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La physique est une science dure, inébranlable

L’équation finale incontournable

Par Bruno Bourgeon

mardi 12 juillet 2022, par JMT

L’équation finale incontournable

Equation finale

C’est la suivante : Réchauffement climatique + Limitation de la ressource énergétique = Effondrement. Inébranlable, indéfectible, contre laquelle on ne peut rien. Finale car elle pourrait signifier rien de moins que la fin de l’espèce humaine, ou au moins de notre civilisation industrielle. Voici pourquoi.

L’effet de serre a été découvert par le physicien Joseph Fourier en 1824. Quatorze années plus tard, un autre physicien français, Claude Pouillet, identifia les deux principaux gaz qui en étaient à l’origine : la vapeur d’eau et le CO2. Il en déduisit que toute variation du CO2 dans l’atmosphère faisait varier le climat.

A la fin du XIXème, Svante Arrhenius, un physicien suédois, donna un ordre de grandeur à cet effet de serre : passer de 280 à 560 ppm (parties par millions, soit ml par m³) conduirait à une élévation moyenne de la température de surface de l’ordre de +4°C. C’est un peu plus que les calculs actuels, mais l’ordre de grandeur était le même. A cette époque, le charbon était roi : Arrhenius avait donc prédit que l’ère des combustibles fossiles conduirait au réchauffement climatique.

Le carottage des glaces et des fonds océaniques ont fait considérablement évoluer ce diagnostic. Ces techniques ont permis de s’apercevoir qu’il y a 22000 ans, régnait une ère glaciaire, et que le réchauffement, 10000 ans plus tard, permit l’essor de l’agriculture, donc la sédentarisation puis l’urbanisation : notre civilisation est directement la fille de cette progressive évolution.

+4 à +5°C en 10000 ans a suffi à faire fondre 3 km d’épaisseur de glace qui couvrait la totalité de l’Europe du Nord, du Canada, ce qui éleva la surface océanique de 120 m, ce qui fit passer la végétation européenne d’une steppe famélique permettant la survie de quelques centaines de milliers d’individus à d’abondantes forêts boréales qui furent ratiboisées pour cultiver nos terres et nourrir une population mille fois plus nombreuse de nos jours.

Quelques degrés en un siècle seraient une transition de même ampleur que la déglaciation, mais 100 fois plus rapide : la même différence entre un arrêt brutal d’une voiture à 100 km/h contre un mur et un arrêt en quelques secondes par un freinage un peu violent. Dans le premier cas, on est mort ; dans le deuxième, juste un peu secoué.

Comprenant cela, la communauté scientifique, réunie pour la première fois en 1988 sous l’acronyme GIEC, suivie de la CCNUCC (Convention Cadre des Nations Unies sur le Changement Climatique) n’a eu de cesse de nous alerter sur les dangers de l’expérience grandeur nature que nous avons initiée avec le climat. Rien n’y fit ni n’y fait encore ! Même : plus les discours sont alarmistes, plus les émissions de GES augmentent !

C’est simplement que la cause de ce changement climatique est une drogue dure : l’abondance énergétique, rendue possible grâce aux énergies fossiles. Elles ont mis à notre disposition une armée d’esclaves mécaniques :
- en faisant diminuer l’emploi agricole : tracteurs, usines d’engrais et de phytosanitaires, tandis que la production augmentait ;

- en vidant les campagnes, l’énergie fossile a créé les villes, avec des aciéries, des cimenteries, des grues et des camions ;

- avec l’industrie, des machines et encore des machines, qui met à notre service des dizaines de millions de produits différents, pour des prix toujours plus modiques : le pouvoir d’achat sacro-saint.

Ainsi, 40 m² d’espace habitable chauffé par Occidental ; les jeux du cirque au sein du foyer (la télévision et les écrans) ; les voyages aux quatre coins du département, puis du pays, puis du monde ; l’allègement des corvées domestiques = l’électro-ménager ; l’hôpital moderne ; la marine marchande ; l’aviation, les transports routiers et ferroviaires ; les réseaux de télécommunications, ont fini de mondialiser l’économie.

