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D’après Reporterre du 8 Février 2023

Le ski, le ras-le-bol des écologistes

Par Bruno BOURGEON

mercredi 12 avril 2023, par JMT

Le ski, le ras-le-bol des écologistes

Canons à neige en fonctionnement par manque de neige dans la station de Peyragudes (Pyrénées), le 5 janvier 2023 - © AFP / Charly Triballeau

Le 4 février 2023, la zone A a inauguré les vacances d’hiver. Comme chaque année, des milliers de personnes vont dévaler les pentes enneigées des Alpes ou des Pyrénées. Une activité de niche. Et de riches, ou du moins d’aisés.

À peine 10% des Français pratiquent le ski alpin une fois par an. Une activité coûteuse : de 126€ à 378 € de forfait hebdomadaire . Ce loisir d’une minorité est ainsi de plus en plus contesté.

Alors que les modèles climatiques prévoient une réduction de l’enneigement à basse et moyenne altitude entre 10% et 40% en 2050 , beaucoup de stations continuent leur politique du tout ski et usent de canons à neige. Des équipements, symboles de cette fuite en avant, ont été pris pour cibles ces dernières semaines.

Plusieurs d’entre eux ont été sabotés aux Gets et à La Clusaz , en Haute-Savoie.

La Suisse est également touchée dans les Diablerets, ainsi qu’à Verbier, dans le Valais. Ces actes ont été revendiqués : « Pendant que la confédération [le gouvernement suisse] nous dit d’arrêter de préchauffer nos fours, la bourgeoisie crache au visage des 99% restants et proclame ses divertissements écocidaires hivernaux comme étant un droit ».

Les écologistes sont-ils devenus les ennemis du ski, comme s’inquiète La Dépêche du Midi dans son édition du 17 Janvier 2023 ? Pour faire tourner les canons à neige, il faut bien sûr de l’électricité. Mais aussi de l’eau, beaucoup d’eau : 4000 m3 à l’hectare . Soit environ 1,5 piscine olympique.

Une eau que les stations vont pomper dans les retenues collinaires. Le domaine de La Clusaz possède quatre réservoirs et souhaiterait en construire un cinquième sur le plateau de Beauregard . C’était sans compter la lutte des militants écologistes, qui ont lancé une zad et obtenu la suspension des travaux.

« Ce projet de retenue d’altitude incarne la mal-adaptation des territoires de montagne au changement climatique . Miser uniquement sur un prélèvement accru de la ressource en eau pour faire perdurer le loisir du ski sans rechercher d’alternative, le tout en sacrifiant zones humides, faune, flore et espaces d’exception dont la destruction est irréversible et inacceptable », ont écrit les militants .

Après un été caniculaire et une sécheresse exceptionnelle, l’utilisation d’une ressource de plus en plus rare pour le plaisir de quelques-uns est sujet de discorde. Face à la contestation, les Domaines skiables assurent faire leur maximum pour économiser l’eau.

Mais cette neige de culture n’a pas seulement des conséquences sur l’hydrologie des sommets. En compactant le manteau blanc, les dameuses diminuent le pouvoir d’isolation thermique de la couche neigeuse. Et perturbent la faune et la flore qui vivent à l’intérieur de cet écosystème fragile appelé le subnivium .

La production de flocons n’est pas le seul sujet de contestation. Plusieurs projets d’infrastructures pourraient bétonner certaines vallées, comme de nouvelles remontées mécaniques ou de nouvelles résidences touristiques. Des collectifs s’opposent notamment au troisième tronçon de téléphérique à La Grave dans les Écrins , la restructuration du domaine skiable de Rochebrune-Megève ou encore la construction d’un Club Med à Valloire .

Les liaisons de Savoie entre les domaines de Valfréjus et Valmeinier, des Karellis et d’Albiez-Montrond ainsi que l’extension des domaines d’Aussois et de Val-Cenis sont à l’arrêt , à la suite de recours juridiques.

Toutes ces infrastructures pensées pour continuer une politique du tout ski interrogent. Les Alpes se réchauffent 2 fois plus vite que le reste du territoire. L’or blanc va devenir de plus en plus rare et sans lui, ni ski ni touristes. Durant la pandémie de Covid, où les remontées mécaniques étaient fermées, la fréquentation des stations a chuté de 70%.

« Pourtant, beaucoup d’activités fonctionnaient : la randonnée, les raquettes, la luge. Mais elles n’ont pas le pouvoir d’attraction du ski alpin. Sans lui, personne ne vient en station », assure Laurent Reynaud.

En temps normal, les 250 stations de ski françaises drainent chaque année 10 milliards d’€ de dépenses, réalisées par 10 millions de touristes, dont 25% d’étrangers. Ce qui place la France au troisième rang mondial derrière l’Autriche et les États-Unis. 18000 salariés travaillent dans les domaines skiables.

Une poule aux œufs d’or que personne ne souhaite tuer. D’autant que le développement des stations dans les années 1960-1970 avec les différents plans neige a permis d’enrayer l’exode rural . Depuis cette époque, l’imaginaire de la montagne est saturé d’images de skieurs dévalant d’immenses pentes blanches sur fond de sommets enneigés.

« On entend souvent que toute l’économie serait tournée vers le ski. Or la montagne, ce n’est pas que des stations dont le modèle industrialisé a atteint ses limites. Il faudrait désormais la considérer comme une cathédrale de la nature dans laquelle on irait se recueillir et vivre une expérience », poursuit Vincent Neirinck, de Mountain Wilderness.

Beaucoup de domaines préparent déjà leur reconversion, comme Métabief ou Puigmal . « Il ne s’agit pas de faire du ski bashing, mais de se confronter aux nouveaux défis sans se cacher éternellement derrière des canons à neige », conclut Vincent Neirinck.

Bruno Bourgeon, président d’AID http://www.aid97400.re

D’après Reporterre du 8 Février 2023

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