.", celle du XXIème siècle, une série de CBS qui met en scène un détective privé qui déchire. Dans l’original "Magnum P.I." que j’ai regardé quand j’étais adolescent, Tom Selleck incarnait le personnage avec un charme tout en simplicité. L’expérience militaire de Magnum au Vietnam était reconnue, mais pas trop exagérée. Comme on peut s’y attendre, le Magnum d’aujourd’hui est fièrement étiqueté comme ex-SEAL des Marines.

Les séries tant policières que militaires ne sont pas une nouveauté à la télévision américaine, mais je n’en ai jamais vu autant, des nouvelles, des anciennes, ni une telle débauche d’armes. Rien que sur CBS, vous pouvez ajouter à la liste "Hawaii Five-O" (encore plus de mannequins armés remis au goût du jour et mieux armés que du temps de ma jeunesse), les trois émissions "NCIS" (Naval Criminal Investigative Service) et "Blue Bloods" (avec, comble de l’ironie, un Tom Selleck plus grisonnant et moins séduisant) - et qui sait celles que je n’ai pas remarquées ?

Alors que ces séries policières/militaires d’aujourd’hui sont beaucoup plus diversifiées aux plans du sexe, de l’origine ethnique et de la race que les émissions classiques comme "Dragnet", elles comportent aussi beaucoup plus de coups de feu et autres formes de violence et d’effusions de sang.

Ecoutez, en tant qu’ancien combattant, je n’ai rien contre les émissions réalistes sur l’armée. Venant d’une famille de premiers secouristes - je compte quatre soldats du feu et deux policiers dans ma famille proche - dans ma jeunesse j’ai adoré des émissions comme "Adam-12" et "Emergency !"

Ce à quoi je m’oppose, c’est à cette étrange militarisation de tout, y compris, par exemple, quelque chose de typique de notre époque, et qui est que les services d’intervention d’urgence ont besoin de leur propre déclinaison du drapeau américain pour afficher leur engagement.

Vous avez peut-être déjà vu ces drapeaux avec d’étroites lignes bleues, parfois complétés d’une ligne rouge pour les soldats du feu. En tant qu’ancien combattant, mon instinct me dit qu’il ne devrait y avoir qu’un seul drapeau américain et qu’il devrait être convenir à tous les Américains. Cette prolifération de drapeaux est une autre sorte de course aux armements (cette fois au nom du patriotisme).

Le drapeau américain "Thin Blue Line" représente les forces de l’ordre et flotte pour montrer son soutien aux hommes et aux femmes qui mettent leur vie en danger chaque jour pour nous protéger. Ce symbole est salué comme le fier front d’un mouvement national.

A ce propos, qu’a-t-il bien pu arriver au sergent Joe Friday de "Dragnet", qui était toujours sur le terrain, au service de ses concitoyens et de l’application de la loi, ses vocations ? Il n’avait pas besoin d’un étendard à fines lignes bleues. Et les rares fois où il arborait une arme, c’était un calibre 38 spécial. La version actuelle de Joe ressemble beaucoup plus à G.I. Joe, équipé d’un gilet pare-balles et d’un fusil d’assaut quand il sort d’une sorte de char d’assaut, peut-être un blindé provenant des surplus des guerres impérialistes américaines qui ont échoué.

Le militarisme aux États-Unis

Outre les séries télé, les films et les publicités, de nombreux signaux indiquent une adhésion croissante aux valeurs et attitudes militarisées dans ce pays. Résultat, la présence de l’armée est acceptée dans des endroits où elle ne devrait pas être, une armée sur-glorifiée, sur-médiatisée et dotée de bien trop d’argent et d’autorité culturelle, ce qui la rend virtuellement exempte de critiques sérieuses.

Permettez-moi de proposer ne serait-ce que neuf de ces signaux qui auraient été pratiquement inconcevables quand j’étais petit garçon et que je regardais des rediffusions de "Dragnet" :

Environ les deux tiers du budget discrétionnaire du gouvernement américain pour 2020 seront, et c’est plutôt incroyable, consacés au Pentagone et aux fonctions militaires connexes, le budget "défense " annuel se rapprochant année après année des 1 000 milliards de dollars. Des sommes aussi colossales font à peine l’objet de débats au Congrès ; en effet, elles bénéficient d’un large soutien des deux partis de gouvernement.

