AID Association Initiatives Dionysiennes

Ouv zot zié !

Accueil > Politique > Le London Times publie un fake concernant Bill Browder

Traduction d’AID pour Les-crises.fr n° 2019-134

Le London Times publie un fake concernant Bill Browder

Par Lucy Komisar, traduit par Jocelyne le Boulicaut

samedi 30 novembre 2019, par JMT

AID soutient financièrement le très intéressant site "Les-crises.fr" depuis plusieurs années. Nous avons fait un pas de plus en participant aux traductions des textes anglais quand le site fait appel à la solidarité de ses adhérents. Nous avons donc mandaté une de nos adhérentes, Jocelyne LE BOULICAUT enseignante universitaire d’anglais retraitée pour y participer en notre nom et nous indemnisons son temps passé avec notre monnaie interne

Le London Times publie un fake concernant Bill Browder

Le 29 octobre 2019 Par Lucy Komisar (Le scoop de Komisar)

Lucy Komisar

Lucy Komisar est journaliste d’investigation spécialiste de la corruption financière et lauréate du prix Gerald Loeb, le prix le plus important du journalisme financier, obtenu pour avoir révélé comment Allen Stanford, un escroc Ponzi, avait réussi à convaincre le Département bancaire de Floride de transférer son argent à l’étranger sans aucun contrôle. Ses reportages sur William Browder portent sur l’évasion fiscale. Pour en savoir plus, consultez The Komisar Scoop et Twitter, @lucykomisar. [Un système de Ponzi est un montage financier frauduleux qui consiste à rémunérer les investissements des clients essentiellement par les fonds procurés par les nouveaux entrants, NdT]

Les auteurs de cet éditorial ont réussi à placer huit mensonges dès les cinq premières lignes, écrit Lucy Komisar.

Ben Brandon et Alex Bailin sont des avocats londoniens qui ont co-écrit une fausse histoire [fake NdT] fondée sur des affabulations de William Browder concernant l’action en justice de la Russie contre son évasion fiscale et la mort de son comptable, Sergei Magnitsky. Les auteurs de cet article du London Times ont réussi à placer huit mensonges dès les cinq premières lignes.

Le co-rédacteur Brandon est l’avocat qui représente les États-Unis dans leur demande d’extradition du lanceur d’alerte et éditeur Julian Assange. Cela soulève des questions quant au lien entre les États-Unis et le Royaume-Uni dans la promotion du canular Browder/Magnitsky et l’attaque contre Assange. Voici leur histoire. Et comment je peux prouver qu’il s’agit d’une affabulation.

Ben Brandon et Alex Bailin

Leur histoire (publiée dans The Times, 24 octobre 2019 par Ben Brandon et Alex Bailin)

Nous ne devons pas prendre de retard par rapport au reste du monde lorsqu’il s’agit de demander des comptes aux auteurs de violations des droits humains et aux régimes corrompus.

Sergei Magnitsky, un jeune avocat, a été engagé en 2008 par Bill Browder, directeur général de Hermitage Capital, pour enquêter sur une fraude fiscale concernant son fonds. Après qu’il ait avec ténacité découvert un détournement de fonds à grande échelle par d’influents responsables russes, M. Magnitsky a été arrêté et maltraité en prison afin de le forcer à retirer son témoignage. Il a refusé de se rétracter et a été battu à mort.

[William Felix Browder dit Bill Browder, né le 23 avril 1964, est un homme d’affaires américain puis britannique, chief executive officer et cofondateur du fonds d’investissement Hermitage Capital, NdT]

Ma réponse

Chers Messieurs Brandon et Bailin, je suppose qu’en tant qu’avocats, vous pensez que c’est une bonne idée de vérifier ce que les gens disent, puisque même les clients mentent. Par conséquent, veuillez tenir compte des éléments de preuve ci-dessous, et non de ce que le fraudeur condamné, William Browder vous a apparemment dit.

Avocat : Magnitsky était comptable. Browder reconnaît dans sa déposition devant la cour fédérale américaine en 2015 que Magnitsky n’avait pas de diplôme en droit ni n’était allé dans une faculté de droit. On peut le voir préciser cela dans un clip vidéo. Pendant ses propres interrogatoires, Magnitsky est qualifié de commissaire aux comptes.

Embauché en 2008 : Magnitsky a travaillé pour le cabinet d’avocats et de comptables Firestone Duncan que Browder a engagé en 1997 pour gérer les comptes de sa société et des déclarations fiscales. Le tribunal russe a conclu que, dans l’intérêt de Browder, Magnitsky a mis en oeuvre entre 1997 et 2002 un système illégal d’évasion fiscale en utilisant des entreprises enregistrées en Kalmoukie et gérées par Hermitage Capital. (Voir l’article.) Browder affirme qu’il a embauché Magnitsky en 2007, de sorte que même dans ce mensonge, Brandon et Bailin se trompent.

