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Traduction d’AID pour Les-crises.fr n° 2023-056

Lula critique l’hégémonie du dollar lors de sa visite d’État en Chine

Par Mauro Ramos, traduction par Jocelyne Le Boulicaut

jeudi 18 mai 2023, par JMT

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Lula critique l’hégémonie du dollar lors de sa visite d’État en Chine

Le 13 avril 2023 par Mauro Ramos

Lula est accueilli par Dilma Rousseff au siège de la Nouvelle banque de développement à Shanghai, en Chine (La photo est disponible sur le site de la Banque : Ricardo Stuckert)

La présidente de la Nouvelle Banque de Développement (NDB), Dilma Rousseff, a reçu le président de la République du Brésil Luiz Inácio Lula da Silva pour sa cérémonie de prise de fonction à la tête de la banque. C’était la première manifestation inscrite à l’agenda officiel du président lors de sa visite d’État en Chine.

Lula et Rousseff ont tenu une réunion à huis clos avec les directeurs de l’institution financière avant de procéder à la cérémonie. Première à prendre la parole, Mme Rousseff, qui fait partie des fondateurs de la banque des BRICS, a évoqué la nécessité d’accroître la capacité de l’institution.

« Il est fondamental d’étendre la portée et l’impact de la banque. D’une part, nous avons augmenté le nombre de pays membres, renforçant ainsi notre plateforme de coopération. D’autre part, nous finançons des projets de développement clés. Depuis l’assainissement jusqu’aux infrastructures dans le secteur social et le numérique », a déclaré Mme Rousseff.

La Nouvelle banque de développement a été créée en 2014 lors de la sixième conférence des BRICS à Fortaleza et dispose d’un capital initial autorisé de 100 milliards de dollars (environ 490 milliards de réals brésiliens).

En octobre 2022, la banque a annoncé que sur une période de cinq ans, elle prêterait 30 milliards de dollars pour soutenir la croissance globale et les projets de développement durable des pays qu’elle finance.

40 % de ces prêts sont destinés à des projets d’atténuation et d’adaptation au changement climatique. Les autres secteurs importants concernés par ces prêts concernent les énergies propres, les infrastructures de transport, le développement urbain, la gestion des ressources en eau et l’assainissement, sans oublier les infrastructures dans le secteur social et le numérique. Environ 30 % des prêts seront accordés dans les monnaies des pays membres.

Le président Lula a prononcé un discours de 15 minutes dans lequel il a déclaré que la « Nouvelle banque de développement remplit toutes les conditions pour devenir la grande banque du Sud global. Pour la première fois, une banque de développement d’envergure mondiale est créée sans qu’il y ait participation des pays développés dans sa phase initiale. Libérée, donc, du carcan des conditionnalités imposées par les institutions traditionnelles vis-à-vis des économies émergentes. Et qui plus est : avec la possibilité de financer des projets en monnaie locale ».

Dilma au siège de la NDB à Shanghai (NDB)

Après avoir donné lecture de son discours, Lula a enlevé ses lunettes et s’est adressé à l’auditoire pendant 15 minutes supplémentaires, cette fois sans script. Le président a déclaré que la banque était née du dialogue qu’il avait eu avec les présidents de la Russie, de la Chine, de l’Inde et de l’Afrique du Sud avant les réunions du G7, auxquelles les présidents des économies émergentes étaient invités.

Dans ce contexte, Lula a été acclamé lorsqu’il a critiqué l’hégémonie du dollar dans l’économie mondiale et le rôle des institutions financières internationales dirigées par le Nord global.

« Une banque de développement doit avoir plusieurs fonctions, et non une seule. Tous les soirs, je me demande pourquoi tous les pays sont obligés d’adosser leurs échanges au dollar. Pourquoi ne pouvons-nous pas commercer en utilisant notre propre monnaie ? Un président ne peut pas gouverner avec le couteau sur la gorge », a-t-il défendu, en faisant référence aux conditionnalités imposées par des institutions comme le Fonds monétaire international (FMI).

Qu’attendre de cette visite d’État ?

Lula s’est rendu en Chine avec une importante délégation composée de 19 députés fédéraux, sept sénateurs - dont le président du Sénat, Rodrigo Pacheco - cinq gouverneurs et sept ministres, dont Fernando Haddad, ministre des finances, Marina Silva, ministre de l’environnement, et Paulo Teixeira, ministre du développement agraire et de l’agriculture paysanne.

La délégation comprend également des représentants des centrales syndicales et du Mouvement des travailleurs ruraux sans terre (MST). L’une des membres de la commission était la députée fédérale Jandira Feghali, du Parti communiste du Brésil (PCdoB), qui, dans un entretien avec Brasil de Fato, a déclaré que ce voyage était fondamental pour les objectifs de réindustrialisation du pays.

« Il est nécessaire que le Brésil élabore un projet de développement national, qu’il renforce son industrialisation et qu’il crée de l’emploi. Le Brésil ne peut donc pas se dispenser de mener de grandes négociations et de conclure des accords avec un pays comme la Chine, qui est à la pointe dans les domaines de l’innovation, de la science et de la technologie », a déclaré la députée.

Lors de sa première journée dans le pays, le président est également allé sur le site de Huawei et il a rencontré des dirigeants d’autres entreprises. la réunion au siège de la Nouvelle Banque de Développement, Lula et une partie de sa délégation se sont rendus au centre d’innovation de Huawei à Shanghai. Parmi les personnes présentes, le gouverneur de Bahia, Jerônimo Rodrigues, du Parti des travailleurs du Brésil (PT), qui se trouve en Chine depuis la fin du mois de mars, alors que la visite d’État avait due être annulée en raison d’une légère pneumonie du président.

Lors d’une visite à Huawei, Lula a utilisé des lunettes de réalité virtuelle (Photo : Divulgação/Ricardo Stuckert/PR)

La semaine dernière, le gouverneur a signé un protocole d’accord avec l’entreprise afin de multiplier les accords entre l’État et le géant technologique dans des domaines allant de l’éducation à la sécurité publique.

Lula a également rencontré des dirigeants de BYD, le fabricant de voitures électriques qui a dépassé Tesla en termes de ventes l’année dernière, et de China Communications Construction Company (CCCC), un géant de l’infrastructure appartenant à l’État chinois.

Le vendredi 14 avril, Lula et son équipe ministérielle rencontreront Zhang Zhigang, le président de l’entreprise publique d’énergie State Grid, qui fait partie des entreprises susceptibles de participer aux principaux accords qui seront signés.

Le programme se poursuit par une rencontre avec le président de l’Assemblée nationale populaire de Chine, Zhao Leji, au Grand Palais de l’Assemblée du Peuple, et une cérémonie de dépôt de fleurs au Monument aux Héros du Peuple sur la place Tiananmen, la place de la Paix céleste.

Dans l’après-midi, avant la rencontre prévue avec son homologue Xi Jinping, Lula rencontrera des représentants de la Fédération des syndicats de Chine et le Premier ministre chinois Li Qiang

Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva serre la main du président chinois Xi Jinping après une cérémonie de signature qui s’est tenue dans le Grand Hall du Peuple à Pékin, en Chine (Image : Reuters)

Cet article a d’abord été publié en portugais sur le site Brasil de Fato.

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