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37ème chronique de la Macronésie

CM37- La relation France-Inde ne peut plus se construire sur le mythe de l’émergence

par Dr Bruno Bourgeon, président d’AID

jeudi 29 mars 2018, par JMT

Les augures économiques ont révélé l’avenir : l’Inde va dépasser en 2018 le Royaume Uni et la France qui venait juste de reconquérir à l’arraché sa 5ème place grâce au différentiel de change euro/livre consécutif au "brexit" !

Vieille histoire qui depuis plus de 3 siècles unit ou plutôt oppose ces trois puissances. A son habitude la France est entrée en retard et à reculons dans le jeu du commerce international au long cours relevant des grandes compagnies de commerce et les RUP/ROM/COM qui font flotter le drapeau français dans l’Atlantique et l’Océan Indien sont les "confettis" de notre premier empire colonial démembré en 1763 (Guadeloupe, Martinique, Guyane, Réunion, St Pierre et Miquelon en sont la trace.)

Mais, jusqu’en 1954 il y avait aussi quelques centaines de km2 et quelques milliers d’habitants relevant de "Pondichéry et dépendances" un ensemble de parcelles conservées en 1763 sous le nom d’ "Etablissements Français de l’Inde". Petite victoire sur la perfide Albion, la France est restée en Inde 7 ans de plus :-). Mais qu’avons-nous su en faire ? A part rapatrier quelques fonctionnaires coloniaux, rien. Alors que Nehru qui désirait que l’opération de "retour au pays" soit pacifique avait accordé au territoire la faculté d’importer sans douane tous les produits d’origine française et réciproquement, les produits originaires du territoire auraient pu entrer librement sur le territoire douanier français : imaginons ce qui aurait pu se passer si on avait saisi l’aubaine, d’autant que le traité définitif de cession n’est intervenu qu’en 1962.

Mais ne ressassons pas les erreurs du passé, il y en a bien trop :-).

Voyons plutôt pourquoi notre vibrionnant chef d’Etat a, comme son prédécesseur, mentor autoproclamé (prière de ne pas rire !) et "père" évidemment tué (mais pratique comme potiche avec Sarkozy jusqu’à ce qu’il soit en cabane, pour meubler dans les cérémonies officielles vu que le Chi sucre les fraises et que VGE a passé le 2/2 les 92 ans), décidé d’aller rapidement présenter ses dévotions au tout puissant premier ministre indien, à ses 1300 millions d’habitants (à quelques dizaines de millions près) bientôt plus nombreux que les chinois, à son économie de pointe de membre des BRICS, mais aussi à l’énormité de la corruption, de la pollution, de la violence et des inégalités en tous genres confinant à l’extrême pauvreté. Sans doute pas que pour amener Bobonne, de plus en plus co-régente (ça commence d’ailleurs à bien faire !) , à une visite privée de 2 heures du Taj Mahal...(bien vu avant que la pollution le foute par terre !)

La France et l’Inde des dernières décennies, c’est la volonté de la première de fourguer à la seconde en jouant de leurs singularités géopolitiques respectives, des centrales nucléaires subventionnées, puis tout l’arsenal militaire non nucléaire (dans ce dernier domaine l’Inde se débrouille très bien merci !) possible et imaginable (en espérant qu’ils ne s’en servent pas pour annexer la Réunion :-) pour faire la nique aux Chinois (et à leur "collier de perles" de bases militaires de Djibouti jusqu’à la mer de Chine méridionale) mais aussi aux USA qui ont le culot de vouloir être la puissance dominante depuis la base aéronavale de Diego Garcia en plein milieu de l’Océan que tout le monde appelle "Indien". Mais aussi, comme les USA, la France importe massivement du scientifique et du technicien de haut vol car l’Inde est un acteur majeur dans les nouvelles technologies qu’elle partage avec la France et les pays scientifiquement avancés.

Est-ce que cela va nous aider à "conserver notre rang" ? certes pas, quelque effort que l’on fasse, car d’autres états aux énormes ressources naturelles et à la population bien supérieure vont aussi inexorablement nous passer devant ! Grandeur et décadence, adieu les rêves d’empire, pas question dans ces conditions de revoir un jour les comptoirs de l’Inde :-)

La relation France-Inde ne peut plus se construire sur le mythe de l’émergence

Le président Macron s’est rendu en Inde. Comme pour tous ses prédécesseurs depuis la signature en 1998 d’un « partenariat stratégique » entre les deux pays, les dossiers avec un tel géant sont nombreux et ne peuvent être réduits aux seuls Rafales. Ces dossiers sont principalement économiques. A cela une raison simple : l’Inde est d’ores et déjà la troisième économie mondiale si on mesure son revenu national en parité de pouvoir d’achat. C’est la plus grande économie émergente après la Chine. Mais a-t-on raison de fonder notre relation sur ce paradigme de l’hypercroissance indienne ?

