Doit-on nommer les vagues de chaleur ?

Doit-on nommer les vagues de chaleur ?

La canicule favorise les incendies en forêt

37°C à Toulouse, 34°C à Bordeaux... alors qu’une vague de chaleur précoce et exceptionnelle s’est abattue sur la France, des climatologues appellent à donner un nom à ces canicules. Le but : marquer les esprits et sensibiliser le grand public, comme c’est aujourd’hui le cas pour les dépressions telles l’ouragan Katrina ou la tempête Irma. Le spécialiste Serge Zaka a ainsi lancé un sondage pour trouver un nom à la canicule qui frappe l’Hexagone en ce moment

Katrina, Irma, Sandy, Mitch… Les tempêtes et les cyclones portent depuis des années des prénoms. Nommer les dépressions a un double objectif : faciliter leur identification dans les messages d’alerte, explique l’Organisation météorologique mondiale, mais également permettre aux médias de présenter plus facilement des comptes-rendus, susciter un plus grand intérêt pour les alertes et améliorer l’état de préparation des communautés. Si cette pratique est désormais courante pour ces phénomènes extrêmes, les vagues de chaleur, elles, sont anonymes.

Ainsi Katrina permet d’identifier immédiatement l’ouragan qui a détruit en partie La Nouvelle-Orléans et le Sud-Est des USA. Sans patronyme, les canicules ne sont pas marquantes pour le public. Serge Zeka, docteur en agrométéorologie, très actif sur Twitter, a lancé un sondage pour nommer la vague de chaleur de la semaine dernière.(https://www.novethic.fr/actualite/environnement/climat/isr-rse/une-plume-de-chaleur-va-s-abattre-sur-la-france-signe-du-changement-climatique-150846.html ).

« Comment souhaitez-vous nommer la vague de chaleur, potentiellement historique, prévue la semaine prochaine ? », a-t-il demandé aux internautes le 12 juin. Balrog, le démon de feu de J.R.R Tolkien, Sheitan le diable issu du Coran, Belzébuth le démon d’enfer ou encore Cerbère le chien à trois têtes, gardien des enfers. Des noms qui marquent. C’est avec Lucifer que les Italiens ont surnommé la canicule qui les a frappés en août 2021. Résultat : des articles de presse dans le monde entier pour évoquer les « flammes de Lucifer » ou la « chaleur diabolique » qui brûlait Rome.

En Grèce, les scientifiques ont mis la question sur la table. Alors qu’en août 2021, le pays a été confronté à des températures extrêmes, attisant des incendies de forêt et renforçant la sécheresse, les chercheurs de l’Observatoire national d’Athènes ont eux aussi demandé à donner un nom à ces phénomènes.

Quant à la France, pour l’instant, la question n’est pas à l’ordre du jour. C’est en effet Météo-France qui nomme aujourd’hui les tempêtes. En juin 2020, le climatologue Christophe Cassou avait lancé cette idée. Il écrivit : « La France s’apprête à subir cette semaine sa première vague de chaleur. (…) Comme on nomme les tempêtes hivernales, ne pourrait-on pas baptiser les canicules plus récurrentes, afin de les différencier ? » L’idée fait son chemin.

L’économiste Maxime Combes vient ainsi de rebaptiser sur Twitter la vague de chaleur actuelle « canicule TotalEnergies n°1 ». Parce qu’elle est l’une des principales multinationales françaises, qu’elle continue à investir massivement dans les énergies fossiles et qu’elle est un acteur majeur du lobbying anti-climatique en France et en Europe, TotalEnergies incarne parfaitement une part conséquente de la responsabilité des catastrophes climatiques.

Un choix qui ne fait pas l’unanimité, du fait de probables problèmes juridiques. Les occasions ne devraient en tout cas pas manquer. Avec le réchauffement climatique, les vagues de chaleur se multiplient et s’intensifient. Depuis les années 90, elles ont déjà été multipliées par 3 voire 4.

Bruno Bourgeon http://www.aid97400.re

D’après Novéthic du 15 Juin 2022

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