Les Marines américains assistent au tournage de "SEAL Team" sur la base de Pendleton, Californie, le 14 janvier 2019. La base de Pendleton a été utilisée comme site de tournage pour un certain nombre de séries et de films pour montrer l’armée de manière réaliste. (U.S. Marine Corps/Joseph Prado)

L’armée américaine reste encore l’institution la plus digne de confiance de notre société, déclarent 74 % des Américains interrogés par l’institut de sondage Gallup. Aucune autre institution ne s’en approche, certainement pas la présidence (37 %) ou le Congrès (qui a récemment atteint le chiffre record de 25 %, porté par la procédure d’impeachment).

Pourtant, cette même armée a réussi à produire des désastres ou des bourbiers en Afghanistan, en Irak, en Libye, en Syrie, en Somalie et ailleurs. Diverses offensives ont échoué à plusieurs reprises. Le Pentagone lui-même est incapable de réussir un audit. Pourquoi alors un tel degré de confiance ?

L’état de guerre permanent est devenu la nouvelle normalité de l’Amérique. Les guerres sont désormais automatiquement considérées comme multigénérationnelles, sans inquiétude quant à la façon dont cette permaguerre pourrait dégrader notre démocratie. Les manifestants anti-guerre sont assez rares pour n’être que des voix solitaires hurlant dans le désert.

Les généraux américains continuent d’être traités, sans la moindre ironie, comme "les grandes personnes de la salle". Des sages comme l’ancien secrétaire à la Défense James Mattis (cité avec enthousiasme dans le récent débat entre les 12 candidats à l’investiture démocrate à la présidence) sauveront l’Amérique de politiciens incompétents et ingérables comme un Donald J. Trump.

Lors de la course à la présidence de 2016, on a pu avoir l’impression qu’aucun des deux candidats ne pouvait se présenter sans le soutien d’un général en délire (Michael Flynn pour Trump ; John Allen pour Clinton).

Le général James Mattis sur MSNBC. (Capture d’écran)

Les médias accueillent régulièrement des officiers retraités de l’armée américaine qui jouent le rôle de porte-parole pour expliquer et promouvoir l’action militaire auprès du peuple américain. Dans le même temps, lorsque l’armée part en guerre, des journalistes civils sont "embarqués" au sein de ces forces dont elles dépendent donc à tous égards. Cela se traduit par une tendance des médias à se comporter en groupies inconditionnelles de l’armée au nom du patriotisme - mais aussi par une augmentation de l’audience et des bénéfices de ces entreprises.

L’aide étrangère américaine est de plus en plus de nature militaire. Prenons, par exemple, la controverse actuelle sur l’aide à l’Ukraine que Trump a bloquée avant son affligeant appel téléphonique, qui concernait, bien sûr, en partie les armes. Cela devrait nous rappeler que les États-Unis sont devenus le premier marchand de mort au monde, avec des ventes qui dépassent de loin tout autre pays.

Là encore, il n’y a ici aucun véritable débat sur l’aspect moral de l’enrichissement par de telles ventes en masse, que ce soit à l’étranger (55,4 milliards de dollars en ventes d’armes pour ce seul exercice fiscal, selon la Defense Security Cooperation Agency) ou au sein des États-Unis (le chiffre incroyable est de 150 millions de nouvelles armes à feu produites depuis 1986, dont et la plus grande partie est toujours entre les mains d’américains.

Dans ce contexte, examinons la militarisation de l’armement entre ces mains, depuis les fusils de snipers de calibre .50 jusqu’aux divers fusils d’assaut. Environ 15 millions d’AR-15 sont actuellement détenus par des Américains ordinaires. Il s’agit ici d’une arme conçue pour un tir en rafale sur un champ de bataille afin de causer un maximum de dégâts humains.

