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Traduction d’AID pour Les-crises.fr n° 2019-97

Alors que Julian Assange est arrêté : rappel de ce que nous avons appris de WikiLeaks

Par Nick Robins-Early, traduit par Jocelyne le Boulicaut

lundi 16 septembre 2019, par JMT

AID soutient financièrement le très intéressant site "Les-crises.fr" depuis plusieurs années. Nous avons fait un pas de plus en participant aux traductions des textes anglais quand le site fait appel à la solidarité de ses adhérents. Nous avons donc mandaté une de nos adhérentes, Jocelyne LE BOULICAUT enseignante universitaire d’anglais retraitée pour y participer en notre nom et nous indemnisons son temps passé avec notre monnaie interne

Les révélations de WikiLeaks-1 : Alors que Julian Assange est arrêté, rappel de ce que nous avons appris de WikiLeaks

Par Nick Robins-Early le 04/11/2018 10:06 am . Mise à jour le 11/04/2019
Cet article a été publié pour la première fois en novembre 2018. Cette version mise à jour prend en compte de l’arrestation d’Assange et de la fin de l’enquête Mueller.

Voir la vidéo de 30sec sur le site original

Assange est sous le coup d’ une menace d’extradition liée à WikiLeaks pour avoir obtenu et publié des informations militaires américaines classifiées.

Les autorités britanniques ont arrêté le fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, jeudi 11 Avril à Londres, l’accusant d’avoir violé les conditions de sa libération sous caution et l’exposant à une extradition vers les États-Unis où il est accusé de piratage informatique.

Assange avait passé plus de six ans réfugié à l’ambassade de l’Équateur à Londres pour éviter une telle extradition, car les autorités américaines cherchent depuis longtemps à le poursuivre pour son rôle dans WikiLeaks, en obtenant et en publiant des informations militaires classifiées en 2010.

Bien que l’éthique et la légalité des opérations de WikiLeaks et de ses motivations soient contestées, l’organisation a révélé au fil des ans des informations indéniablement dignes d’intérêt que les autorités ont cherché à cacher au public. Voici quelques-unes des plus importantes révélations provenant de WikiLeaks.

L’armée américaine a tué des civils et un cameraman de Reuters en Irak

En 2010, une vidéo tournée depuis un hélicoptère américain opérant en Irak a montré le meurtre d’un cameraman de l’agence Reuters âgé de 22 ans et de son chauffeur dans une attaque aérienne à Bagdad. WikiLeaks a diffusé les images de la frappe, qui a tué au moins une douzaine de personnes, dans une vidéo de 38 minutes intitulée "Meurtre Collatéral" . On y voit les détails de la tuerie et on entend l’équipage riant et se référant aux victimes en termes injurieux. L’armée américaine a d’abord affirmé que l’équipe de Reuters avait été tuée dans une fusillade avec des insurgés, explication contredite par la vidéo.

La vidéo et plus de 700 000 documents ayant fait l’objet de fuites ont déclenché un énorme scandale et un tollé de la part des groupes de défense des droits humains. Elle a également mené à l’arrestation de Chelsea Manning, agent de renseignement américain qui avait illégalement téléchargé les documents provenant de source militaire avant de les faire parvenir à WikiLeaks.

Julian Assange est poursuivi pour complot de piratage criminel aux États-Unis.HUFFPOST UK

Corruption, meurtres et abus en Irak et en Afghanistan

Après que WikiLeaks ait publié la vidéo "Meurtre Collatéral", cela s’est poursuivi avec d’autres documents provenant des fichiers Manning. Ces documents ont révélé une corruption et des violations massives des droits humains en Irak et en Afghanistan, ainsi qu’un manque apparent d’action de la part des autorités américaines pour enquêter ou prévenir de tels abus. Certains des dossiers indiquaient en détail que les forces américaines étaient au courant des abus commis par la police irakienne, y compris la torture et le viol, mais qu’elles ne faisaient souvent rien pour punir ces actes. Une autre des révélations concernait des marines américains qui ont tué ou blessé des dizaines de civils non armés près de Jalalabad, en Afghanistan, alors qu’ils fuyaient une attaque.

Les États-Unis ont espionné leurs alliés et enregistré les échanges téléphoniques de gouvernements étrangers

Un communiqué publié en 2015 a révélé que les États-Unis avaient espionné un certain nombre d’alliés, utilisant la National Security Agency [NSA NdT] pour intercepter les appels téléphoniques de hauts responsables, d’entreprises et de dirigeants étrangers. Les révélations ont déclenché une tempête politique internationale, forçant le président Barack Obama à présenter des excuses à l’Allemagne, la France, au Brésil et au Japon, tous cibles de cet espionnage. Dans le cas du gouvernement allemand, WikiLeaks a affirmé que les fichiers prouvaient que la NSA avait mis la chancellerie allemande sur écoute depuis des décennies.

