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Poétique de l’effondrement

Le Huitième Jour

par Bruno Bourgeon, porte -parole d’AID

vendredi 12 juillet 2019, par JMT

L’homme naquit des limbes, posa son regard sur la lande devant lui. La terre était fertile et le souffle de vie émanait de l’onde. L’homme et ses frères animaux trouvèrent cela beau, et dès les premières lueurs de l’aube, séparèrent la clarté de l’obscurité. Il y eut un soir, il y eut un matin : ce fut le premier jour.

Le huitième jour

L’homme naquit des limbes, posa son regard sur la lande devant lui. La terre était fertile et le souffle de vie émanait de l’onde. L’homme et ses frères animaux trouvèrent cela beau, et dès les premières lueurs de l’aube, séparèrent la clarté de l’obscurité. Il y eut un soir, il y eut un matin : ce fut le premier jour.

L’homme fit sourdre de son souffle la parole. Il conta histoires et légendes, glosa sur son pouvoir magique, surnaturel, rendant le réel imaginaire. Et l’homme trouva cela beau. Il nomma ses compagnons de parole :« Humanité » et ses frères aphones : « Bêtes ». Il y eut un soir, il y eut un matin : ce fut le deuxième jour.

L’homme traça la forme de son frère animal, extirpa du réel un fragment qui ouvrit l’esprit de ses frères de parole. Les histoires et légendes se firent éternelles, les animaux de silence se mirent à parler dans les creux de la roche. Et l’homme trouva cela beau. Il y eut un soir, il y eut un matin : ce fut le troisième jour.

L’homme traça sous la sphère céleste un cercle de pierre à la mesure de son désir de grandeur, il devint le centre de son propre univers. Laissant dehors ses frères sans parole, leur préférant ceux qu’il avait dotés d’un langage minéral. Et l’homme trouva cela beau. Il y eut un soir, il y eut un matin : ce fut le quatrième jour.

L’homme cercla cette demeure de graines et d’eau, il ensemença la terre, nourrit ses fidèles palabreurs, enferma ses frères animaux, nourrit encore plus de palabreurs. La vie et ses peuples furent cerclés. L’homme crût, peupla le monde, et l’homme trouva cela beau. Il y eut un soir, il y eut un matin : ce fut le cinquième jour.

L’homme déchira la roche pour en extraire le bronze, le fer, puis le carbone : gaz, charbon, pétrole, il s’entoura d’artéfacts, voilant la terre d’un rideau opalisé. Bien que ses frères animaux et lui-même souffrirent de ce voile épais, l’homme trouva cela beau. Il y eut un soir, et il y eut un matin : ce fut le sixième jour.

Les puits, mines, villes, furent terminés jusqu’à l’insoutenable. Homo Faber acheva son œuvre, que poursuivit Homo Œconomicus à l’aube du septième jour. Puis l’homme maudit ce jour, car il avait stoppé toute l’œuvre qu’il avait lui-même créée. Il y eut un soir, il y eut un matin : ce fut le septième jour.

Où l’homme se tait. Cesse sa folie de ne voir la beauté que dans des œuvres closes. Brise les cadres de ses œuvres. Pulvérise ses murs et ses clôtures, ses frontières et ses normes. Ferme les yeux. Ouvre son esprit. Se voit symbiote. Imagine une alternative à l’industrie. Regarde la beauté telle qu’elle est : fragile équilibre de formes complexes et stables, où les parties dialoguent avec le tout, et en croissent la signification.

Il y aura un soir, il y aura un matin. Il y aura un huitième jour.

Bruno Bourgeon, porte-parole d’AID
D’après le site Adrastia (http://adrastia.org/) : « à l’aube du septième jour ».

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PUBLICATION DANS LES MEDIAS LOCAUX

* Courrier des lecteurs de Zinfos974 du Jeudi 11 Juillet 2019 - 10:34

* Courrier des lecteurs de Clicanoo.re du 11 juillet 2019 10h00

* Courrier des lecteurs d’Imaz-Press Réunion publié le

* Courrier des lecteurs dans Le Quotidien de la Réunion du 13 Juillet 2019

SOURCE

* Adrastia : À l’aube du septième jour