Dans les années 1970, lorsque j’étais adolescent, les chasseurs de ma famille avaient des carabines à répétition pour la chasse au chevreuil, des fusils de chasse pour les oiseaux et des pistolets pour la défense de leur maison et le tir de loisir.

Personne n’avait un fusil d’assaut de type militaire parce que personne n’en avait besoin ni même n’en voulait. Aujourd’hui, des banlieusards inquiets les achètent en pensant qu’ils vont récupérer leur "statut de mec" en se procurant une telle arme de destruction massive.

Manifestants simulant la mort par balles, à l’appel de Teens For Gun Reform en février 2018, à la suite de la fusillade au lycée Marjory Stoneman Douglas à Parkland, en Floride. (Lorie Shaull via Flickr)

Fait paradoxal, alors même que les Américains s’entre tuent au cours de fusillades de masse et se suicident à grande échelle (près de 40 000 morts par balle pour la seule année 2017), ils ignorent largement les guerres lointaines et le bombardement permanent par Washington de nombreux pays. Mais l’ignorance n’est pas le paradis.

En accordant tacitement à l’armée un blanc-seing au nom de la sécurité de la patrie, les Américains se rangent derrière cette armée, aussi lâche soit-elle, et à son utilisation abusive de la violence dans de vastes régions de la planète. Faut-il s’étonner qu’un pays qui tue si sauvagement à l’étranger, pendant aussi longtemps, connaisse également des fusillades de masse et d’autres formes de violence sur son propre territoire ?

Alors même que les Américains " soutiennent nos soldats " et les élèvent au rang de "héros", l’armée elle-même a adopté un nouvel "ethos guerrier" qui, du temps du service militaire, aurait contrevenu à la tradition des citoyens-soldats de ce pays, tradition notamment formulée par la "plus grande génération" qui s’y est conformée pendant la Deuxième Guerre Mondiale.

Le cumul de ces neuf éléments se traduit par un changement de paradigme qui atteint l’esprit du temps. L’armée américaine n’est plus un outil financé par une démocratie qui l’emploierait à contrecœur. Elle devenue une force censée être une force du bien, une entité vertueuse, un groupe fraternel, l’avant-garde des émissaires américains à l’étranger et les héros les plus dignes d’admiration et d’amour au pays.

Cette acceptation de l’armée est précisément ce que j’appellerais un militarisme soft. Les troupes bottées ne défilent peut-être pas dans nos rues, mais elles semblent de plus en plus envahir - et occuper - nos esprits, et ce sans faire face à la moindre opposition.

Le déclin de la démocratie

Plus les Américains adhèrent aux valeurs de l’armée, plus les options politiques pacifiques passent au second plan, voire sont ignorées. Songez au département d’État, qui est le corps diplomatique américain et qui n’est plus aujourd’hui qu’une branche du Pentagone de moins en moins financée et dirigée par Mike Pompeo (considéré par Trump comme un leader exceptionnel parce qu’il a réussi à West Point).

Pensez aussi à Trump, qu’on a qualifié d’isolationniste, et à son incapacité sidérante à réellement retirer ses troupes ou à mettre fin aux guerres. En Syrie, des troupes américaines ont récemment été redéployées, non retirées, pas de la région en tout cas, alors même que des troupes supplémentaires sont envoyées en Arabie saoudite.

En Afghanistan, Trump a envoyé quelques milliers de soldats supplémentaires en 2017, sa propre version modeste d’une poussée miniature, et ils y sont toujours, alors même que les négociations de paix avec les Taliban ont été abandonnées. Cette décision, à son tour, a conduit à une nouvelle vague (un " niveau presque record ") de bombardements américains dans ce pays en septembre, naturellement au nom de la promotion de la paix. Résultat : un nombre encore plus élevé de civils tués.

Comment les États-Unis en sont-ils venus à rejeter de plus en plus la diplomatie et la démocratie au profit du militarisme et de la proto-autocratie ? En partie, je pense, à cause de l’absence de conscription militaire.