Pour enquêter sur une fraude fiscale : Voir ci-dessus. Il a été embauché en 1997, 10 ans avant la fraude concernant le remboursement d’impôt de 2007. L’interrogatoire de Magnitsky en 2006 concernait l’évasion fiscale de la compagnie de Browder. Voir son témoignage et l’article cité. Et la fraude ne concernait pas ses fonds, mais le Trésor russe. Les fraudeurs ont escroqué le Trésor russe en obtenant un remboursement d’impôt de 230 millions de dollars sur la base de poursuites judiciaires frauduleuses.

Détournement de fonds avéré : La fraude fiscale, qui à juste titre n"a pas été considérée comme un détournement de fonds car il s’agissait d’une fraude concernant le Trésor russe et non une compagnie, a été signalée une première fois par Rimma Starova en avril 2008. Le journal russe Vedomosti et le New York Times en ont fait état en juillet 2008. Magnitsky ne l’a mentionné dans son témoignage que lors de son interrogatoire d’octobre 2008.

Des fonctionnaires russes influents : Aucun responsable russe n’est accusé dans aucun des rapports, ni par Starova, ni par les journaux, ni par Magnitsky. Lisez les documents.

Maltraité : Il a souffert des mêmes mauvaises conditions que les autres détenus. Il n’y a aucune preuve qu’on ait exercé des pressions sur lui afin qu’il retire son témoignage. Ou alors en avez-vous en votre possession ?

Battu à mort : Il n’y a aucune preuve qu’il ait été battu à mort. Ou en avez-vous des preuves ?

Le seul rapport indépendant sur place, établi par la Commission de contrôle public de Moscou, fait état de conditions carcérales terribles et de l’incapacité de fournir les soins médicaux appropriés. Le rapport de Physicians for Human Rights (Cambridge Mass) cite le rapport du Contrôle Ethique de Procédure et est adressé à Browder, qui a fourni des documents PHR 44 pour appuyer ses allégations. La conclusion en est identique.[Physicians for Human Rights (PHR) est une ONG américaine à but non lucratif qui fait appel à la médecine et à la science pour faire la lumière sur les atrocités de masse et les violations graves des droits humains dans le monde entier, NdT]

Les premières déclarations de 2009 et 2010 de Browder sur la mort de Magnitsky ne mentionnent aucun passage à tabac.

Vérifiez son discours à Chatham House, dans votre ville natale. "Je ne sais pas à quoi ils pensaient. Je ne sais pas s’ils l’ont tué délibérément dans la nuit du 18, ou s’il est mort par négligence."

Et la vidéo (https://www.youtube.com/watch?v=zPCZydwIhyg&feature=youtu.be ) de son discours à la faculté de droit de San Diego l’année suivante. "Ils lui ont mis une camisole de force, l’ont gardé dans une chambre d’isolement et ont attendu devant la porte pendant 1 heure et 18 minutes jusqu’à ce qu’il meure."

Il a inventé la mort due à un tabassage en 2011 lorsqu’il a décidé de créer la loi Magnitsky et d’exercer des pressions sur le Congrès américain pour le vote dans le but d’empêcher les autorités russes de le poursuivre pour 100 millions de dollars en taxes éludées et en achats illicites d’actions.

Il est ironique de constater que, bien qu’il utilise les États-Unis pour construire un mur contre les percepteurs d’impôts russes, il a renoncé à sa citoyenneté américaine en 1998 pour éviter de payer des impôts. Il est répertorié par CBS News comme un "expatrié fiscal". Si vous êtes des avocats et des enquêteurs sérieux, vous examinerez les preuves et y répondrez. ( Et changerez donc votre histoire).

Le reste de l’éditorial consiste à apporter un soutien à des démarches non spécifiées en vue de demander des comptes à ceux qui bénéficient des violations des droits humains et de la corruption. Aucune mention concernant les persécuteurs de Julian Assange ou les bénéficiaires du système mondial de paradis fiscaux du Royaume-Uni. L’objet véritable de l’article semble être de placer en tête de liste la répétition du canular de Browder.

Comment Browder a modifié ses récits sur la mort de Magnitsky. (Graphique de Michael Thau)

J’ai envoyé des copies de l’article à Brandon et Bailin. Pas de réponse. J’ai également adressé une plainte à l’IPSO (British Independent Press Standards Organization). Celui-ci s’autoproclame " le régulateur indépendant de la plupart des journaux et magazines du Royaume-Uni ". Il précise : " Nous tenons les journaux et les magazines pour responsables de leurs actes, protégeons les droits individuels, défendons des normes élevées en matière de journalisme et aidons à maintenir la liberté d’expression de la presse".

Clauses violées

1 Précision

Cet article est basé sur des faits incroyablement faux. Voir cette histoire et les liens pour les preuves. Je l’ai envoyé aux auteurs. Ils devraient démentir l’histoire.
https://consortiumnews.com/2019/10/29/london-times-runs-fake-browder-opinion-piece/

Version imprimable :