Rapports des services de renseignement concernant les prisonniers de Guantanamo Bay

Des centaines de rapports sur les opérations et les détenus de Guantanamo Bay ont donné un aperçu de ce qu’il se passait dans le camp de détention secret des États-Unis et du statut de ses prisonniers. Les publications de 2011 ont révélé que des dizaines de détenus souffraient de dépression et de maladie mentale, que les États-Unis obtenaient des informations par la torture et que certains prisonniers étaient détenus sur la base de maigres preuves ou en raison d’une identité erronée. Les dossiers ont également montré que 172 des prisonniers qui s’y trouvaient avaient été considérés comme des prisonniers à haut risque qui représenteraient une menace pour les États-Unis s’ils étaient libérés.

« J’ai sacrifié des années de ma liberté, pris des risques pour Wikileaks, pour dire la vérité au public ».

Liste noire Internet de l’Australie

Dans l’une de ses premières divulgations de 2009, WikiLeaks a publié une liste de près de 2400 pages Web que le gouvernement australien aurait eu l’intention de bloquer définitivement, leur interdisant tout accès dans le pays. La liste, contestée par le gouvernement australien, comprenait des sites de pornographie pédophile et de violence extrême, mais aussi plusieurs autres pages dont des vidéos YouTube, des entrées WikiLeaks et des sites de poker. La publication de la liste a intensifié un débat public sur la censure d’Internet, tandis que les défenseurs des droits de l’enfant ont condamné WikiLeaks pour avoir publié les noms des sites pédophiles.

Les exécutions extrajudiciaires au Kenya

WikiLeaks a publié en 2008 un rapport supprimé de la Commission nationale des droits humains du Kenya qui contenait des affirmations d’exécutions extrajudiciaires par la police dans le pays. Cette publication a reçu un large soutien de la part des groupes de défense des droits humains et cela a conduit Amnesty International à décerner un prix média à WikiLeaks en 2009.

Les Smartphones et Ordinateurs Ciblés par la CIA

A ne pas confondre avec la fuite de documents d’Edward Snowden détaillant les mesures de surveillance de la NSA, WikiLeaks a publié ses propres fichiers en 2017, dans le but de montrer les immenses capacités de piratage de la CIA. Les fichiers montraient que la CIA pouvait cibler des ordinateurs individuels et des smartphones à l’aide de logiciels malveillants permettant à l’agence d’en révéler les contenus. Dans un document particulièrement troublant, la CIA expliquait en détail comment elle pouvait attaquer un téléviseur intelligent Samsung de sorte que l’appareil semblait être en mode arrêt alors qu’il était, en fait, allumé et enregistrait les conversations.

Le fonctionnement interne de Sony Pictures

Une cyber-attaque a révélé des milliers de documents internes et de courriels de Sony Pictures en 2014 dans le cadre d’un incident bizarre que les responsables américains croyaient lié à la Corée du Nord s’offusquant d’une comédie de Seth Rogen qui se moquait de son dirigeant Kim Jong Un. Bien que WikiLeaks n’ait pas été liée à la publication initiale des documents, le site a par la suite recueilli et publié tous les fichiers piratés dans une base de données consultables qui a donné un aperçu approfondi des conversations entre les cadres dirigeants d’Hollywood.

Les courriels d’Hillary Clinton

Au cours de la campagne présidentielle américaine de 2016, WikiLeaks a publié des milliers de courriels du chef de campagne d’Hillary Clinton, John Podesta, que des pirates russes avaient volés depuis son compte Gmail. Ces courriels jetaient un regard plutôt gênant sur le cercle privé de Mme Clinton et offraient à ses détracteurs une série de cibles faciles à attaquer, y compris un courriel qui montrait que Donna Brazile, collaboratrice de CNN et plus tard présidente du Comité national démocratique, avait avant un débat des primaires Démocrates de type hôtel de ville, révélé à Clinton une des questions.

Les courriels produits par WikiLeaks ont nui à Clinton et à sa campagne, et la question de savoir qui était au courant des documents avant leur publication et comment la fuite était liée à l’ingérence de la Russie dans les élections américaines aurait été l’un des principaux sujets de l’enquête du conseiller spécial Robert Mueller. Mueller a interrogé de nombreux associés du consultant politique Roger Stone, qui a travaillé pour la campagne du président Donald Trump, pour déterminer si Stone ou ses associés étaient des intermédiaires entre WikiLeaks et la campagne Trump.

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SUITES

Nous félicitons Jocelyne qui a été récemment promue coordinatrice de l’équipe des traducteurs d’anglais de Les-Crises. D’autres membres de cette équipe ont traduit la suite :

* Les révélations de WikiLeaks : N°2 – La fuite qui a jeté une lumière crue sur la guerre en Afghanistan

* Les Révélations de WikiLeaks : N° 3 – La plus importante fuite de documents confidentiels de l’histoire. Par Patrick Lawrence