C’est précisément quand le service militaire est volontaire qu’il prend tout son sens, qu’il peut être élevé au rang de vocation héroïque et sacrificielle. Même si la plupart des soldats sont issus de la classe ouvrière et ont diverses raisons de s’engager, leurs motivations et leurs imperfections sont laissées de côté lorsque les politiciens les portent aux nues.

Dans le même ordre d’idées, il y a le culte du guerrier et de l’ethos guerrier, style Rambo, aujourd’hui acclamé en Amérique comme s’il était quelque chose de souhaitable. Un tel éthos s’inscrit parfaitement dans le cadre des guerres générationnelles américaines [théorie de deux historiens américains, William Strauss et Neil Howe : tous les quatre-vingts ans, des événements identiques se produisent, dans une succession de cycles que l’histoire atteste depuis 1435 au moins NdT].

Contrairement aux appelés qui peuvent éprouver des doutes, la guerre est la raison d’être des militaires de carrière. Ces derniers sont moins enclins au questionnement que le citoyen-soldat.

Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit : la solution n’est pas de relancer le service militaire ; c’est de raviver la démocratie. Nous avons besoin de la participation active de citoyens informés, en particulier pour s’opposer aux guerres sans fin et aux budgets alloués aux armes de destruction massive américaines.

Le véritable coût de notre militarisme, qui, un temps, est resté modéré (et qui est peut-être en train de se renforcer), n’est pas seulement visible dans la marche accélérée de ce pays vers un autoritarisme militarisé. Il peut aussi se mesurer au nombre des victimes mortes ou blessées du fait de nos guerres, en comptant aussi les personnes mortes, blessée et déplacées dans les contrées lointaines.

On le voit aussi chez nous dans la poussée de nationalistes auto-proclamés de mieux en mieux armés qui proposent comme solutions des murs, des armes et des "bons gars" avec des fusils. ("Tirez-leur dans les jambes," voilà les propos prêtés à Trump alors qu’il parlait des immigrants franchissant illégalement la frontière méridionale des États-Unis).

La démocratie ne devrait pas consister à glorifier des seigneurs en uniforme. Il est aujourd’hui de notoriété publique que l’Amérique est plus divisée, plus partisane que jamais, peut-être au bord d’une nouvelle guerre civile, comme en témoigne la rhétorique de notre président actuel. Il n’est pas étonnant que la rhétorique incendiaire fleurisse et que la liste des ennemis de ce pays s’allonge alors que les Américains eux-mêmes ont adopté le militarisme avec tant de douceur et pour autant avec tant d’ardeur.

Avec toutes mes excuses à la grande Roberta Flack, je dirais que l’Amérique se suicide à petit feu avec ses chants guerriers. [analogie à la chanson : Strumming my pain with his fingers ; Singing my life with his words ; Killing me softly with his song NdT]

Version imprimable :

Killing Me Softly With His Song

Strumming my pain with his fingers
Singing my life with his words
Killing me softly with his song
Killing me softly with his song
Telling my whole life with his words
Killing me softly with his song

I heard he sang a good song, I heard he had a style
And so I came to see him to listen for a while
And there he was this young boy, a stranger to my eyes

Strumming my pain with his fingers
Singing my life with his words
Killing me softly with his song
Killing me softly with his song
Telling my whole life with his words
Killing me softly with his song

I felt all flushed with fever, embarrassed by the crowd
I felt he found my letters and read each one out loud
I prayed that he would finish but he just kept right on

Strumming my pain with his fingers
Singing my life with his words
Killing me softly with his song
Killing me softly with his song
Telling my whole life with his words
Killing me softly with his song

He sang as if he knew me in all my dark despair
And then he looked right through me as if I wasn’t there
But he just came to singing, singing clear and strong

Strumming my pain with his fingers
Singing my life with his words
Killing me softly with his song
Killing me softly with his song
Telling my whole life with his words
Killing me softly with his song

Source : LyricFind
Paroliers : Norman Gimbel / Charles Fox
Paroles de Killing Me Softly © Warner Chappell Music, Inc

Version interprétée par Roberta Flack