L’abondance agricole (les machines), la prophylaxie (les réseaux d’eau potable), ont allongé l’espérance de vie. Les machines ont permis de se libérer du travail physique, nous autorisant aussi les vacances, les études, les emplois de bureau, et les retraites. Partout, les machines ont déformé de la même manière notre activité et nos modes de vie.

Et ce sont ces énergies fossiles qui ont commencé à « détraquer » le climat. Les nouvelles formes d’énergies, dites renouvelables, « non carbonées », comme l’hydro-électricité ou le « nucléaire » ne fournissent que 20 % de nos besoins énergétiques. Le même pourcentage qu’en 1974.

Or l’abondance énergétique que nous connaissons s’est faite grâce à la « sortie » des énergies renouvelables, qui étaient les seules disponibles il y a deux siècles. L’ère industrielle n’est née que lorsque nous avons compris comment mettre à notre service les énergies fossiles, grâce à la machine à vapeur et au moteur à combustion interne, à la puissance incomparable. C’est cela l’énergie : ce qui a tout changé dans le monde qui nous entoure, et qui est invisible et inaudible dans notre quotidien.

Revenons au changement climatique : pour limiter le réchauffement à +2°C, il va falloir apprendre à nos machines à se passer de l’essentiel de leur nourriture. Impossible, dira-t-on. Puisque rien n’a pu être fait, pourquoi en irait-il différemment dans le futur ? Parce que nous décelons désormais une seconde raison, qui ne dépend pas de notre seule volonté. Ces énergies fossiles sont non renouvelables (mais aussi les minerais, tout ce que nous extrayons de la lithosphère), ce qui fait penser que leur extraction passe par un maximum pour décliner ensuite.

C’est aussi vrai pour le pétrole, que pour le gaz, ou que le charbon (dans une chronologie un peu plus lointaine). Mais notre approvisionnement en pétrole va être rapidement contraint. Et pas seulement à cause des épisodes martiaux comme en Ukraine. Et ce déclin attendu et redouté ne saura être compensé par les énergies renouvelables. C’est un pari dont la physique nous dit que nous sommes sûrs de le perdre.

Le nucléaire ? Pas mieux votre Honneur. Il lui faut un environnement géopolitique stable, cela n’en prend pas le chemin. Même avec de gros efforts, l’énergie nucléaire civile ne pourra remplacer le déclin du pétrole. Car les usages ne sont pas les mêmes.

Donc, avant, les ennuis étaient pour plus tard. Désormais, ils le sont pour tout de suite. Ce calendrier nous poussera peut-être (enfin ?) à agir. Le dealer de nos drogues addictives manquant de cette ressource, c’est peut-être le coup de pied au derrière qu’il nous faut. Alors comment faire ?

- La croissance économique nous a conduit dans ce mur, ce n’est pas la solution.

- La décroissance voulue, consentie, la sobriété, oui, mais… Personne ne s’est posée la question de combien d’ouvriers automobiles, de boulangers, d’éleveurs (et combien de têtes par éleveur), d’employés de sécurité sociale il nous faudra quand la puissance de nos auxiliaires mécaniques diminuera.

- Les plans ne sont pas d’un grand secours. L’astuce de la « croissance verte » n’est qu’un leurre à gogos. On ne pourra développer l’économie du développement des nuisances y associées : une croissance durable dans un monde à zéro émissions de GES, sans pollution, sans empreinte matière, sans empreinte au sol, ce n’est pas physiquement (au sens scientifique) possible. Et la physique est une science dure, inébranlable.

Sommes-nous condamnés à l’effondrement ? Il semble bien… Alors préparons-nous à celui-ci, et cessons de croire en ces gourous médiatiques et politiques qui ne cessent de mentir et de fermer les yeux sur l’inéluctabilité des choses.

Bruno Bourgeon http://www.aid97400.re

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