AID Association Initiatives Dionysiennes

Ouv zot zié !

Accueil > Ecologie > Médecine > En Suisse, Lausanne prévoit une hausse de 75% du prix de l’eau pour éliminer (...)

D’après Ouest-France, édition du 05/04/2023

En Suisse, Lausanne prévoit une hausse de 75% du prix de l’eau pour éliminer le chlorothalonil. Et en France ?

Par Bruno BOURGEON

lundi 29 mai 2023, par JMT

En Suisse, Lausanne prévoit une hausse de 75% du prix de l’eau pour éliminer le chlorothalonil. Et en France ?

Contenu de l’eau potable ?

Le Service de l’eau de la ville de Lausanne a testé plusieurs traitements pour éliminer les métabolites, les versions dégradées du fongicide Chlorothalonil, un organochloré classé cancérigène probable par l’Autorité européenne, dans ses captages d’eau. Le coût pour éliminer totalement le plus résistant entraînerait une hausse du prix du m³ d’eau de 75%. En Suisse, le chlorothalonil a longtemps été l’un des fongicides les plus commercialisés sur le Plateau, la plaine agricole coincée entre les Alpes et le Jura. En 2017, le géant de l’agro-chimie Syngenta fournissait encore 45 tonnes par an aux agriculteurs suisses, avant son interdiction en janvier 2020.

L’État alpin n’est pas dans l’UE, mais le classement européen du chlorothalonil comme cancérigène probable en 2018 pousse l’Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (Osav) à organiser une grande collecte sur les captages d’eau du pays. Le rapport de l’Osav tombe en septembre 2022 : 700000 citoyens suisses (sur 8,8 millions d’habitants) sont exposés à de l’eau dépassant la valeur de 0,1 µg/l pour le métabolite R471811, la version dégradée du pesticide la plus résistante.

À Lausanne, la découverte met le Service de l’eau en ébullition. Il est le 3e distributeur d’eau en Suisse, avec 255000 citoyens raccordés. Or, « 20% des ressources en eau souterraine, représentant 5% des volumes d’eau distribuée, sont concernées par le dépassement de la valeur du seuil légal » retrace Pierre-Antoine Hildbrand, directeur de la Sécurité et de l’économie, responsable de l’eau.

Des captages sont mis hors service et le distributeur va puiser dans le lac Léman pour compenser les volumes manquants. Un budget de 700000 francs suisses (708000 €) est alloué aux moyens de traiter les métabolites, dont différentes formes de charbon actif. La plupart sont efficaces, sauf pour le fameux R471811, dont la nanofiltration est très onéreuse. Cette technique de filtration extrêmement fine, appelé nanofiltration conventionnelle, permet une rétention totale des métabolites. Mais elle coûte très cher, est énergivore, et élimine au passage une partie des minéraux, ce qui implique de devoir reminéraliser l’eau filtrée.

Au Service de l’eau de Lausanne, les estimations de coût sont tombées le 9 février 2023. « Cette technologie de traitement entraînera une hausse de 75% sur le prix moyen du m³ d’eau potable (2 francs suisses/m3 actuellement) », prévient Pierre-Antoine Hildbrand. Pour les autres techniques de filtration au charbon actif, l’augmentation se limite à 15%.

Cela représenterait une hausse moyenne de 400 francs suisses par an par famille pour les abonnés du Service d’eau de Lausanne. Qui va payer ? La Confédération qui a autorisé la mise sur le marché de ce poison à retardement ? Syngenta, devenu chinois en 2016, au nom du principe pollueur-payeur ? Pas question, a déjà dit le géant de la chimie, qui a déposé un recours auprès du Tribunal administratif fédéral contre la décision des autorités suisses de classer les métabolites comme « pertinents », terme qui indique que "la substance est recherchée et soumise à un seuil strict".

En Suisse, on ne plaisante pas avec les normes. L’Office fédéral de la santé publique a décidé de traquer ces métabolites dès 2019, après le classement européen : « La substance mère le chlorothalonil est peut-être cancérigène. On ne peut exclure que ses métabolites ne le soient pas ». Au nom de cette règle, en Suisse, les sources où ces versions dégradées du pesticide dépassent la norme de 0,1 microgramme par litre, fixée pour l’eau potable, doivent être fermées ou bien leur eau doit être diluée.

Doit-on s’inquiéter de la qualité de l’eau potable en France ? Selon un rapport de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) qui sera publié ce jeudi 6 avril 2023, des traces importantes de résidus de chlorothalonil ont été détectées dans l’eau du robinet partout dans l’Hexagone.

Le chlorothalonil est l’un des pesticides les plus répandus dans le monde. Il est principalement utilisé pour ses propriétés fongicides, sur les cultures de céréales, la vigne ou certains tubercules, comme les pommes de terre et betteraves sucrières. En France, en 2016, près de 1710 t de Chlorothalonil ont été vendues aux professionnels.

Dans son rapport, l’Anses révèle que, lors des contrôles des eaux destinées à la consommation humaine, des « métabolites » de chlorothalonil ont été fréquemment détectés à des concentrations dépassant les normes de qualité. Les métabolites ? Des molécules de pesticides dégradées qui peuvent infiltrer l’environnement et contaminer les ressources en eau potable. Courage ! Avec un ministre comme Marc Fesneau, le Chlorothalonil a encore de beaux jours devant lui…

Bruno Bourgeon, président d’AID http://www.aid97400.rehttp://www.aid97400.re

D’après Ouest-France, édition du 05/04/2023

Version imprimable :

PUBLICATIONS

* Courrier des lecteurs Zinfos974 du

* Tribune libre d’Imaz-Press Réunion du

* Courrier des lecteurs de Témoignages du

* Tribune libre de Clicanoo.re du

* Libre Expression sur Parallèle Sud du