L’Inde s’est mise à rêver au taux de croissance à deux chiffres, après avoir atteint 8 % de croissance lors de son Xe plan quinquennal entre 2002 et 2007. Ce même mythe a servi de slogan électoral à l’actuel Premier ministre Narendra Modi pour conquérir le pouvoir. Depuis la démonétisation de novembre 2016, l’Inde ne cesse d’hésiter entre 6 et 7 % de croissance, sans emploi et avec des dégâts environnementaux incommensurables.

La guerre idéologique contre les minorités religieuses ou le camp séculariste semble traduire le glissement de l’agenda économique vers un agenda identitaire très dangereux. L’exemple est l’arrivée en 2016 d’un chef ministre hindouiste à la tête du plus grand Etat de l’Inde, l’Uttar Pradesh, 200 millions d’habitants. Sa première mesure a été l’interdiction totale du commerce des bovins pour des raisons religieuses, au détriment de la base économique et d’un des premiers secteurs exportateurs de l’Inde, qui était devenue en quelques années un des plus grands fournisseurs de viande bovine sur le marché mondial. Ce qui n’est pourtant pas un mal. Mais l’Inde compte 300 millions de pauvres extrêmes vivant avec moins de 1 dollar par jour, tandis que la moitié des enfants souffre de malnutrition.

Comment esquisser aujourd’hui l’avenir économique de l’Inde ? Les marchés financiers et le FMI continuent de vendre la perspective d’une croissance forte, autour de 8 % par an. De sorte que ce pays, 3e produit intérieur brut (PIB) mondial de la planète (5e au taux de change courant), devrait bien arriver finalement à faire partie de la ligue des superpuissances économiques.

Peut-être serait-il temps de comprendre que la religion de la croissance n’est pas l’horizon indépassable de l’humanité. Sans compter qu’on sait désormais à quel point la mesure de la richesse, ou plutôt du développement, par l’indicateur du PIB est de plus en plus trompeuse et dangereuse. Deux facteurs jouent un rôle majeur dans tout exercice de prospective sur l’avenir de l’économie indienne :

-  Tout d’abord, l’entrée de l’humanité dans l’ère de l’anthropocène et l’insoutenabilité de la croissance quantitative telle que nous la mesurons aujourd’hui. C’est vrai pour la planète dans son ensemble, c’est encore plus vrai pour l’Inde, dont la biocapacité est limitée en raison de sa forte densité de population, avec par exemple une pollution catastrophique de l’air dans toute la vallée du Gange.

-  Toute crise peut s’avérer salutaire ou providentielle et engendrer un véritable tournant dans nos modèles de croissance. C’est en partie vrai pour l’Inde, dont le modèle de gouvernance démocratique réagit plutôt sous la pression des contraintes, à la différence de la Chine qui se targue de pouvoir anticiper les défis à l’avance grâce à un dictateur omniscient.

Et on le voit avec l’adoption de la première révolution verte dans les années 1970 qui a effectivement permis de réaligner la production agricole sur la croissance démographique. Ou encore avec l’essor de l’énergie solaire depuis quelques années. La capacité d’innovation des Indiens est légendaire. Mais les désastres écologiques et sociaux de la révolution verte, ou encore ceux d’une énergie solaire spéculative et non décentralisée avec des centrales empiétant sur des terres agricoles, montrent que les solutions techniques ne sont pas LA solution pour trouver une voie indienne de développement soutenable.

Une certitude, le mythe d’une croissance à deux chiffres appartient au passé et les indicateurs à suivre sont ce que le prix « Nobel » d’économie Amartya Sen a passé sa vie à élaborer : le développement comme épanouissement des libertés des personnes. De ce point de vue, l’Inde est toujours à la croisée des chemins. Si elle arrivait à mettre en œuvre une transition soutenable vers une société postindustrielle et écologique, elle pourrait être en avance sur le reste de la planète. La messe est loin d’être dite.

Dr Bruno Bourgeon, président d’AID

D’après Alternatives économiques du 09/03/2018

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CM37 Relation France Inde

PUBLICATION DANS LES MEDIAS LOCAUX

* Courrier des lecteurs de Zinfos974 du Jeudi 29 Mars 2018 - 09:48

* Courrier des lecteurs dans Le Quotidien de la Réunion du 20 Avril 2018

* Courrier des lecteurs dans Imaz Press Reunion

Chronique d’Alternatives Economiques du 09/03/2018

par Jean-Joseph Boillot Spécialiste des grandes économies émergentes

L’Inde et la France : liens vieux

Posted on September 7, 2009 by lbalasinorwala

Salut à tous ! Vous savez peut-être que Dr. Manmohan Singh, le premier ministre de l’Inde, était l’invité principal aux célébrations de 14 juillet à Paris cette année. J’aimerais bien vous donner un peu du sens des relations historiques entre la France et l’Inde. La France a toujours été un ami de l’Inde, et les deux pays ont vu beaucoup de progrès mutuel dans les domaines du développement, de l’industrie, l’investissement étranger, de la technologie, de la défense, etc. Étant donné les grandes différences entre la culture, la musique, les traditions et les langues, les Français ont beaucoup partagé avec les Indiens et vice versa. Les racines de cette relation datent de 1668, quand la première usine française a été établie à Surat sur la côté ouest de l’Inde.

Etablissements français en Inde sous Dupleix source

Les Français ont continué de construire des usines aux différents endroits, et établir des colonies. Bientôt, les raisons commerciaux sont devenues les motifs politiques, et ils ont gouverné les villes de Chandannagar à l’est, Pondichéry, Karikal, et Yanaon sur la côté sud-est, et Mahé sur la côté sud-ouest de l’Inde. Ces villes ont été finalement cédées par les Français à l’Inde après la guerre de l’indépendance indienne à la première partie du 20 eme siècle. (de facto 1954 par accord intergouvernemental, de juré 1962 par traité)

Une photo qui montre la vie trilingue à Pondichery - tamil, français et anglais.

Aujourd’hui, il reste encore une influence culturelle de la France à ces endroits, celle qui fait partie de notre héritage ! Par exemple, il y a encore des mairies à Karikal, Mahé et Yanaon. Les gens parlent français ainsi que leur langue régionale, comme Tamil, Malayalam ou Bengali. À Pondichéry, peut-être la colonie la plus connue comme La Côte d’Azur de l’Est, les rues sont organisées comme une ville française, et les bâtiments du quartier français démontre le style d’architecture française qui a prédominé cette époque coloniale. Pondichéry et un véritable amalgame de la veille héritage française avec un nouveau présent indien. J’ai envie de visiter cette ville moderne avec une passé intriguant !

Source

1. http://tourism.puducherry.gov.in

2. http://en.wikipedia.org/wiki/Pondicherry

3. http://en.wikipedia.org/wiki/French_India

Evolution et chiffres du PIB de 1500 à nos jours en France, Royaume-Uni, Allemagne, Etats-Unis, Japon, Chine et Inde.

2 décembre, 2007 databaseblb @ 19:27

La croissance du Produit Intérieur Brut est en hausse continue depuis 1500 à 2006 quel que soit le pays étudié. Les progrès techniques, les choix politiques et économiques des pays ainsi que la croissance démographique sont les causes majeures de cette évolution.

Du XVI° au XIX° siècle, la hausse constante est plutôt proportionnelle à la croissance démographique et plus soutenue par des choix politiques que par des progrès techniques, même si ceux-ci existent (en agriculture principalement, en naviguation, etc.) ils n’ont pas l’impact qu’ils auront sur les siècles suivants. Ainsi, les pays connaissent tous une certaine croissance mais pas pour les mêmes raisons : l’augmentation du PIB de l’Angleterre du XVI° au XVII° siècle (multiplication par plus de 2) est la conséquence de la politique économique volontariste des Tudors alors que la Chine voit son PIB multiplié par 3 en un siècle grâce aux progrès agricoles comme la triple récolte annuelle de riz qui permet à la population de passer au cours du XVIIIe siècle de cent quatre-vingts à quatre cents millions.

Au XIX° et XX° siècles, les PIB de tous les pays explosent par rapport aux siècles précédents (multiplication par plus de 50 en moyenne en moins de deux siècles) grâce à l’amélioration de la productivité du travail engendrée par la révolution industrielle des années 1800 et 1900. Pour rester dans la course il ne suffit plus d’avoir une politique commerciale volontariste ou une croissance démographique, il faut dorénavant avoir un capital technique (ou capital productif) suffisant pour décupler les effets du travail des hommes.

Inde : besoin d’Afrique

Publié le 17/11/2015 par Jean-Raphaël Chaponnière

Organisé en 2008, le premier sommet Inde-Afrique réunissait à Delhi quatorze chefs d’Etat ou de gouvernement. Ils étaient seize à Addis-Abeba trois ans plus tard et quarante-deux dans la capitale indienne les 27 et 28 octobre derniers. Le succès de cet évènement international sans précédent dans la capitale indienne, a fait oublier le fiasco de 2014 lorsque, réagissant aux craintes inspirées par Ebola, l’Inde avait annulé le sommet.

voir la suite et notamment les cartes du commerce de l’afrique avec la CHine, l’Inde et la France

VIDEO : PIB : l’Inde sera devant la France en 2018

Mise en ligne le 26/12/2017

D’après une étude du Center for Economics and Business Research parue ce 26 décembre, l’inde va devenir la cinquième puissance économique mondiale en 2018. L’économie indienne va donc se hisser pour la première fois au-dessus de la France et la Grande-Bretagne. Cette progression n’est pas une surprise. Et pour cause, l’ascension des pays émergents, en particulier asiatiques, ne fait d’ailleurs que commencer, selon les prévisions des différents observatoires. - L’édito Eco, du lundi 18 décembre 2017, présenté par Pierre Kupferman, sur BFMTV.

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